Quand je me réveille, tout est blanc. Je comprends vite que je suis à l'hôpital. J'ai presque envie de rire. Pourquoi ? Je ne sais pas si c'est la vague impression que j'y passe plus de temps que chez ma tante ou alors que ça veut dire que je suis toujours vivante. Personne n'est dans la chambre. C'est à ce moment-là que j'explose vraiment de rire. Je suis stupide d'avoir cru, ne serait-ce qu'une seule seconde, qu'il serait là, à attendre que je me réveille, dans la possibilité que je me réveille un jour. Étant donnée la quantité énorme de tubes qui transpercent mon corps, la situation doit être assez grave. On pourrait peut-être même aller jusqu'à TRÈS grave. Comme je ne peux pas vraiment bouger, l'équipe médicale a laissé une télécommande à portée de main pour les appeler. Je presse le bouton avec hésitation. Je me demande si j'aurais pu sortir. Mais je pense que m'échapper comme la dernière fois, n'est ni dans la mesure du possible, ni dans mon intérêt vu mon état. Un infirmier accoure aussitôt, suivi par un médecin, j'imagine.
« - Oh ! Vous êtes réveillée... il chuchote. Cela fait...
- Vous êtes enfin debout, mademoiselle Miller. Vous souffrez de douleurs ? Vous rappelez vous ce qu'il s'est passé ?
- Vaguement...
- Vous étiez à une fête, je présume vu le taux d'alcool et d'autres substances illicites dans le corps de plusieurs de vos amis... Enfin, un feu s'est déclaré à cause d'une fuite de gaz, encore causé par des jeunes un peu trop ivres... Vous vous trouviez dans la salle de bain, en présence d'un jeune homme... Noah Smith, je crois bien. Le feu s'est répandu dans la maison et le temps que vous ne vous en rendiez compte, vous ne pouviez plus sortir par la porte alors vous êtes sortis par la fenêtre. Sauf que vous êtes tombée d'assez haut. C'est pourquoi vous êtes ici. La fumée ainsi que... vous fumez n'est-ce-pas ?
- De temps en temps...
- Oui, la fumée et l'excès de cigarettes ont beaucoup endommagé vos poumons et la chute a failli vous être fatale... Vous avez eu beaucoup de chance, mademoiselle Miller.
- Si vous le dîtes, je dis, tranchante. Il va bien ? je marmonne.
- Vous pourrez lui demander vous-même, Miller... Tâchez de ne pas vous échapper, ça vous gardera en vie. »
Le ton sarcastique employé par ce docteur me laisse un goût amer dans la bouche, mais je n'ai aucune force pour faire d'autres commentaires. Pour être honnête, ce médecin ne me plaît absolument pas. Il aurait pu me dire comment allait Noah, même si je doute que, lui, en ai quelque chose à faire de mon état. J'ai l'envie soudaine de pleurer. Ma gorge se noue, mon cœur se serre, mes yeux piquent, mes lèvres tremblent. Après tout, pourquoi viendrait-il me voir ? Je n'ai pas le temps de trouver une réponse, que la porte s'ouvre avec fracas.
« - On a cru que tu ne te réveillerais jamais ! s'exclame James.
- Moi non plus. »
Mes cousins. Tyler et James, toujours là pour moi. Je ravale mes larmes et compose un sourire. Un geste devenu naturel, comme une habitude.
« - Cela faisait des jours qu'on attendait un coup de fil de l'hôpital. Ça va presque faire une semaines que tu étais ici. Pour être honnête, je commençais à perdre espoir, continue-t-il. »
Une semaine. Une semaine depuis cette fête. Ce foutu accident. Foutu incendie. Après ça, James ne finit pas de parler de ce que j'ai raté, d'insulter le coupable de l'incident, de me dire à quel point je lui ai manqué. Je n'écoute pas, mes oreilles sont bouchées. Je ne fais même pas attention à Tyler qui me regarde, silencieux. Je regarde dans le vide et James s'en rend compte, alors il arrête de parler et nous restons en silence. La tranquillité du moment est dérangée par Aspen qui se glisse par la porte. Il ne dit rien et reste tapis dans l'ombre de la porte mais ce moment avec les jumeaux est rompu. Mes cousins s'en vont après m'avoir dit que mon oncle et ma tante étaient partis en voyage pour reprendre de la force après tout ce drame. C'est assez drôle vu que la personne dans un lit d'hôpital, attachée à des tubes, c'est moi.
« - Salut, murmure la voix roque d'Aspen.
- Hey.
- Tu vas bien ? »
On rigole ensemble parce que je ne vais vraiment pas bien. Je le regarde, observe avec attention, la manière dont ses fossettes apparaissent lorsqu'il rit et ses yeux qui se plissent. C'est là que je vois le bleu qui commence à apparaître sur sa mâchoire.
« - Toi aussi, tu as eu un accident ? je ricane.
- Oh, je me suis battue avec un imbécile, c'est rien. Enfin, tu peux parler, mais je pense que niveau accident, tu me bats haut la main. »
C'est ça que j'aime chez Aspen. Tout est léger avec lui, rien ne devient trop grave. Il fait passer des choses graves comme des choses presque sans importance. Il te fait croire que tout va bien, alors que tout le monde remarque que rien ne va. Après sa visite, j'attends pendant des heures qu'il tourne la poignée de cette porte, qu'il franchisse le seuil et qu'il me sourît enfin. Mais il n'est jamais venu. Ni le lendemain, ni les jours suivants.
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Cameron 2
Teen FictionCameron quitte Noah et rejoint Aspen dans ses histoires qui finissent mal. Décidée à ne plus faire de mal à personne, elle se promet de ne plus aimer et elle s'enfonce dans un trou d'emmerdes et de tristesse sans fin.