Brisé

Chapitre 66

« Jimin, souffla Yoongi en s'approchant de lui, je fais ça pour toi, tu le sais ? »

Désespéré de se trouver face à un énième refus, Jimin baissa les yeux. Il avait tout essayé, il avait fait de son mieux. Mais tous ses efforts avaient été vains.

Au même moment, les doigts de Yoongi se placèrent sous son menton et il lui fit relever la tête.

« Mais si c'est vraiment pas ce que tu veux, continua celui-ci, alors j'insisterai pas plus. Je pensais pas que ça te tenait autant à cœur. »

Aussitôt un sourire vint illuminer le visage du blondinet qui le remercia d'un ton soulagé.

Pour la première fois depuis qu'il s'était décidé à agir, Yoongi avait baissé les bras. Il n'y avait plus rien qu'il puisse faire, ou du moins il n'en avait plus envie. D'un certain côté, Jimin avait raison : à quoi servait-il de l'aider si cela signifiait qu'il devait se mettre contre lui ? Yoongi pensait que savoir son ami en sécurité suffirait à le rendre heureux, alors pourquoi se sentait-il désormais aussi mal à l'idée de faire ce qu'il avait pourtant toujours cru juste ? À quoi servait-il d'aider Jimin si cela pouvait le rendre aussi malheureux ? Il l'avait tout de suite compris : il y a seulement quelques jours, Jimin avait accepté de laisser tomber, il avait fini par se résoudre à cette issue. Or désormais il y avait dans ses yeux une nouvelle détermination mêlée à la détresse de l'issue qu'il ne voulait plus envisager et à laquelle il résistait par tous les moyens.

C'était un espoir que Yoongi ne pouvait pas briser. S'il le faisait, si Jimin ou Taehyung devait quitter le groupe, iraient-ils vraiment mieux ? Il ne pourrait pas supporter de voir la tristesse s'emparer d'eux alors qu'il n'avait toujours voulu que leur bien.

Si leur accorder une dernière chance pouvait faire leur bonheur, alors autant essayer. Il serait si heureux de les voir à nouveau s'épanouir. Encore fallait-il que Jimin dise vrai et que tout se passe bien par la suite. Si cette dernière tentative venait à être un échec, alors tous leurs espoirs seraient réduits à néant et la chute n'en serait que plus douloureuse. C'était de ça que Yoongi avait tenté de les protéger. Il avait voulu les convaincre qu'il valait mieux abandonner maintenant plutôt que de risquer de tomber plus bas. Néanmoins il était dorénavant conscient que si cette chute l'effrayait, ce n'était pas le cas de ses cadets, parce que Jimin était certain qu'il ne risquait rien. Pour quelle raison, ça, il l'ignorait, mais Yoongi était sûr d'une chose : il était temps de lui faire confiance.

Il ne pouvait pas se figurer la joie que ressentait Jimin en cet instant. Depuis ce matin, c'était une nouvelle page de son histoire qu'il avait tournée. Les péripéties qui l'avaient rythmées s'étaient finalement calmées et il ne doutait pas que son quotidien en serait apaisé. Enfin il pouvait vivre sans se sentir constamment oppressé et anxieux. Il revivait.

Il n'était pas le seul que la décision de Yoongi rassurait : Taehyung, même s'il était resté silencieux car il considérait qu'il n'avait pas son mot à dire, s'inquiétait de ce qui pouvait arriver si l'agence était mise au courant de tout ce qui s'était passé.

Il était heureux d'avoir une nouvelle chance, même si cela signifiait qu'il allait devoir faire des efforts pour réussir à s'intégrer de nouveau au groupe comme Jimin le lui avait demandé. Il redoutait un peu cette étape mais était prêt à essayer si cela pouvait l'aider à se faire pardonner, ou au moins faire plaisir à Jimin. C'était après tout le seul moyen pour que les choses évoluent.

Ce fut pour cette raison que le jour même, Taehyung alla voir Namjoon pour lui demander de reprendre l'écriture de la chanson qu'ils avaient commencée ensemble. Évidemment le plus jeune des deux l'avait continuée entre temps, néanmoins il ne trouvait pas ses paroles réussies. Il comptait quand même les montrer à Namjoon pour voir si celui-ci pourrait en faire quelque chose. Peut-être pourrait-il les reformuler dans des phrases plus élégantes et les rendre moins désordonnées. Il y avait tellement d'améliorations à apporter, ce n'était pas étonnant pour des paroles écrites de façon presque impulsive.