Nous marchons en silence. Je reste à une bonne distance de lui. Ne sachant même plus comment l'appeler, je remplace désormais son prénom par des insultes.
- Rafael hein ? Je lance sèchement. C'est ton vrai prénom où tu mens encore là-dessus ?
- Je m'appelle Rafael. Il répond. Rafael Torres.
Pff. Je suis bête de ne pas m'en être douté. Ce con m'avait dit venir du Mexique. Mais bon, il faut croire que mon instinct se perd dans ses mensonges.
Il s'arrête soudainement et j'en fais autant. Il plonge son regard dans le mien, mais je ne cède pas.
- Pourquoi est-ce qu'on s'arrête ? Je demande.
- Je te jure que je n'allais pas appuyer sur la gâchette.
- Garde ces mensonges pour quelqu'un d'autre...
- C'est même moi qui ai appelé les flics. Je... Je me suis mis en danger pour te sauver Avery.
Des goutes de pluies commencent à s'écraser sur mon crâne. Toujours au meilleur moment décidément...
- Je m'en fiche. Je réponds simplement.
- Tu sais que je n'aurai jamais fait ça.
- Justement, je ne te connais plus. T'es qu'un étranger depuis le début, mais tu as si bien joué le jeu que je ne m'en suis pas rendue compte.
Il apporte une main au creux de mon cou. Je frissonne, mais grince des dents:
- Enlève ta main.
- Je ne t'aurai jamais tué. Je suis pas comme ça... Pas en ce qui te concerne.
Son visage se retrouve bien trop près du mien. Peut-être que la Avery raide dingue du beau mexicain face à moi serai tombée dans ses bras, et l'aurai embrassé avec passion. Ce regard tendre, ces gestes doux et innocents, tout simples, ils m'auraient fait craquer. Mais les mauvais souvenirs sont encore bien trop frais dans ma tête. Un dessin de son regard sans une once d'émotion, sa main tenant l'arme avec assurance, est maintenant tatoué à l'ancre noir dans mon cerveau. Et peut-être que je ne m'en débarrasserai jamais.
- Je te l'ai dit. C'est terminé. Dis-je avant de retirer violemment sa main.
Je me retourne et mon regard s'arrête vers un chalet non loin.
- C'est quoi ça ? Je demande.
- Viens. Dit-il.
Il s'avance vers le chalet et je le suis. Il est vexé. Je le vois. Mais nous savons tous les deux que ce qu'il peu ressentir n'est absolument pas comparable à ce que je peux ressentir. Je m'étonne même d'arriver à prendre la parole maintenant, alors qu'il y a quelques heures, un mutisme infernal m'habitait.
Lorsque nous arrivons devant le chalet, je me souviens que je n'ai pas mon téléphone. Il est hors de question que je le laisse me tuer comme ça. Il faut au moins que les gens sachent plus tard qui est le criminel ici.
- Quoi ? Demande l'imbécile devant moi.
- Mon téléphone. Dis-je.
- Tu peux utiliser le mien.
Son regard plonge dans le mien quand il écarquille les yeux:
- À moins que tu n'aies pas assez confiance pour ça.
Je m'avance vers lui non sans lui lancer un regard froid:
- Je n'ai plus confiance en toi.
Il ne répond rien. La seule question que je me pose, c'est quand est-ce que je pourrai rentrer chez moi. Quand pourrais-je revoir mon père ?
Au point où j'en suis, je pourrai même fuir au Texas le rejoindre. Il n'y a pas grand chose qui me retient ici. Si ce n'est qu'Ava. Mais elle nous rejoindrai. J'en suis certaine.
Ava... J'aurai aimé avoir des explications sur tout ça. Elle me les aurai donné, je n'en doute pas. J'ai tout de même l'affreuse sensation d'avoir été trahie par tout le monde. Pourquoi ces gens voulaient tant voir mon père ? Est-ce que ça a un lien avec son départ soudain pour le Texas ? Et Ava, depuis quand est-elle une meurtrière ?
