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AVALONNE
Je suis réveillée par le son de mon téléphone qui sonne. Je grommelle et le sors de la poche de mon jean.

- Ouais ? Je réponds sans même avoir regardé le nom de mon interlocuteur.

- Avalonne Green, nous avons une requête pour vous.

Je me redresse instinctivement. C'est une voix robotisée. Lorsque je regarde l'écran de mon portable, je constate que c'est un numéro masqué.

Merde.

Je ferme les yeux et inspire un bon coup avant d'apporter mon téléphone à mon oreille:

- C'est qui ?

- Vous vous doutez bien que je ne répondrais pas à cette question. Êtes vous décidée à répondre à ma requête ?

- Ça dépend de quoi il s'agit.

- Un conseil, ne faites pas trop la maligne.

- Je suis plus maligne que le mot lui-même mon coco.

- Peu importe, ma requête est très simple. Votre père doit être à l'ancien parc de la ville dans deux jours, à une heure et demi du matin.

   Ce parc... Il n'est même plus fréquenté. Et à cette heure-ci, encore moins. Ces gens ont des intentions plus que dangereuses. Ça se sent à trente kilomètres.

- Je ne pense pas que ça va le faire.

- Minuit, ça vous convient mieux ?

- Non, non, non, je ricane, vous n'avez pas compris. Je me racle la gorge, il ne viendra pas.

Il rit à son tour. Je fronce des sourcils quand il reprend:

- Bien. Alors votre jumelle se fera un plaisir de payer pour lui.

Qu'est-ce qu'il vient de dire ?

- Je vous demande pardon ?

Soudain, un hurlement strident retentit. Ce n'est autre que la voix d'Avery. Je serres des poings et me lève. Je dévale les escaliers, recherchant ma sœur, mais elle n'est pas là. Je murmure un juron et me pince l'arête du nez. Je suis tellement nulle.

- Vous avez pas intérêt à toucher à ma sœur. Je menace, plus sérieuse que jamais.

- Minuit, pile. Elle sera là aussi si je suis d'humeur généreuse.

- Bande de...

- Oh, et bien sûr, il me coupe, c'est un échange que je vous propose là. Votre père, contre votre sœur et vous restez en vie. Bonne journée.

Enragée, je jette mon téléphone sur le sofa du salon. Je vais devenir folle. La situation dépasse totalement notre contrôle à présent.

Les larmes coulant abondamment sur mes joues je reprends mon téléphone et compose le numéro de papa. Je ne voulais pas qu'il constate la gravité des problèmes ici, mais je n'ai plus d'autres choix.

- Allô ? Il répond.

Je déglutis et ferme les yeux. Respire Ava... Il ne va pas te tuer. Avec un peu de chance... Je m'en sortirai avec un petit poumon en moins. Tranquille !

- Papa... C'est... Moi.

- Avalonne, qu'est-ce qu'il y a ?

Super... Je ne suis même pas capable de contenir mon stresse.

- C'est au sujet d'Avery. Je... Suis... Vraiment, vraiment désolée.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Je suffoque presque, incapable de parler convenablement.

- Avalonne, respire.

- Elle était là... Elle... Elle est juste allée ouvrir la porte à Kaiden et on m'a appelé. Ils... Ils ont Avery, s'il te plaît, ne m'en veux pas... je sanglote.

Il ne dit rien. J'ai peur. Tellement peur. Les choses commençaient à aller bien. Et puis ils ont envoyé leurs hommes ici à la recherche de ma sœur.

Je m'en croyais capable... Je pensais pouvoir la protéger. Mais bien sûr que non. Je ne suis même pas foutue de m'occuper de moi alors elle...

- Qu'est-ce qu'ils t'ont dit ?

- Ils veulent que tu reviennes. C'est toi contre elle.

Il ne dit plus rien, encore. Mon cœur se serre. Nous voici dans la situation que je craignais. Celle où je me retrouverai à devoir annoncer à mon père que sa vie à présent, serai en danger contre celle de sa fille.

- J'espère que tu as un plan. Dis-je d'une voix tremblante.

- Il faut que je réfléchisse. Nous devons étudier toutes nos possibilités.

- Il n'y en a pas des tonnes papa.

- Où veux-tu en venir ?

Je soupire:

- Soit on marche avec eux... Soit tu prends le même risque qu'il y a vingt ans, et tu mets d'autres vies en jeux. Je marque une pause avant d'ajouter, et je t'avoue que je ne trouve pas la deuxième option très alléchante...

- Avalonne... il m'interrompt. Est-ce que tu es en train de me demander de me livrer à eux ?

   Je soupire:

- On ne va pas laisser Avery là-bas. Il en est hors de question.

- Cela va de soit.

- Alors reviens. Je... Je ne supporte pas qu'autant de personnes soient mortes à cause de conneries pareilles.

- Qu'est-ce que tu insinues ?

- Quand... Quand tu m'as avoué pour ton désir de t'opposer à la mafia californienne, j'étais entièrement avec toi. Jusqu'à ce que j'apprenne la suite de l'histoire. Tu... Tu as laissé des gens mourir pour ton propre désir de victoire.

- Tu sais que ce n'était pas ma faute. Tu n'as en aucun cas le droit de parler de la sorte.

- Si, c'était de ta faute ! Ces gens avaient tous une famille ! Et le pire, c'est que des innocents sont morts dans ce champs de batailles. Tu as du sang pleins les mains et tu refuses toujours de t'en débarrasser.

- Parce que je dois mourir pour ça !?

- Peut-être qu'il serai temps oui !

- T'es complètement folle ma parole...

- Non, je suis juste ! Je voulais te rendre fier, mais j'en ai assez que des gens soient sacrifiés par ta faute. Et je refuse qu'Avery et moi soyons les prochaines victimes de ton égoïsme sans fin.

- Je ne me rendrais pas Avalonne. Jamais.

- Même si Avery crève ?

- Ça n'arrivera pas. Dit-il. Ton cas par contre est encore à méditer.

This Body GuardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant