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Une semaine plus tard, me voici dans la chambre de mon beau brun, le regardant ranger ses affaires à la va-vite dans sa valise.

- Je suis sûr que j'ai oublié un truc... Je le sais.

- Mon bisou peut-être ?

Il ignore ma remarque et quitte la pièce. Je soupire et me laisse tomber mollement sur le lit.

Je suis encore en pyjama alors que lui est tout habillé. Quand je me suis réveillée et que je l'ai vu déjà vêtu de son sweat gris et de son jean, j'ai eu un pincement au cœur. Ça me rappelait qu'il s'en allait. Et je n'avais vraiment pas besoin de ça.

Il est bizarre depuis ce matin. D'un côté, le voir si pressé me donne l'impression qu'il a hâte de rejoindre le Mexique. Mais d'un autre... On dirai que ça l'effraie. Dans les deux cas, ça me déchire le cœur. Car dans les deux cas... Il s'en va. Et moi, je resterai ici.

Nous n'avons pas beaucoup parlé de son départ depuis la soirée au lac. J'ai juste accepté son idée de passer le plus de temps possible ensemble. Toute la semaine, il est venu me chercher après les cours. Nous avons mangé ensemble à maintes reprises, nous avons beaucoup marché ensemble aussi. Les choses se sont embellies encore plus entre nous. Mais malheureusement, ça n'aura pas grandement servi. Car dans tous les cas...

Il s'en va.

- Avery !? Il m'appelle.

Je grogne avant de me redresser:

- Oui ?

Il revient dans la chambre, son t-shirt blanc taché de sauce à la main. Je souris lorsque je me souviens que je l'avais porté hier lorsque nous mangions chinois en regardant The Baby-sitter Killer-queen.

- Oups... je murmure en réprimant un sourire.

- Et comment je fais, hein ? Je dîne avec de la famille demain et je comptais le mettre je... J'ai rien de plus classe putain...

Je me retiens comme je peux de rire. Il s'énerverait encore plus.

- Tu sais quoi ? Garde-le. Il marmonne en me jetant le haut à la figure.

Je m'en empare, et observe la tâche. Elle n'est pas si voyante.

- C'est carrément lavable tu sais ?

Mais il est déjà sorti. Il a beau m'amuser, ce Rafael n'est pas mon amoureux. J'ai l'impression que je commence déjà à le perdre, et ça me fait vraiment mal. J'essaie de rester la plus optimiste possible. Je ne veux pas que nous nous quittions dans une mauvaise ambiance, hors c'est ce qui arrivera si je me montrais aussi irritée que lui actuellement.

***

À l'aéroport, nous attendons l'heure de l'embarquement, assis dans la salle d'attente. Ma main dans la sienne et nos doigts entremêlés ensemble, je laisse tomber ma tête sur son épaule, mais il ne réagit pas. Ça fait une heure que nous sommes assis là, et il est raide comme un piquet. Je ne supporte pas ces ondes négatives qui nagent entre nous.

Je me penche un peu plus pour déposer des petits baisers dans son cou. Il soupire:

- Arrête...

Je ferme les yeux pour retenir les larmes qui veulent soudain couler, et retire ma tête de son cou. Je me rends seulement compte que quelques minutes nous séparent de nos aux revoir, et que quelques heures nous séparent du moment où il m'appellera pour m'annoncer être arrivé chez lui.

Je sens mon ventre se tordre. Je ne sais pas ce qui est le plus douloureux; le fait qu'il s'apprête à partir où le fait que je ressente déjà son absence.

Je retire ma main de son emprise et croise des bras sur ma poitrine. S'il veut de la distance, alors je suis prête à lui en laisser. De toute façon, il en aura de la distance quant il sera au Mexique.

- T'es pas obligée de te fâcher. Il grommelle.

- Dit-il.

Je ne le regarde pas, trop préoccupée et triste pour ça. Il n'a même pas l'air de se rendre compte qu'une fois parti, toute cette semaine, tous ces efforts que nous auront fait, tout ce que nous avons traversé ne sera plus rien.

Il passe soudain son bras autour de mon cou et me tire contre lui. Je lève les yeux au ciel:

- À quoi tu joues, sérieux ? Je demande, exaspérée.

Il dépose un baiser sur mon front avant de dire:

- Pardon.

Je ne réponds pas. J'espère simplement qu'il sait pourquoi il s'excuse exactement.

- J'étais pas bien... dit-il. C'est juste... Ce voyage. Ça me stresse un peu.

- Un peu hein ?

- Un peu beaucoup, oui.

- Je croyais que tu étais content de rentrer voir ta famille.

- Oui mais... il soupire et laisse tomber sa tête contre la mienne, il y a toi.

Je réprime un sourire, ce qui est en total contradiction avec mon cœur qui se serre.

- J'aurais vraiment voulu que tu viennes avec moi.

- Moi j'aurais vraiment voulu que tu restes.

Il rit:

- T'es vraiment...

- Conne ? Bête ?

- J'allais dire, insistante. Mais oui, ça aussi.

Je lui donne un coup sur les cotes, mais ça le fait plus rire qu'autre chose.

- Quel genre de mec parle aussi mal à l'amour de sa vie ?

Il hausse des épaules, puis se redresse pour déposer un baiser sur ma joue.

- Je ne vais pas changer ma façon de parler, et ce, même si je t'aime comme un dingue.

Je ne peux m'empêcher de sourire.

- J'espère que tu t'attends à ce que j'en fasse autant. Même si moi aussi, je t'aime comme une dingue.

Il esquisse un adorable sourire avant d'écraser ses lèvres sur les miennes. Notre baiser est doux. Il transmet tellement que ça me donne envie de pleurer. De le supplier de rester. De l'emmener de force avec moi loin de cet aéroport

- Je ne veux pas que tu t'en ailles. Dis-je en rompant le baiser.

- Je sais...

- Non. Je le coupe. Tu ne sais pas. Tu ne sais pas à quel point j'ai besoin que tu restes. C'est la première fois que je donne mon cœur à un garçon et il faut qu'il s'en aille avec.

- D'accord la poète. Rit-il. Déjà, on va se revoir. Le Mexique n'est pas bien loin. Et ce n'est pas la fin.

- Tu sais très bien que la distance changera tout.

- Oui, la distance changera beaucoup, mais c'est comme ça. Toi et moi, on a fait face à des choses qui nous dépassaient totalement et regarde: on est là, ensemble. Et je t'aime toujours. Alors cette distance n'est rien à côté de nous.

Je ferme les yeux, laissant mes larmes couler et dépose ma tête sur son épaule:

- J'ai tellement envie d'y croire. Je murmure. J'ai envie de croire que ça tiendra. Mais je sens que non. Je... Je le sens mal.

Il resserre affectivement sa pression sur mon bras:

- Alors je ferai en sorte d'y croire assez pour nous-deux.

This Body GuardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant