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- Oh, salut !

   Allongée sur son lit d'hôpital, Willow me sourit de sa mine douce et accueillante.

   Son bras est recouvert d'un bandage et plusieurs parties de son corps sont reliés à des machines. Ces bruits incessants, cet ambiance froide... Je ne supporterais jamais d'être ici. Et égoïstement, je suis soulagée de ne pas être à sa place. Même si j'aurais donné beaucoup pour la sortir de là lors de cet incendie.

- Ça va ? Je demande en m'avançant vers elle.

- Ouais. Mon bras n'a pas été épargné... Mais je vais bien.

- Tu t'es brûlé le bras Willow...

- Moh, je préfère ça à mon visage.

   Je me retourne pour voir si Kaiden est toujours là. Il semblerait que non. Il est resté devant la porte, et tant mieux.

- J'ai entendu dire que tu avais voulu venir me chercher. T'es vraiment folle ! Dit-elle.

   Je baisse les yeux, ne sachant pas quoi dire. Je me contente de lui offrir un sourire:

- Comment pouvais-je laissé un si beau visage entre les flammes !?

   Elle sourit, mais son sourire s'efface lentement.

- Ça me touche. Vraiment. Elle baisse les yeux et des larmes quittent ses yeux. Je crois qu'à ce moment-là, je me suis rendue compte d'à quel point j'étais seule.

   Je fronce des sourcils.

- Quoi ? Mais t'es pas genre... La meuf la plus appréciée du lycée ?

   Elle secoue négativement la tête.

- Les gens n'en avaient que pour leur cul. Et... C'était dur à voir. Bloquée derrière les flammes, voir tout le monde se sauver, courir lâchement alors que... Que j'étais là à crier à l'aide... elle éclate en sanglot. Je peux comprendre que les gens aient peur pour eux mais, c'est toujours dur de voir les gens qui nous sont chers nous abandonner comme ça. 

   Je m'avance vers elle et passe un bras autour de ses épaules. Elle pleure, et mon cœur se serre encore plus.

Je te comprends Willow.

- Me brûler le bras c'est une chose. Mais me sentir si abandonnée c'est... elle renifle. C'est pour ça que je te serai éternellement reconnaissante d'avoir, ne serait-ce que pensé à me venir en aide.

   Je la lâche et pose mes mains sur ses épaules:

- C'est normal.

   Elle me sourit et essuie ses larmes. Finalement, la porte s'ouvre sur Jay et Kaiden. Jay s'avance vers Willow:

- Salut beauté. Dit-il avant de l'embrasser.

  Instinctivement, je m'éloigne légèrement. J'ai soudain un pincement au cœur, et je m'en veux de ressentir ça maintenant.

- Salut, euh...

- Avery. Reprend Willow.

- Ouais. Salut, Avery. Termine Jay.

   Je lui offre un simple signe de la main. Il repose son attention sur sa copine. N'y tenant plus, je soupire. Willow se sera sentie rejetée hier, je me sens rejetée constamment. Et je me déteste d'être jalouse d'elle. Particulièrement quand son bras est brûlé. Mais c'est tellement plus fort que moi.

- Je... Je reviens. Je mens.

   Elle me sourit pour toute réponse et je quitte la pièce, suivie de Kaiden.

- Hé ! S'exclame-t-il derrière moi.

- Pas maintenant Kaiden. Dis-je sèchement.

- Bah si, maintenant ! Tu vas me dire maintenant ce qui t'arrive. Ordonne-t-il.

   Je ris jaune:

- Pff. Pour qui tu te prends sérieusement ? Tu...

   Je me coupe lorsqu'il attrape mon poignet et me force à me tourner face à lui. Son regard plonge dans le mien avec intensité. Jamais je ne l'avais sentit aussi... Sérieux.

- Putain ce que t'es chiante. Il souffle.

- Qu'est-ce que je t'ai fait encore !? Je demande outrée.

   Il m'entraîne alors avec lui jusque l'ascenseur. Une fois à l'intérieur, tous les deux, je lutte pour ne pas le regarder. Mais je sens son regard brûlant sur moi.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? Il demande froidement.

   Je ne réponds pas. Il sait ce que j'ai. J'en suis certaine. Il sait que Jay ne me laisse pas indifférente. Il sait que Willow est mon amie.

   Lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrent dans le hall, nous nous rendons vers l'extérieur de l'hôpital. Une fois dehors, il attrape à nouveau mon poignet pour me forcer à me retourner face à lui.

- Aaargh ! T'es chiant à la f...

   Il me coupe en écrasant ses lèvres contre les miennes. Mon cœur se met directement à faire des folies dans ma poitrine alors qu'il dépose ses mains sur mes joues pour approfondir le baiser.

   Ses lèvres sont douces. Et les miennes en deviennent dépendantes. Mon cerveau a totalement quitté les commandes et mon cœur... J'ai l'impression qu'il vient d'apprendre à battre vraiment.

   Dans mon estomac, des bestioles battent des ailes avec excitation.

Un instant, nos fronts restent collés l'un contre l'autre, mais il laisse échapper un juron et se recule alors que son téléphone se met à sonner.

Non, non, non et non !

Comment ai-je pu laisser ça arriver ? Je... Qu'est-ce qui m'a pris !? Et lui aussi ! Pourquoi m'a-t-il embrassé ? Qu'est-ce qui lui a pris ?

Son téléphone sonne. Il s'en empare et décroche. Il me lance un furtif regard, puis se retourne. Est-ce que c'est mon père ?

- Allô ? [...] Oui. À l'hôpital. [...] Comment ? [...] Euh... Oui, oui. Mais, c'est que... [...], oui je vois. D'accord.

Il raccroche et se retourne vers moi:

- Bon, on bouge.

- C'était mon père ?

- On bouge, Avery. Dit-il les dents serrées.

Je fronce des sourcils, ne comprenant pas sa précipitation soudain. Il m'attrape le poignet et m'entraîne avec lui vers la moto. Mais je me détache de son emprise:

- Dis-moi d'abord ce qu'il se passe !

- C'était ton père. On doit partir.

- Où ça ?

- Bah, chez toi mongole !

- Mais pourquoi maintenant ? Il se passe quelque chose ?

Il soupire et plonge son regard dans le mien:

- Écoute, j'en sais foutre rien. Je ne fais qu'obéir.

   Il me fait alors signe de rejoindre la moto. Je soupire et décide de l'écouter. Mais mon père aura intérêt à me fournir une réelle explication.

Lui aussi d'ailleurs...

This Body GuardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant