Chapitre 20

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Le ciel est noir alors que nous arrivons au point de rendez-vous. J'aide Madyson à descendre de la voiture empruntée à Evan. La rousse balaie le décor du regard d'un air circonspect. Je me retourne aussi. Le bois nous fait face, d'aspect un peu lugubre à cause de l'obscurité.

Un endroit tout sauf rassurant pour un premier rendez-vous.

-Rassure-moi, t'as pas prévu de me laisser pour morte dans cette forêt ?

Je ris.

-Je te promets que ce que j'ai en tête est agréable. je la rassure. Tu me suis ?

Je lui tends mon bras qu'elle attrape doucement, et je nous fais entrer dans le bois. Nous avançons prudemment à travers le sous-bois.

-Il fait vraiment sombre. Comment tu fais pour te guider ? m'interroge Madyson.

Je hausse les épaules.

-Je possède une excellente vision nocturne qui me vient de ma condition de métamorphe loup.

-Alors tu y vois comme en plein jour ?

-Si on veut. J'aperçois tous les obstacles qui se présentent à moi, mais je suis incapable d'en distinguer nettement les couleurs. J'ai besoin de lumière pour ça. je lui explique tout en la guidant afin qu'elle ne trébuche pas.

Nous arrivons bientôt près d'un lac. Un panier et une couverture pliée reposent sur l'herbe sèche près du bord de l'eau, et le tronc de deux arbres est entouré de guirlandes de lampions qui illuminent l'endroit. Ce sont ces petites lumières qui rendent l'atmosphère un peu plus romantique - peut-être trop.

Et si elle comprenait d'entrée de jeux ce que je lui ai préparé ?

Je scrute la réaction de Madyson qui s'est arrêtée près de moi. La vision de la lumière des lampions se reflétant dans les iris bleuté de l'humaine me coupe le souffle. On dirait qu'ils scintillent. Ils brillent de milles feux, comme si des dizaines de lunes s'étaient incrustées dans son regard.

Déesse, est-ce un signe ?

Je mets du temps avant de me rendre compte que Madyson me fixe.

-Pardon, tu as dit quelque chose ?

Elle rit.

-Oui, je disais que c'était joli.

-Oh.

Je l'invite à s'avancer plus près et attrape la couverture. Je la secoue un peu pour repousser les quelques fourmis qui s'y étaient installées, puis la déplie et tente de l'installer sur le sol. Dans l'élan, je donne malencontreusement un coup contre le front de Madyson restée près de moi.

-Merde ! Mady, ça va ?!

La main contre son front, la rousse rit de ma maladresse. Je lâche la couverture et m'approche d'elle, inquiet de lui avoir fait mal. Doucement, j'attrape sa main et la repousse de sa tête. De mon autre main, j'inspecte la peau douce de son front à l'aide de mon pouce sous le regard hypnotique de Madyson.

Eh bien, ça commence mal.

Heureusement, aucune bosse ne commence à se former, juste de la peau rougie. Prenant conscience de notre proximité, je relâche sa main et me recule brusquement d'un pas. Les joues rouges, je me détourne de Madyson et retente d'étaler la couverture sur l'herbe fraiche, mais plus en douceur cette fois-ci.

Nous nous installons tous deux sur la couverture et je me penche pour ouvrir le panier contenant notre repas qu'Evan a pris soin de préparer lui-même. Je plonge ma main dedans et la ressors vivement une seconde plus tard après avoir senti quelque chose me trancher la peau. En regardant à l'intérieur, je m'aperçois que la bouteille de champagne s'est brisée dans le panier et que son contenu a inondé la majorité de la nourriture.

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