Par tous les dieux, quel enfer !
J'ai le tournis et l'estomac en vrac après que la voiture ait dévalé la pente. Par chance, cela n'a pas été trop grave pour moi. Mes oreilles bourdonnent. J'ouvre mes yeux avec difficulté : bras, mains, jambes et doigts, tout y est ! Je soupire de soulagement. La ceinture de sécurité a tenu bon.
Mais qu'en est-il de Madyson ?
Pris d'une vague de terreur, je me redresse vivement pour regarder à ma droite. Madyson est là, assise sur son siège, tout aussi sonnée que moi. Entendre le son de sa respiration ne m'a jamais fait autant de bien. Mon loup hurle de bonheur à l'entente de cet acte simple.
-Mady... Tout va bien ?
-Je crois. affirme t-elle d'une voix faible avant de remuer.
Son cri retentit dans l'habitacle. Lorsqu'elle se tourne, j'écarquille les yeux d'horreur en apercevant son bras ensanglanté. Le verre brisé lui a entaillé la peau sur une bonne dizaine de centimètres.
-Merde ! Il faut te sortir de là !
J'essaie d'ouvrir la portière, mais la voiture a justement arrêté sa course contre le tronc d'un arbre qui empêche son ouverture.
Eh merde !
Je jette un coup d'œil dans toutes les directions. Il faudrait que je brise un peu plus le pare-brise pour passer au travers, mais je risque de blesser Madyson davantage, moi y compris, ou alors que je rampe sur la rouquine pour ouvrir sa portière et m'extraire du véhicule avant de l'aider à en sortir.
-N'ayez crainte, les renforts sont là ! s'exclame alors une voix féminine.
Je ne pensais pas être, un jour, si heureux de la voir.
Thaïs vient à notre secours et ouvre la portière. Son regard détaille la silhouette de Madyson qui a le visage plus pâle que d'habitude.
-Eh, bah, tu as une sale mine.
La louve extirpe l'humaine de la voiture et la maintient contre elle pour ne pas qu'elle tombe. Puis elle me demande si j'ai besoin d'aide, ce que je réponds par la négative avant de détacher ma ceinture et de sortir à mon tour du véhicule accidenté.
-Il faut qu'on parte. Ils vont très certainement descendre pour voir si nous avons survécu.
-Donne-la-moi.
Je tends les bras vers la frêle humaine, mais Thaïs ressert son emprise sur elle.
-Pas question. Ils vont bientôt arriver. Nous devons faire vite si on veut les semer. Je vais me métamorphoser et je la porterai sur mon dos. Toi, tu ne peux pas.
Je serre le poing, vexé. Au fond, je sais bien qu'elle a raison. Même si j'ai trop envie de jouer le héros auprès de Madyson, c'est à Thaïs de s'en charger.
Tant pis, ce sera pour une autre fois.
-Les ours sont lourds et lents. Ça devrait être facile de leur échapper.
Thaïs me tend Madyson le temps pour elle de prendre sa forme animale. Je profite de cet instant pour la serrer contre moi. Son odeur féminine réveille mes instincts protecteurs, et celle de son sang ne fait qu'augmenter la rage de mon loup qui aimerait faire demi-tour pour s'occuper des ours.
Mais ce n'est pas possible.
Je profite de ce cours instant pour inspirer son odeur, caresser la peau de son front par le bout de mon nez, presser son petit corps fragile contre le mien bien plus robuste, jusqu'à ce que Thaïs me fasse signe. Je la dépose alors sur le dos de la louve musclée. La main de Madyson se met à caresser son poil gris qui parait aussi doux qu'un nuage.
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Convoitise
LobisomemJuliane est un métamorphe insociable, solitaire malgré sa vie en meute. Il n'a jamais rien demandé à personne, tout ce qu'il souhaite c'est qu'on le laisse vivre sa vie. Mais le voilà obligé à jouer les nounous auprès d'une jeune femme certes sédui...