Epilogue

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AVALONNE

« Va te faire foutre ».

C'est le 20ème « va te faire foutre » que j'envoie au numéro du fameux Rafael. Je le hais. Et lui envoyer ces messages me permets de faire redescendre la pression. Et puis de toute façon, il ne répond jamais.

Je vois mon père sortir de la chambre. L'ambiance de l'hôpital est terriblement macabre la nuit. Il y a moins de monde, les couloirs sombrent fichent la frousse et bizarrement, j'ai l'impression que l'odeur de l'hôpital est accentué à ce moment-là.

Mon père s'assied à côté de moi mollement. Ses cernes sont de plus en plus profondes chaque jours. C'est triste à voir.

- Je vais te prendre un café ? Je demande doucement.

Il secoue négativement la tête. Il passe ses nuits ici maintenant. Depuis qu'ils nous ont annoncé que le cas d'Avery n'était pas une cause perdue, il a un espoir infini. Mes le médecin est très hésitant au moment de nous sortir les bilans. Je sens chaque jours dans son regard une lourde pitié lorsqu'il nous dit que le coma risque de durer. Mon père est à deux doigts de se ruiner. Il paye énormément pour garder Avery sous perfusions. Il refuse l'idée qu'elle puisse ne pas tenir. Pour lui, le fait qu'elle n'aie pas perdue la vie après une telle chute est un signe du destin.

De plus, il paye des infirmières pour qu'elles le laissent rester la nuit, alors que les visites sont interdites.

- Tu devrais y aller. Dit-il.

- Je ne veux p...

- Vas-y Ava.

Son ton lasse est devenu une habitude. Il a constamment cette mine blasée. J'ai parfois l'impression qu'il m'en veut. Que tout est de ma faute. Il ne me regarde même plus dans les yeux...

- Tiens-moi au courant s'il y a quelque chose. Dis-je en me levant finalement.

- Hm.

Tous les soirs, c'est pareil maintenant. Les mêmes paroles, mêmes échanges froids avant de se quitter... Avant j'avais l'impression de l'abandonner quand je partais comme ça. Maintenant, je sais que c'est ce qu'il veut. Il me veut loin de lui... Et de sa fille préférée.

***

Une fois arrivée devant chez Kole, je sors le double des clés qu'il m'a passé. Je vis pratiquement chez lui maintenant. Il insistait, et je préférais ça à mon petit appart. Papa l'avait loué pour moi il y a maintenant un an mais je n'y pose même plus les pieds, détestant être seule face à mes pensées lugubres.

J'ouvre la porte et entre avant de la refermer derrière moi. Je dépose la clé sur la petite table de l'entrée et retire mes chaussures.

Je rejoins la chambre de mon copain en traînant des pieds. Je déteste arriver dans sa chambre avec mon air d'enterrement mais je n'arrive plus à être autrement. Alors il s'est fait à mon air triste tous les soirs.

Lorsque j'entre dans la chambre, je le trouve allongé, dos à moi. Je m'avance vers le lit et retire mon short avant de m'allonger à côté de lui. Je dépose un baiser sur son nez et il enroule ses bras autour de moi, me faisant comprendre qu'il est réveillé.

- Alors ? Il demande en plongeant sa tête dans mon cou.

- Rien de nouveau. Je réponds. Je lui ai envoyé un autre message.

- À Rafael ?

- Oui.

- Ava...

Il soupire et retire sa tête de mon cou pour me lancer un regard exaspéré:

- C'est vraiment gamin.

- Je m'ennuyais.

Il ne répond pas et se contente de se tourner sur le dos, les bras croisés sur son torse.

- Tu ne dors plus ? Je demande.

- Tu te souviens de ce que je t'ai dit hier ?

J'acquiesce. Il m'avait dit avoir trouvé un appartement sympa et peu cher à Londres et qu'il mourrait d'envie d'y aller. Il a de la famille là-bas et un cousin qui a ouvert son restaurant. Apparement, ce serai l'occasion rêvée pour un nouveau départ. La Mafia et tout ça, c'est fini pour lui comme pour moi. Alors évidemment, je n'ai posé aucune objection à ce qu'il y aille.

- Et ? Je demande.

- Je voudrais que tu viennes avec moi Ava.

Je me recule instinctivement. Je ne peux qu'avoir mal entendu:

- Comment ça ?

Il se redresse et me caresse le bras:

- Viens avec moi à Londres. Tu bosserais avec moi, on partagerait l'appart sans problème et...

- Et quoi ? J'abandonne ma sœur et mon père bêtement ?

- Non. Ce n'est pas ce que j'ai dit.

- Alors dis-moi. Comment je suis censée partir avec toi et rester auprès de ma famille en même temps ?

- Tu as le droit à un nouveau départ toi aussi. Loin de tous ces problèmes.

Je secoue négativement la tête.

- Désolée Kole. Mais c'est non. Tu as le droit de partir et de commencer ta nouvelle vie, mais laisse-moi poursuivre la mienne ici.

Il s'apprête à répondre quand mon téléphone sonne. Je le sors et décroche sans prendre la peine de regarder de qui il s'agit.

- Allô.

- Avalonne... dit mon père à l'appareil, sanglotant.

Mon cœur se serre alors que je crains ce qu'il s'apprête à me dire. Je refoule mes larmes:

- Oui...?

- C'est un miracle...

- Quoi ?

Il renifle:

- Ta sœur s'est réveillée.

...À suivre.

This Body GuardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant