Chapitre 27 : On the date

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Chapitre 27

On the date

Macie

Mardi 21 décembre 2021, Place d'armes hôtel

— Je suis persuadé que Lisa le fait pour me rendre jaloux, rumine encore Fiorenzo.

Cela fait quelques minutes que nous sommes couchés, chacun loin de l'autre. Après avoir vu Lisa, nous nous sommes tous réunis pour savoir ce que nous allions faire, mais j'ai préféré les laisser aller au restaurant. Tout le monde y est allé : même Fiorenzo et Lisa. La seule chose que j'ai pu comprendre, c'est qu'elle avait l'air adorable avec tout le monde. Je n'ai pas suivi la bande et je suis restée de mon côté pour visiter la ville. J'ai trouvé un petit stand pour manger du riz et des haricots rouges pour finir par découvrir les quartiers les plus cools de la Nouvelle-Orléans. En rentrant, ils étaient tous là. Je n'ai dit bonne nuit à personne et je me suis changée pour aller dormir. Fiorenzo a suivi et depuis...

— Viens en rendez-vous avec moi, demande Fiorenzo. Laisse-moi t'emmener quelque part demain. Je te promets que l'on va s'amuser.

— Tu parles de Lisa et après, tu me proposes un putain de rendez-vous, Fiorenzo ?

Depuis que je me suis retrouvée seule dans cette ville, je réfléchis. Je réfléchis à tout ce qui s'est passé en quatre ans et j'ai même réfléchi à une réconciliation avec Lisa. J'avouerais que cela m'a traversé l'esprit, sans bonne conclusion. Je suis fille unique – maintenant plus, et je ne sais pas si j'aurais défendu mon frère pour quelque chose d'aussi grave. Ses parents ont fait des choix dans leurs vies qui ont brisé Antone, mais je n'ai pas à être prise comme dommage collatéral. Je ne veux pas parler à Lisa, parce qu'elle aurait pu le faire avant pour dire la vérité. Si elle n'était pas venue à New York, j'aurais pris Fiorenzo comme coupable toute ma vie. Ça fait mal de penser ça.

— Si je parle d'elle, c'est qu'elle m'a fait du mal, rétorque-t-il. Je voulais que l'on soit heureux, elle et moi. Je voulais aussi être heureux avec toi avant tout ça. Maintenant, je réalise qu'elle m'a enlevé ces deux bonheurs pour protéger son frère et me tenir coupable aux yeux de tout le monde. Maintenant, elle reste dans ta vie par le biais de son nouveau mec. C'est aussi dure d'être remplacé comme si, ouais, je n'avais pas compté pour elle en plus de trois ans.

Je n'arriverai pas à passer outre les évènements du passé. Je ne veux pas laisser Antone s'en sortir. Ni même ses parents. Parce que, finalement, c'est là le plus dur : devoir accepter ce qu'il m'est arrivé, en sachant que l'on protège ce violeur. Je m'approche de Fiorenzo doucement. Rien ne m'interdit d'accepter un rendez-vous de sa part, alors j'accepte. Je me dis que cela ne peut être qu'un moment de plus à passer. Fiorenzo et moi avons toujours pris le temps de comprendre nos disputes, nos rancœurs. Je ne pensais vraiment pas le retrouver quelques années plus tard comme si de rien n'était.

Le lendemain, le soleil fait des siennes à travers les rideaux qui ne sont pas parfaitement fermés. Je me retrouve à devoir me cacher sous la couette pour ignorer la lumière du jour qui m'appelle violemment. À mes côtés, je ne ressens aucune présence, aucune personne près de moi. Il doit être parti. Je prends la décision de me préparer, trainant majestueusement des pieds jusqu'à la salle de bain. Cette pièce de la chambre d'hôtel est luxueuse et presque trop remplie de lumière. Sur le miroir, j'y vois une feuille posée. Sous le miroir, il y a ce rebord en marbre qui tient la feuille assez droite. « Enfile une jolie tenue, prends ton temps. On part visiter cette magnifique ville main dans la main. Fiorenzo. » Les battements de mon cœur accélèrent. J'ai dormi avec lui, mais rien ne fait plus d'effet qu'un rendez-vous.

Je jette de l'eau sur mon visage endormi et je prends le temps de choisir une tenue simple, mais chaude. Il fait très froid ce matin, et je ne veux pas risquer d'être en période de fête avec un rhume – ou pire. J'enfile sur ma peau gelée un haut à manche longue, couleur terra cota avec un jean noir. Rien de plus simple pour une journée dont je ne connais pas le programme. Je reste quelques instants devant le miroir et je me surprends à pleurer. Je pleure comme si je sentais cette brûlure au cœur depuis trop de temps. Je me tiens au bord de l'évier et je laisse les larmes couler comme si la douleur suivait. J'ai mal au cœur plus que tout. Je repense à cette sensation de vide durant des heures et des heures.

Flightless BirdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant