Convoitise

Chapitre 11

Impatient de parler de manière plus approfondi des problèmes rencontrés avec Léo, j'entre dans le bureau de mon Alpha sans m'annoncer. Celui-ci, assis derrière deux tas de papiers, ne m'accorde qu'un chaste regard avant de m'inviter à m'asseoir. Je m'installe donc sur le fauteuil en face de lui et attends son signal pour me mettre à parler. Quelques secondes passent où seul la bille du stylo grattant le papier résonne dans la pièce, jusqu'à ce qu'enfin il délaisse son travail.

-On est arrivés il y a quelques dizaines de minutes. Je pensais que tu serais là pour nous accueillir. je lui fais remarquer sans arrière-pensée.

Pour réponse, celui-ci me désigne l'amas de feuilles étalées sur son large bureau. Il soupire.

-Comme tu le vois, je suis pas mal occupé ces temps-ci. J'ai quelques problèmes avec un camp de métamorphes qui vient de s'installer pas loin d'ici après avoir acheté le terrain d'un vieux fermier, et on ne peut pas dire que ce soient des anges. Tu es simplement venu pour me parler de ça ou tu as quelque chose d'autre à me dire ?

Je me racle la gorge en me repositionnant dans le fauteuil.

-Eh bien, je pensais que tu voudrais un rapport de ce qui s'est passé avec Madyson au Havre depuis que nous sommes partis.

-Tu m'as tout raconté au téléphone. Est-ce qu'il s'est passé d'autre chose que tu ne m'as pas dit ?

-Euh, si, si j'ai tout dit. Madyson va très bien, malgré la blessure sur son bras. Elle est en ce moment avec Thaïs et Nolan. D'ailleurs, je ne suis pas sûr, est-ce que c'est vraiment une bonne idée qu'elle aille cohabiter avec cet... cet... enfin, lui ?

Léo m'observe d'un air surpris avant de se ressaisir. Il passe une main dans sa longue tignasse blonde et hausse les épaules.

-C'est avec lui qu'elle habitait avant, il est logique qu'elle continue de vivre avec lui.

Mon loup grogne et je souhaite en faire de même. Personne ne semble comprendre que cette idée est mauvaise, personne ne veut comprendre qu'aujourd'hui Madyson est quelqu'un de différent, que Nolan ne fait plus parti de son quotidien.

Pas plus que tous les autres hommes qu'elle a eu dans sa vie !

Léo me fixe de ses yeux noirs. Soucieux à l'idée qu'il comprenne mon trouble, je décide de changer de sujet.

-Et pour les métamorphes qui en ont après Madyson ? Il est clair qu'ils ne s'en sont pas pris à elle sans raison. On pense que quelqu'un est derrière ces attaques. Il faut lancer une enquête.

Léo s'affaisse dans son fauteuil en soupirant.

-Nous avons très peu d'éléments, ce sera très difficile de remonter la piste vers le commanditaire, si ta théorie est bonne. Ça mettra beaucoup de temps.

J'acquiesce, conscient que ce ne sera pas simple.

-Mets-moi au courant dès que tu apprendras quelque chose.

Sur ces mots, je me lève et quitte la pièce. N'ayant rien à faire de plus, je prends le chemin en direction de chez-moi, ce pavillon auquel je n'ai pas remis les pieds depuis notre retour. Y entrer ce sera comme un retour à la normal, un quotidien dans lequel Madyson n'apparait pas. Le simple fait de l'évoquer me fait mal. Je n'ai passé que quelques jours en sa compagnie, mais je n'arrive déjà plus à imaginer une vie sans elle, sans ses sourires chaleureux, sans ses doux yeux pâles et sa crinière flamboyante.

Et dire que c'est ce métamorphe stupide qui va avoir droit à toutes ces merveilles à présent.

Lorsque je passe près de la grande place où la plupart des membres de la meute se réunissent, j'aperçois aussitôt ma rouquine au beau milieu d'un attroupement de métamorphes. Toute la meute - excepté Léo - semble être au complet pour se présenter de nouveau à la petite Madyson qui ne parait plus savoir où se mettre face à tant d'attention. Certains restent un peu plus en retrait, dont une femme et deux hommes réservés que je ne me rappelle pas avoir déjà vu jusqu'ici. Mais la plupart cerne l'humaine, tous enjoués et souriants. Thaïs est aussi présente, et fais attention à ce que personne n'approche de trop afin qu'elle ne se sente pas trop étouffée, excepté ce Nolan qui se tient à ses côtés comme si elle lui appartenait.