Chapitre 7

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L'eau absorbée par les mèches noires de mes cheveux humides dégouline sur mon front. Mes iris dorés se reflètent dans la glace en face de moi, me jugeant du regard, moi, le lâche qui se cache dans la salle de bain pour ne pas avoir à affronter une jeune amnésique revivant son deuil. Je sens que cette journée va être compliquée, tout comme les suivantes. Je ne sais pas quoi faire pour aider Madyson à se remettre de cette tragédie. Je préfère ne pas m'abstenir, n'y connaissant rien à la douleur que de perdre un être cher. Je mise sur l'espoir qu'elle réussira à s'en remettre seule.

Combien ça lui avait pris la dernière fois ? Un mois entier ?

Je soupire, les mains fourrées dans ma tignasse détrempée. Je ne pourrais pas disparaître éternellement dans cette salle d'eau. Je dois prendre mon courage à deux mains et me lancer.

Pour lui dire quoi ?

Je me mords la lèvre. La situation est délicate. Je n'ai jamais eu à réconforter quelqu'un étant donné que je ne côtoie habituellement personne.

Mais cette fois, je dérogerai à la règle.

Oui, je vais inspirer un bon coup et me lancer. Je vais aller la voir et lui parler, parce qu'elle a besoin de quelqu'un à ses côtés, surtout maintenant. Elle n'a pas voulu de l'aide de ses amis avant, aujourd'hui, je serais l'exception.

Pris d'un élan de courage plus que bienvenu, j'ouvre la porte et m'élance à l'intérieur de la chambre. Mais je m'arrête vite quand je vois, et entends, Thaïs sursauter en poussant un cri d'exclamation surprenant. En baissant la tête, je constate avoir oublié une étape importante à la vue de mon corps seulement protégé par la serviette nouée autour de mes hanches.

-Eh bah, y en a qui font de la muscu ici ! s'exclame Thaïs en riant.

Je retourne dans la salle de bain aussi vite qu'une tornade, les joues cramoisies. Si les métamorphes ne sont habituellement pas pudiques, je n'ai jamais eu l'occasion de me montrer nu devant des gens sans avoir pour projet de faire la fête avec eux dans un lit.

Madyson m'a-t-elle vu ?

La rougeur de mes joues s'intensifie de nouveau à la pensée de la rousse ayant observé la peau de mon torse, et ses nombreuses cicatrices.

J'essaie de ne plus penser à la scène gênante qui vient tout juste de se produire et m'habille en quatrième vitesse en priant pour que cet événement soit le plus vite supprimé de leur mémoire. Une fois sûr que mes joues ont repris leur couleur normale, je regagne l'autre pièce.

Thaïs n'est plus dans la chambre, mais elle m'a laissé un message sur mon portable m'informant qu'elle est partie déjeuner, mais aussi qu'il n'était pas la peine de demander à Madyson de nous rejoindre, qu'elle ne veux pas sortir de son lit.

Ça, c'est ce qu'on verra.

Doucement, je m'approche du lit de Madyson où la rousse est couchée depuis hier soir, emmitouflée dans sa couverture, me tournant le dos. Je m'assois sur le rebord du matelas et pose une main sur son épaule. Mais elle reste immobile.

-Madyson, il faut que tu manges.

Les secondes s'écoulent, et je crois qu'elle ne va pas me répondre quand sa voix se met à résonner, presque trop faible pour que je puisse l'entendre.

-Je ne veux pas...

Je soupire, accablé par l'infinie tristesse que je perçois dans sa voix.

-Madyson, tu ne peux pas...

-Je t'ai dit que je ne voulais pas ! elle me répète d'une voix plus ferme.

Je retire vivement ma main comme si sa peau m'avait brûlé. Son attitude hargneuse m'a profondément consterné. Je ne sais pas ce que j'ai cru en pensant qu'elle voudrait pleurer sur mon épaule alors qu'elle n'a pas laissé un seul de ses proches amis l'approcher il y a sept mois.

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