This Body Guard

20

PDV AVERY
   De quoi me parle cet imbecile ?

- Hein ?

- Arrêtes de faire l'innocente ! Tu bosses avec lui aussi.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ?

   Il me scrute quelques secondes, mais fini par remonter sur la moto. Il enfile son casque en disant:

- Laisse tomber.

   J'ai presque envie de rire. Cet abrutit croit encore que je ferais ce qu'il attend de moi.

***

   Une fois à la maison, nous surprenons quelqu'un devant la porte d'entrée. Je ne mets pas de temps à reconnaître la rouquine.

   Elle se retourne vers nous, et se précipite vers Kaiden.

- S'il te plaît, arrête. Il faut que tu reviennes à la raison. Dit-elle en tirant sur son t-shirt, une mine suppliante affichée au visage.

   Je ne comprends rien. Et je sens que je ne devrais même pas assister à cette scène. Le furtif regard de Kaiden me le confirme. Mais ce dernier soupire simplement:

- Non Gaby. Je... Je peux pas.

- Cette fille est...

- Non ! Il la coupe soudainement avant de déposer un regard plus insistant sur moi.

   J'arque un sourcil et croise des bras sur ma poitrine:

- C'est de moi dont tu parles ? Je demande.

   Lorsqu'elle me regarde enfin, j'aperçois que ses yeux sont rouges, et ses joues paraissent encore humides.

- Tais-toi ! Elle gronde. Je sais qui tu es.

- Et qui je suis hein ?

   Elle lâche finalement le brun pour s'avancer vers moi.

- T'es qu'une sale m...

- Gaby stop ! Hurle Kaiden avant de l'attraper par les bras. T'es complètement folle ou quoi ?

- Qu'est-ce qui se trame exactement, là ? Moi aussi je voudrai savoir ce que vous vous dites dans mon dos. Dis-je.

- Rien. Dit Kaiden.

- Espèce de psychopathe !

   Mon regard se pose alors sur la rouquine. Elle éclate ensuite en sanglot et se réfugie dans les bras de Kaiden.

   Je... Rêve ? Où est-ce qu'elle vient réellement de me traiter de psychopathe sans raison ?

- Kaiden, pourquoi est-ce que ta copine vient de me traiter de psychopathe ?

   Mais il ignore ma question.

- Tu devrais nous laisser seuls. Dit-il pour toute réponse.

    Je hausse des sourcils, sous le choque. C'est quoi leur problème à la fin !? Qu'est-ce que j'ai fait à cette fille pour qu'elle m'insulte de la sorte ? Ils sont décidément complètement fous.

   Je m'éloigne sans trop savoir où, mais m'arrête quand même à quelques mètres de la maison.

   Je suis certaine de n'avoir jamais rencontrée cette Gaby. Et pourtant elle me traite comme si j'avais mangé sa mère (oui, je sais, j'ai une imagination en carton).

Mon téléphone vibre. Je le sors et voit un message de mon père.

« J'espère que vous êtes à la maison »

Je lève les yeux au ciel.

« Où veux-tu qu'on sois d'autre ? »

« Kaiden m'a dit que tu étais sortie en douce ce matin pour te rendre à l'hôpital »

Je soupire. Je vais vraiment trucider cet imbécile. D'ailleurs, je déteste ne pas savoir ce qu'ils se disent. Tout ça est trop bizarre.

Je m'avance alors, et m'arrête derrière le gros 4x4 du voisin.

- ... Ok mais tu ne peux pas débarquer comme ça où je bosse et t'acharner sur elle comme ça.

- Et pourquoi pas hein ? Je t'ai dit ce qu'elle avait fait, alors pourquoi tu refuses de revenir à la maison ?

- Gaby... T'es sûre que tu t'es pas trompée ?

J'entends la fille pouffer un rire sec:

- T'es pas sérieux ?

- Je demande juste comme ça. Elle a vraiment pas l'air de savoir quoi que ce soit à ce sujet.

- Et je peux savoir comment tu le sais ?

- Je vis littéralement avec elle. Elle est banale.

- Et depuis quand tu te fies comme ça à l'apparence des gens ?

Kaiden soupire.

- J'en sais rien.

- Me dis pas qu'elle a réussi à t'amadouer ? Depuis quand es-tu si influençable ?

- Bon, laisse tomber. Je veux just que t'évites de venir comme ça.

- Je m'inquiète pour toi !

- Tu te trompe ok ?

- Puisque je te dis que... Ah ! Bah regarde, elle est là en plus ! On t'a dit de nous laisser seuls !

Hein ? Elle m'a vu ?

Je lève les yeux au ciel et me résigne à sortir de ma cachette, les mains en l'air en signe d'innocence quand...

- Désolée, mais tu te trompe de personne.

Je me retourne vers cette voix qui m'est bien trop familière, quand mon regard croise une paire d'iris verts, parfaitement semblable aux miennes.

   Des cheveux blonds, dont la couleur est clairement la même. La même peau claire. Les mêmes lèvres roses.

   Elle me ressemble tant que si elle n'avait pas ce sourire sadique aux lèvres, j'aurai pu croire que l'on vient de déposer un miroir juste là, face à moi.