Chapitre 33

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Pendant le reste du cours, nous avons préparé l'exposé pour le lendemain, tout ça sans un mot. Depuis sa confession, je suis assez mal à l'aise et je ne sais même pas pourquoi. Je sais que je devrais être contente que Noah m'avoue qu'il ne me déteste pas, mais je me sens juste bête. Je lui ai fait subir des choses horribles, j'ai joué avec ses émotions et il est toujours bienveillant. Gentil. Je lui ai brisé le cœur plusieurs fois et il ne me hait pas. En fait, je pensais qu'il était devenu quelqu'un d'autre, en voyant toutes ses mauvaises habitudes, mais malgré tout, il est toujours le même Noah. Le doux et soucieux Noah.

" - Vous avez fait du bon boulot tous les deux, lance le professeur quand nous quittons la salle. J'ai hâte de vous écouter demain."

C'est bizarre mais je ressens une vague de panique passer sur moi. Il avait si fière de notre travail et je ne veux pas le décevoir, mais c'est ma spécialité depuis que je suis ici, décevoir tout le monde.

Je sors du lycée en cherchant mon briquet dans mon sac et quand je lève la tête, j'aperçois Aspen adossé à sa voiture parlant à un garçon que je ne connais pas. Je me fais toute petite et continue mon chemin jusqu'à ma propre voiture sans le regarder, je ne veux pas à avoir à lui parler. Sauf que j'entends sa voix dans mon dos. Et, des pas rapides se rapprocher. Merde. J'accélère la cadence, espérant qu'il abandonnera en voyant que je ne veux pas le confronter. Sauf que je sens un main se refermer sur mon poignet.

" - Cam.

- Laisse-moi tranquille, je lui dis fermement.

- N'agis pas comme si tu étais touchée. Je ne t'ai rendu que la monnaie de ta pièce, rien de plus."

Donc il était au courant pour Noah. Bien. J'imagine que je n'ai que ce que je mérite.

" - Très bien. Il s'agirait de me lâcher à présent. J'aimerais rentrer chez moi.

- Alors c'est fini, c'est ça ? Je t'ai pas lâchée quand j'ai su pour Noah et toi. Tu sais très bien que votre proximité à tous les deux, c'est juste pas possible pour moi. Je sais que nous deux, c'est pas du sérieux, mais on s'amusait bien, non ?

- Tu peux t'amuser avec Grace pour le coup. Autant que tu le souhaites.

- Je ne veux pas de Grace, c'est elle qui a voulu se joindre à nous. Ça a juste un peu dérapé, je l'admets, mais ça ne voulait rien dire. Tu aurais pu répondre à mon message. Tu aurais pu dire quelque chose. Tu aurais pu t'énerver, non ?

- Tu attendais une réaction de ma part ? je demande en arquant un sourcil. Ecoute, je ne me suis pas embarquée avec toi pour que tu m'apportes des problèmes. On était supposés être un divertissement pour l'un et l'autre, alors lâche-moi. Fais pas comme si c'était du sérieux entre nous, je crache en reprenant ses propres mots.

- Est-ce qu'au moins tu en as quelque chose à faire de moi ? Parce que même si je ne t'aime pas comme deux amoureux s'aiment, je me soucie de toi."

Aïe. Je le savais, et je sais très bien que ce qu'il vient de dire est réciproque de mon côté - je ne suis pas amoureuse de lui - cela me fait tout de même l'effet d'une gifle. Je réussis à m'extirper de sa poigne et monte dans ma voiture, qui était quelques mètres à côté. Je lui fais un signe du doigt avant de partir, lui disant d'aller se faire foutre.

Quand je rentre de ma journée, je balance mes affaires et m'assois sur ma chaise de piano. Je soulève le couvercle  et caresse les touches. Je ne me mets pas à jouer. J'ai l'impression que même ça, je n'y arriverais pas. Je referme le couvercle d'un coup sec, et pars m'accouder à ma fenêtre avec mon pocheton en main. C'est le seul moyen que je trouve pour décompresser et m'échapper de tout ce merdier.

Cameron 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant