Chapitre 26 : New Orleans

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Chapitre 26

New Orleans

Macie

Samedi 11 décembre 2021, appartement de Macie

Les bruits de la pièce bourdonnent dans mes oreilles. Ma fatigue m'envahit et je commence à regretter ce match de basketball. Je n'étais pas dans un état de faire quoi que ce soit. Après, le match, je suis rentrée avec tous ses curieux. Curieux qui, depuis plusieurs heures, prennent le temps de parler de ma vie. Ils discutent de ce qu'il m'est arrivé au bal, et même Théo finit par être au courant. Penelope et Fiorenzo préparent même un plan pour tuer au plus vite. Je suis assise dans le coin du fauteuil et je reste avec mes jambes à mon cou, littéralement.

— La ferme, maintenant ! hurlé-je, en me frottant le visage. Je veux simplement me reposer, c'est possible ? Si vous restez, parfait. Mais taisez-vous et allumez la télévision.

Je n'arrive pas à croire qu'ils décident de rester chez moi. Encore une fois, ils restent pour regarder un film sur des plaids et des coussins qu'ils trouvent partout. Je mentirais si je disais que je n'avais pas pris peur. Rien que de mélanger cet après-midi avec le bal, j'en tremble. Je suis prise d'une forte migraine et mes yeux ne collaborent plus : les larmes finissent par couler. J'ai encore du mal à faire obstacle à tout ce qu'il se passe avec mon corps, la sexualité. Je ne veux pas de tout ça et j'en veux aussi beaucoup à Fiorenzo pour ce qui arrive ces derniers mois. Sans sa présence, j'aurais continué une relation minable avec Jamie, mais il m'aurait accompagnée au studio et je n'aurais pas été agressée.

— Macie, c'est le moment d'aller dormir sous ta couette, me murmure Léo, les yeux remplis d'inquiétude.

— Non, allez-y... J'ai même débarrassé la chambre du bas, rappelé-je.

Parce que oui, il y a près des toilettes et de la cuisine une autre pièce très peu utiliser. Je mets quelques affaires par ci, par là. Mais c'est la deuxième chambre de la maison que maman a décorée. Je l'ai nettoyé ces derniers jours, parce que j'ai malencontreusement appris que Samuel allait perdre son appartement, car le bâtiment est racheté pour des bureaux. Il ne le sait pas, mais je me suis dit que je pouvais lui proposer de venir quelque temps (ou le temps qu'il veut) dans l'appartement. Il est assez grand pour deux. Je fais en sorte qu'ils acceptent, et les deux couples prennent les chambres. Je ne veux pas devoir dormir dans mon lit ce soir. Je n'en ai pas envie.

— Comment a-t-il pu te faire ça ? demande Fiorenzo, en s'asseyant à mes côtés. Comment tu t'es retrouvé dans la voiture et comment tu es partie...

— C'est beaucoup de questions pour une seule demande... marmonné-je, avant de lui raconter. J'ai dû rentrer au studio après un clip, et il était là. Mais il a changé dans la voiture et il m'a fait peur. J'ai appelé en cachette Elli pour qu'il entende la conversation et je suis partie en courant vers ma voiture... Tu connais la suite.

— Pourquoi tu ne m'as pas appelée, moi ? souffle-t-il. Pourquoi ton producteur ou je-ne-sais-quoi ?

— Fiorenzo, les derniers appels étaient Elli, mon père, le Belle & moi et mon dentiste, énuméré-je. Je n'ai fait que me dépêcher.

Je masse mes tempes. Mes migraines ne passent pas et je suis irritée pour un long moment. Le sommeil ne vient pas et la présence de Fiorenzo m'est insupportable. Je n'ai pas envie de penser à lui. Je n'ai pas envie d'être près de lui. Un instant, je me surprends à penser qu'il est toujours coupable de ce qu'il m'est arrivé depuis quatre ans. Ce n'est pourtant pas lui, mais il n'a pas fait grand-chose non plus pour me dissuader qu'il n'était pas mon agresseur. Quatre ans après, ça fait toujours mal. Je suis dans une colère noire, dans un état second qui m'oblige à partir en cacahouète.

Flightless BirdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant