Chapitre 17

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Je passe ma main dans ses cheveux bouclés quand je sens cette odeur. L'odeur si familière du malheur. Je reste choquée pendant quelques secondes à me remémorer ce qu'il s'est passé l'année d'avant.

« - Il faut qu'on bouge, je bégaye.

- Quoi ? De quoi tu parles ? Tout va bien ?

- Non ! je crie. On doit partir, maintenant ! Tu comprends ? »

Il ne dit rien et se lève en vitesse. Je ramasse mon t-shirt et me dirige vers la porte. Je vois déjà la fumée qui passe dessous.

« - Non, non, non ! Ca ne peut pas recommencer... je chuchote.

- Oh, merde. »

Noah me prend le bras et ouvre la porte. Un souffle chaud embrasse nos visages et pendant un instant, nous sommes paralysés. Je regarde autour de moi et je vois les flammes engloutir tout un mur du salon. La fumée rend l'air lourd et nous ne respirons que difficilement. Je sens que mes pieds ne veulent plus obéir et que le monde autour de moi tourne. Je n'arrive plus à garder mes yeux ouverts et à maintenir mon corps debout, je me sens tomber mais je n'arrive pas à me rattraper à quelque chose. Le crépitement des flammes prend le dessus sur la voix de Noah qui m'appelle et quand ma tête heurte le sol, c'est le noir complet.

Je suis en retard par rapport au couvre-feu que mes parents ont fixé alors Alex, un garçon qui est dans ma classe et que je commence à bien aimer, me raccompagne de la fête mémorable qui a eu lieu chez un des garçons de son équipe de foot. Je pense que je vais le laisser mijoter encore un peu avant de le laisser m'embrasser, sûrement au prochain match où j'irai le supporter. Il est vraiment mignon et il joue vraiment bien au foot, Alex est même le capitaine de l'équipe. Nous parlons de tout et de rien pendant le trajet et je regarde de temps en temps par la fenêtre pendant qu'il me parle de son frère, bien meilleur en tout que lui et que ses parents ne font que féliciter alors qu'il se tue à la tâche. Il fait nuit noire mais quelques nuages cachent les étoiles. Sauf que lorsqu'on tourne au coin de ma rue, je me rends compte qu'il n'y a aucun nuage. Ce n'est que de la fumée. De l'épaisse fumée qui s'échappe de ma maison. Les flammes sauvages ont tout brûlé, il ne reste presque rien. Je sors en courant de la voiture sans un mot pour Alex, qui s'en va en détalant, comme si c'était contagieux. Comme si sa maison allait brûler à son tour, s'il restait trop longtemps à côté de moi. Comme si le malheur allait le frapper à son tour. Comme si la mort allait frapper à sa porte s'il ne détalait pas au plus vite. Comme lui, tout le monde a détalé, sauf moi.

Cameron 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant