Chapitre 21

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Foutues béquilles. Je fais pratiquement tomber mes affaires en partant, je n'arrive pas à claquer la porte. Même moi, je rigole à travers mes larmes quand je ferme enfin la porte des toilettes derrière moi. Je jette mon sac et mes béquilles et m'assois sur le lavabo. Je sais que personne ne viendra à cette heure-là, car les cours de première heure ne sont pas encore finis. Je laisse l'océan de chagrin couler à flot. Je suis la cause de tout ça. Mais comment, alors que je n'ai rien demandé ? Rien fait ? Je n'en ai aucune idée. Je suis l'eau salée qui entretient l'épave qu'est devenu Noah. Il faut arrêter ça. Fini les tromperies et les secrets. C'est quand je le vois ouvrir la porte que je prends la décision final.

« - Hey, lance-t-il sans la moindre trace de honte, de tristesse, ou de colère ; comme s'il était dénué de toutes émotions. Ecoute...

- Non, toi, écoute, je le coupe. Je suis... épuisée. De toi, de tes caprices. Regarde-toi, bordel ! Reprends-toi en main ! Tu peux pas devenir comme « ta camarade ». Regarde-moi. Ma connerie est devenue contagieuse. Alors, arrête ton cinéma, arrête de... m'aimer, je crache à contrecœur.

- Cam, je sais que tu es énervée à cause de mon absence à l'hôpital, mais c'est que...

- Je sais ! Il m'a dit, je mens. Reprenons nos vies avant que tout ce bordel arrive. Je ne peux pas vivre un seul jour comme une personne banale, pas un seul. L'accident de ma famille, ma tante abominable, toi, Aspen, Dylan, la fête qui tourne mal, les rumeurs sur moi, les coups bas de ton ex. Ça n'en sera jamais fini, si ça ne s'arrête pas. Alors, je le fais pour le bien de tout le monde. »

Il devient plus livide qu'avant, si c'est même possible. Les yeux plus vitreux. Il montre enfin une trace d'une émotion mélangée : colère, incompréhension, tristesse. Mais le moment d'après, tout disparaît et Noah se dirige vers la porte avant de se retourner une derrière fois.

« - Tu ne m'aimais pas pendant tout ce temps ?

- Tu... tu étais comme... comme un pansement pour mes parents. Pour Grayson. Pour ma tante. Pour tout. Je ne voulais pas te blesser, mais c'est mieux que tu saches. »

Je l'aime à m'en briser les os, à me couper le souffle, à souffrir s'il sortait de ma vie. Mais je reste silencieuse et je le regarde s'en aller en même temps que la sonnerie. Je le regarde sortir de ma vie pour son bien. Je l'aime beaucoup trop. Trop pour que quelqu'un comprenne un jour. J'essuie mes larmes, remets mon masque, ramasse mes affaires et sort pour me fondre dans la masse de nouveaux ragots qui circulent sur moi.

Cameron 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant