Chapitre 35

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Mes yeux s'ouvrent difficilement quand le soleil pointe à la fenêtre. Sa faible lumière inonde ma chambre. Je jette un œil à l'horloge. Seulement cinq heures vingt-deux. Je me lève non sans mal, et me dirige vers ma salle de bain. Je vois le reflet de quelqu'un débraillé dans le miroir. Ah - c'est seulement moi. Ce que je suis. Tout ce que je suis. Seulement ce que je suis. Seulement des hideuses griffures. Seulement un abominable bleu sur mon front. Seulement des croutes de sang coagulé. Seulement des lèvres fendillées et teintées de rouge. Soigneusement, je me débarrasse de mes vêtements de la veille. Je détourne enfin le regard du miroir et prends une douche rapide. Mais je reste dans la baignoire pendant plusieurs minutes - je ne saurais dire combien. J'enlève minutieusement les restes de peau et de sang encore sous mes ongles. La température ambiante est beaucoup plus fraîche que celle de l'eau et je reste recroquevillée alors que j'ai l'impression que le froid me mord la peau. Mes yeux sont braqués sur le carrelage blanc de la salle de bain. Ils sont parfaitement blancs. Parfaitement alignés. Parfaitement carrés. Parfait.

Quand vient le temps de me préparer, je cache consciencieusement mes cernes et mon bleu,  applique une quantité énorme de baume sur mes lèvres et brosse délicatement mes cheveux pour éviter leur chute - bien trop sont tombés. J'arrive même à trouver un haut léger mais à manche longue pour tout de même survivre à la chaleur de la journée.

Quand je descends, je regarde mon téléphone et remarque des messages de Tyler :

"On mange."

"Tu descends ? "

"On va manger sans toi."

"J'espère que t'es pas sortie en douce encore."

"T'aurais pu attendre après le repas quand même."

"J'ai dit que tu te sentais mal , ça se paiera."

Je le vois préparer son petit-déjeuner dans la cuisine et lui lance un regard amusé. Il pensait vraiment que j'étais sortie. J'imagine que l'on ne peut que s'attendre à ça avec moi. Quand je passe à côté de lui pour prendre de l'eau dans le frigo, il me regarde avec intensité. Il attend des explications, j'imagine.

" - Si tu crois que je suis sortie, j'étais sous le même toit que toi toute la nuit.

- Je sais. Je suis entré dans ta chambre. Quoi? J'ai toqué et tu ne répondais pas, réplique-t-il quand je lui lance un regard contrariée. Tu étais allongée par terre... Tu vas bien ? J'ai cru que c'était un abus de... de je-ne-sais-quoi honnêtement. Merde pas de cette manière.

- T'en fais pas pour ça. Si jamais il arrive quelque chose, ce sera pas de cette manière, je dis ironiquement. Quoi ? Je plaisantais seulement, je réplique sur le même ton que lui."

Ou pas.


Cameron 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant