Cameron 2

Chapitre 12

Je me lève péniblement, après avoir passé une courte nuit. Beaucoup trop courte. Je suis rentrée de chez Aspen, vers quatre heures du matin et mon réveil sonne à sept heures. Sauf qu'il est huit heures, l'heure à laquelle sonne la sonnerie du lycée. Je me dépêche de m'habiller et vois que je ne suis pas la seule à avoir dormi trop longtemps.

« - Tyler ! je hurle de ma voix craquelée à cause de la nuit dernière. On est en retard. Dépêche ! »

Il finit par sortir de sa chambre quelques minutes après. On ne se presse pas trop vu qu'on est déjà en retard, au point où on en est...

On arrive pour le cours de neuf heures au lycée à cause de mon cousin qui tape des crises quand il n'y a pas ce qu'il veut dans le frigo pour son petit-déjeuner. Résultat, il a fait la tête pendant quinze bonnes minutes. Un vrai petit prince quand il s'y met.

Évidemment, le temps s'étire quand je m'ennuie et les cours avant la pause de midi semblent durer une éternité. Quand je tombe dans les limbes du sommeil, la cloche décide de retentir et je me dépêche de partir au self, sinon la queue sera énorme, mais par chance je suis dans les premiers. Malheureusement, Grace aussi se trouve en tête de file et elle a plutôt l'air remontée contre moi. Un rictus se forme sur son visage d'ange. Elle va commettre un meurtre et je pense que je devrais déguerpir sinon je ne pourrais plus profiter de ma vie dans quelques secondes.

« - Toi, hurle-t-elle en me pointant du doigt. »

Pour la blague, je me retourne, faisant mine de ne pas savoir de qui elle parle.

« - Oui, toi, Cameron Miller. Toi, la garce qui vole les mecs d'à peu près toutes les filles de ce lycée. Je ne comprends pas pourquoi d'ailleurs, tu n'as rien d'attirant, ricane-t-elle.

- Tu crois que je m'intéresse à ce que pensent les filles comme toi ? je ris.

- Je m'en fiche de ce qui t'intéresse ou pas, Cameron.

- On est deux alors.

- TU VAS LA FERMER ? Écoute-moi bien. Je ne sais pas ce que je t'ai fait, mais tu n'as aucun droit de me voler Noah comme ça. Je suis son amie depuis bien plus longtemps que tu le connaisses.Il ne t'aime pas, il te hait, c'est moi qu'il aime.

- On devrait peut-être lui demander ? je demande ironiquement

- T'es une vraie garce, tu n'as pas à avoir la haine contre les autres sous prétexte que tes mecs te lâchent un par un et que tu veuilles les reprendre. Tout le monde te déteste dans ce bahut, alors pourquoi tu ne te fais pas toute petite au lieu de nous saouler ? Ta vie va devenir un enfer vivant. Pire que la mort de tes parents, ou de ton frère, comment il s'appelle déjà ? Ah oui, Grayson. J'ai fait mes petites recherches sur toi... Tu veux dire au lycée ce qu'il s'est passé, sale égoïste ? Oui, non ?

- Tu n'as pas le droit de parler de ça.

- Grace, stop. Tu me fais vraiment de la peine... Regarde toi, à révéler des secrets personnels et se moquer de la mort des proches de quelqu'un, vraiment ? Tu es tombée aussi bas, par jalousie ? Tu es vraiment laide. La jalousie transpire de tes pores. Alors pour une fois, stop, s'interpose Noah. »

Le temps que Grace trouve une répartie, ma main fonce sur sa joue et laisse une marque rouge. Elle hurle jusqu'à ce qu'on l'entende en enfer - là où elle ira bientôt passer un long séjour, tout frais payé par moi-même -  quelques secondes après. Une drama queen. Elle crie que je suis la pire personne sur cette terre mais rien ne me fera plus de mal que ce qu'elle a dit juste avant. « Tu veux dire au lycée ce qu'il s'est passé, sale égoïste ? Oui, non ? » Comment peut-elle être au courant ? Comment peut-elle oser en parler ? Comment peut-elle être aussi méchante ? Cela me dépasse... Alors, oui, j'ai donné le premier coup mais elle a joué sur mes faiblesses. Ces crevasses que j'ai essayé de combler au plus profond de moi. Mes mains tremblent et le reste du lycée attend quelque chose : qu'elle réplique ou que je lui mette un autre coup. Mais avant, que Grace esquisse un pas, Noah me prend par les épaules et m'entraîne à l'extérieur du lycée. La foule est hypnotisée et c'est comme si j'étais Moïse et que la mer se fendait devant moi. Ça doit sembler plutôt satisfaisant d'un point de vue extérieur, mais quand tous les regards sont plongés sur toi et que chaque personne autour de toi te sonde pour savoir ce que tu penses, ce n'est pas vraiment agréable.

Nous sortons du lycée sans rien dire et il me traîne jusqu'au muret où mon nom est toujours gravé à l'encre noir. 

« - Je suis désolé, dit-il. »

Je le regarde en fronçant les sourcils. Pourquoi s'excuse-t-il ? C'est la faute de Grace, et il ne pouvait pas savoir qu'elle allait faire ça, alors il n'a pas à s'en faire... si ? Je ne suis tout de même pas si méchante pour lui reprocher quelque chose qui n'est pas de sa faute.

« - Hé, je chuchote. Tu n'as rien fait, tu m'as même plutôt aidé, je ris même si ce n'est pas vraiment le moment le mieux choisi.

- En fait, si, je suis responsable. Je suis tellement désolé. Je ne savais pas qu'elle allait faire ça, je ne pensais pas...

- De quoi tu parles Noah ? je demande, d'une voix dont la colère semble monter.

- C'est moi qui lui ai vaguement suggéré de faire des recherches sur toi...

- Quoi ? C'était quoi le but ? Dans quel délire tu te lances, hein ? Tu veux me pourrir la vie, c'est pour ça que t'as inventé tous ces mensonges de comme quoi tu es devenu accro ? Dégage !Vous êtes tous des psychos.

- Non, écoute... Euh, elle parle souvent de toi et elle posait beaucoup de questions sur toi et pourquoi tu vivais avec tes cousins et pas tes parents, etc. Tu étais son obsession. Je ne voulais pas vraiment parler de toi, ni trahir ta confiance avec les secrets que tu m'avais confiés. Sur un coup de tête, je lui ai dit de faire ses propres recherches sur toi, si ça lui faisait plaisir. Je n'aurais pas pensé qu'elle découvrirait des choses importantes, tu as toujours gardé tout ça... si secret. Je n'aurais imaginé que tout était étalé sur internet. Je suis désolé. Et je ne t'ai raconté aucun mensonge. Je veux vraiment que tu m'aides, Cameron.

- Sauf que moi, je suis pas trop sûre d'en avoir envie, je lance avant de sortir une cigarette de ma poche de manteau. Garde tes distances, y'a plus de pacte bancal entre toi et moi, Noah, je le coupe d'une voix acerbe. »