Cameron 2

Chapitre 8

Le lendemain, je sors de ma dernière heure de cours, totalement triomphante. Les coups de Noah étaient rusés mais enfantins. J'ai retrouvé une cartouche d'encre ouverte dans mon sac ou des pétards dans mon casier. J'ai même failli m'assoir sur des punaises. Mais, il ne s'attend à mon prochain coup car il croit déjà avoir gagné, que j'ai déjà abandonné. Noah se trompe lourdement. On verra si ça lui fait quelque chose. Aspen m'attend sur le muret, comme je lui ai indiqué. Ce coin est à moi le matin et le midi, quand je fume, mais je sais que quand les cours se finissent, c'est Noah et Grace qui viennent ici. J'ai fait mon enquête.

« - Coucou, Aspen, je souffle dans son oreille.

- Salut, bébé, il me répond en souriant. »

Il finit sa cigarette et la jette de l'autre côté des buissons.

« - Alors ta journée ? demande Aspen en me prenant dans ses bras.

- Banale.

- Tu veux qu'on bouge quelque part ?souffle-t-il avec des yeux suggestifs.

- Ouais, mais attendons un peu. »

Noah et Grace sortent toujours un peu en retard d'après mes sources. Et effectivement, j'entends la voix nasillarde de Grace quelques minutes plus tard.

« - J'espère qu'elle ne sera pas encore là. Elle commence à vraiment me taper sur le système cette fille. Comment as-tu pu sortir avec elle, vraiment ?

- Tu peux arrêter deux minutes ? Cameron est devenue ta nouvelle obsession, ou quoi ? »

A l'entente de leur dispute, j'embrasse Aspen. Surpris, il se détache et me regarde. J'ai l'impression qu'il réfléchit intérieurement, mais apparemment, ce n'est pas grave vu qu'il hausse les épaules et m'embrasse à son tour. Il m'étreint sauvagement. Aspen n'est pas quelqu'un de doux, ou tout du moins, pas que je sache. Même quand il essaye ça ne marche pas, alors il peut être abrupt parfois, mais je m'y habitue. Ce n'est pas que ça me dérange, c'est juste que des fois, j'aurais besoin de plus de douceur.

« - Oh et après, elle vient nous saouler parce qu'on le fait mais elle ne se gêne pas. Quelle garce. »

Je me retourne vers Grace. Je hausse un sourcil.

« - Comment ? »

Je me mets à sourire. Je vois la tête de Noah, il a l'air de vouloir déguerpir à toute vitesse pour cracher son déjeuner.

« - J'ai dit que tu étais une garce, pauvre sourde. Noah, tu ne dis rien ?

- J'espère que c'est la dernière fois que je t'entends dire ça, pauvre conne.

- Noah, tu ne fais absolument rien ? dit-elle avec insistance. Bon, très bien, tu l'as cherché. Tu es une vraie connasse. Personne ne t'a appris comment te tenir on dirait. Tu as bousillé la vie de Noah avec tes conneries. Non mais, franchement, pour qui tu t'es pris à le faire plonger comme ça ? Tu crois que ça me plaît de le ramasser à la petite cuillère tous les dimanche matin ?

- Écoute, rien à foutre, hein, je réponds calmement. Je ne sais pas ce qu'il t'a raconté mais je ne l'ai rien obligé à faire, alors qu'il arrête de faire sa victime. S'il a plongé, tout est de sa faute.

- Non, mais, laisse-moi finir, tu n'as pas de parents pour t'éduquer, ou quoi ? »

Un blanc s'installe. Aspen est au courant de mon histoire, mais je ne sais pas par quel moyen. Je ne lui ai jamais raconté pourtant. Il s'interpose entre Grace et moi et lui murmure quelque chose à l'oreille. Ça a plutôt l'air de le faire marrer sauf qu'elle ne s'amuse pas du tout. Noah se contente de me fixer mais je préfère fixer le sol. Je croyais être passée au-dessus de tout ça, mais apparemment, non. Aspen me tend la main et nous nous en allons.

« - C'est quoi ton prénom déjà ? Ah oui, Grace. Va te foutre Grace. »

Je m'en vais triomphante et m'installe dans la voiture d'Aspen.

« - On va toujours quelque part ? Ou je te dépose chez toi ?

- Démarre la voiture. On va chez toi. »