Lorsque j'entre dans le chalet après K... L'autre, mon regard parcourt les lieux. Ce n'est pas spécialement grand. Mais plutôt chaleureux.
Il y a un petit salon, une cuisine à côté, une baie vitrée laissant voir une petite terrasse sous l'obscurité. Ouais, c'est jolie. Et propre.
- C'est quoi cet endroit ? Je demande alors que mes doigts parcourent le bois propres des murs.
- C'est chez moi.
Surprise, je dépose mon regard sur le brun qui retire ses chaussures. C'est vrai, il a bien l'air d'être chez lui.
- T'étais ici... Pendant tout ce temps ?
Je parle évidement de ce temps où j'étais retenue prisonnières chez ces psychopathes décérébrés.
Il baisse les yeux mais ne répond pas, se contentant d'esquiver ma question pour dire:
- Si tu veux te doucher, la salle de bain est dans la deuxième porte à gauche du couloir.
Il s'éloigne vers la baie vitrée et rejoint la terrasse. J'ai presque envie de rire. Je pourrais m'enfuir, là, maintenant. Je ne sais même pas ce qui me retient de le faire. Je veux juste... Un téléphone.
Résignée, je finis par me rendre vers la salle de bain qu'il m'a indiqué. Je marche dans le couloir sombre où flotte l'odeur du traître. Je la reconnais, parce qu'après les nuits passées dans ses bras, impossible de ne pas reconnaître son parfum. Si auparavant, cette odeur me rendais folle de lui, maintenant j'ai juste envie de bomber ce couloir de désodorisant. Son odeur me serre le cœur, laissant les regrets en déborder.
La salle de bain est moyennement grande. Une douche simple, un petit lavabo et des meubles où poser des vêtements.
Je retire mes vêtements, et lorsque mon regard croise mon reflet dans la glace, je suis prise d'un haut-le-cœur. Ma peau meurtrie laisse place à une tonne de plaies encore présentes. Des bleues, des taches de sang séché. Je refoule mes larme, déglutis, et vais sous la douche.
Je referme la petite portière vitrée et teintées. Lorsque l'eau caresse ma peau, je soupire de soulagement et suis déjà plus apaisée.
Plus j'y pense, et plus je me rends compte d'à quel point la situation était ironique. Mon garde du corps était le danger lui-même... J'ai presque envie de rire.
Quelle conne !
Je lui ai donné tant de confiance en si peu de temps que c'en est frustrant. Depuis quand suis-je si faible ?
Puis, je chasse les souvenirs agréables de nous-deux de mon esprit, laissant place à ses paroles de tout à l'heure. Il voulait m'expliquer quelque chose. Étant donné la situation, il serai plus logique de chercher un moyen de fuir. Mais... J'ignore pourquoi, quelque part au fond de moi, j'aimerai l'écouter. Je... Je ne veux pas savoir s'il me ressortira des mensonges, ou des part de vérités parmi d'autres mensonges... Mais j'ai encore cette impression de passer à côté de quelque chose.
Tout ça n'a pas de sens.
Lorsque je termine ma douche et glisse la petite portière teintée pour en sortir, mon regard se pose immédiatement sur les vêtements pliés proprement. Ce sont ses vêtements...
Je pousse un soupire résignée et les prends. Il a quand même réussi à trouver le moyen d'entrer sans que je ne l'entende. Au moins cette fois il n'aura rien vu.
J'attrape le gros sweat et le déplie. Ce n'est pas comme si j'avais le choix.
Mais en tout cas, je reste curieuse. J'ai beau lui en vouloir au point de ne même pas pouvoir le regarder en face... Cette curiosité croît en moi. Et quelque part, je suis certaine que ce qu'il aura à me raconter aura un lien avec mon père.
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This Body Guard
RomanceAvery Green est l'adolescente superficielle, riche et un peu farfelue dont les gens tirent ce qu'ils veulent à l'aide d'un simple sourire. Mais même si elle n'en a pas l'air, Avery sait voir l'hypocrisie dans ce qui est recouvert de bonté. Sa vie s...