Chapitre 6

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Cette fois, j'arrive en avance au lycée alors je pars m'assoir sur mon coin habituel où je fume, mais il est déjà occupé. Quand je vois par qui, je ne crois pas pouvoir m'empêcher de péter une crise.

« - Qu'est-ce que tu fais là ? A fumer qui plus est ?

- Il y a marqué Cameron quelque part ? Jolie coupe, dit-il ironiquement en se levant.

- Non. Mais tu sais que je viens toujours là. Pourquoi revenir dans ma vie alors que tu m'as lâchement abandonné ? Tu sais quoi, je m'en fous. Prends cet endroit si tu veux. La Terre est grande et il y a assez de place où tu n'es pas et où je pourrai aller.

- Très bien. Pars alors. »

J'ai la rage mais je ne le montre pas. Depuis quand fume-t-il ? J'aimais Noah car il était... Je ne sais pas, mais il m'aidait à ne pas m'enfoncer, mais il a l'air d'avoir changé. Mais après tout, je n'en ai rien à faire, il a rompu avec moi et j'ai un copain. On change tous, c'est indispensable. Pas tous pour le mieux.

Je me trouve donc un nouveau bout de muret, et j'allume ma cigarette puis enfile mes écouteurs. Je vois la voiture des jumeaux se garer, ils sortent et viennent à côté de moi. On parle de tout et de rien en attendant d'aller en cours. On entend la sonnerie et on se dirige vers notre salle quand on perçoit des gémissements de fille provenant de l'endroit où Noah était . On se regarde tous les trois, tour à tour. J'arque un sourcil et ils me sourient en hochant la tête. Discrètement, on va voir ce qu'il se passe. On découvre Noah et une fille totalement inconnue limite en train de se déshabiller sur le muret. Après, il me dit que c'est moi qui le dégoûte, moi la traînée. Je ricane intérieurement.

« - Je crois qu'on va être en retard, dit James en se raclant la gorge. »

Les tourtereaux se rendent enfin compte qu'ils sont observés et lèvent les yeux vers nous, comme qui dirait embarrassés. J'explose de rire. Ce n'est tellement pas le genre de Noah. J'en suis bouche bée, perplexe, en colère, et même triste, même si je ne le laisse pas paraître. C'est un rire franc et nerveux. Je ne sais pas quoi en penser.

« - Rester discret, c'est la règle numéro un pour ne pas être dérangés, je ricane.

- C'est vrai que toi, t'étais très discrète quand Dylan et toi, vous vous êtes embrassés dans les couloirs près des casiers. J'avoue que pour la discrétion, on peut te donner tous les points. Ah! Mais c'est vraiment dommage, parce que j'étais là. En fait, on pourrait même te mettre des points négatifs, dans ce cas. »

Je reste bloquée pendant quelques secondes ou minutes, je ne sais pas trop. La scène d'il y a quelques mois tournent en boucle dans ma tête. J'avais entendu du bruit mais je n'y avais pas prêté attention. J'ai juste cru que c'était un casier. J'imagine Noah dans les couloirs, voyant notre échange. Je reste là même après que tout le monde soit parti. C'est pour ça qu'il m'a évité puis il ne m'a plus jamais parlé. Il a cru que je le trompais. Encore. Je ne lui en veux pas d'avoir cru cela, je l'avais déjà fait, alors pourquoi pas une deuxième fois. Je me sens bête. Après dix minutes, je retourne en cours mais je suis toujours bouleversée. Je n'arrive pas à y croire. Tout ce temps, je croyais être la victime. Que je n'avais rien fait, rien à me reprocher. Je savais que c'était inévitable. Évidemment, le naturel revient au galop.

« - Jolie coiffure, Cameron.

- Oh, merci, vous aussi. »

La professeure de français est gentille mais je n'en peux plus. Elle me tape sur le système. Tout me tape sur le système. J'ai l'impression d'être à bout de nerfs. Et pourquoi ? Pour un sale type. Mais à quoi je joue ? J'ai le plus beau et cool des petits copains, ma voiture est de loin la plus belle de tout le parking du lycée et je fais la fête tous les week-ends. Quoi demander de plus ? Noah. Non. Il est devenu un imbécile de première, à s'envoyer en l'air dans la rue avec la première des inconnues.  Inspire, expire. Pourquoi est-ce que j'ai aussi chaud ? Non, ça ne va pas. Non, non, non. STOP. J'ai tourné la page, j'aime Aspen. C'est faux. Non, c'est vrai. Bon arrête de te mentir à toi-même, tu n'as pas tiré un trait sur Noah.

« - Bordel, tu vas fermer ta gueule ?

- Pardon ? demande Madame Dupuis.

- Euh... je parlais à moi-même.

- Dehors.

- Désolée. C'est vrai, je ne mens pas, je vous ju...

- Dehors, Cameron."

Merde. Je sors de la classe en me mordant la lèvre. Je regarde mon téléphone et je constate qu'il me reste beaucoup de temps avant la prochaine sonnerie. Je décide de sortir dehors. D'un coup j'ai une idée qui fuse dans ma tête. Il veut jouer à l'imbécile ? Pas de problème. Je n'ai plus besoin de lui, et je sais jouer à l'imbécile.

Cameron 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant