Chapitre 18

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Les lumières rouge et bleu ainsi que les sirènes me sortent de mon coma. J'essaye d'ouvrir les yeux mais l'épaisse masse noire qui flotte dans l'air m'en empêche. Je ne me rappelle pas de ce qu'il s'est passé, j'ai l'impression que l'on m'a frappé avec une enclume et pour couronner le tout ma bouche est aussi sèche que le désert. D'un coup tout me revient comme une gifle. La soirée. Aspen. Noah totalement ivre. La salle de bain. La fumée.

« - Il faut partir, j'essaye de crier. Il faut partir. »

Sauf que l'on ne peut entendre qu'un simple murmure. Je trouve la force d'ouvrir mes yeux, mais cette fois, ma vision est troublée par mes propres larmes. Je ne sais plus si c'est à cause du feu, de mes souvenirs ou de ma propre peur d'y rester comme mon frère et mes parents. J'arrive tout de même à apercevoir Noah qui se débat tant bien que mal, étant donné son état d'ivresse, avec la fenêtre. On ne peut plus se risquer de sortir par la porte avec les flammes qui font la promesse de nous engloutir dans les deux prochaines minutes. Je me lève et le sol tourne tellement autour de moi que je ne peux avancer qu'en m'agrippant au mur. Je l'aide avec la fenêtre et elle finit par s'ouvrir.

« - Vas-y, m'ordonne-t-il. Je te suis. »

Je regarde en dessous et je me souviens que la salle de bain ne se trouvait pas au rez de chaussé quand j'y suis allée. Nous sommes au premier étage, mais si l'un de nous tombe mal, ce ne sera pas les flammes qui nous auront tuées, seulement notre chute. Toujours mieux que le feu, si tu veux mon avis. Si on ne fait rien, on mourra dans tous les cas, la maison est énorme et les secours ne pourront pas venir nous chercher dans la minute qui suit. On n'a pas le choix.

« - Noah, je l'appelle. Regarde, je lance.

- On ne peut pas, il marmonne en secouant la tête. C'est beaucoup trop haut. Beaucoup, beaucoup trop haut. On ne va pas pouvoir le faire.

- J'en n'ai rien à foutre à quelle étage on se trouve. On peut pas rester là, à attendre de crever. JE ne peux pas rester là, à TE regarder crever ! Alors tu vas te bouger sinon je te tuerai parce qu'on va mourir tous les deux dans très peu de temps. Je ne pourrai pas supporter de voir tous les gens que j'aime mourir, d'accord ? »

Il hoche la tête lentement. Je lui montre la gouttière et il commence à descendre avec précaution. A chaque mouvement qu'il fait, je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur, comme si j'arrêtai de respirer. Il touche l'herbe après un moment qui m'a semblé interminable. Noah me hurle de commencer à descendre et qu'il court prévenir les secours qui doivent se trouver devant la maison à essayer de calmer les flammes. Je respire un grand coup avant de descendre mes pieds et de les agiter jusqu'à trouver la gouttière, tout en laissant mes mains agrippées au bord de la fenêtre. Au même moment, la porte explose, et un éclat rouge pénètre dans la salle de bain. La chaleur m'en brûle les doigts et je glisse du tuyau. J'essaye de m'y accrocher tant bien que mal, mais la chute est inévitable. C'est comme si le destin s'acharnait sur moi. Comme si, j'aurais dû mourir dans l'accident à Hawaï mais que je ne l'avais pas fait, donc je le devais maintenant. Maintenant, tout de suite, dans l'instant présent, je ne voulais pas mourir. Je voulais juste que la fête n'ait jamais eu lieu. Que l'imbécile ayant provoqué tout ça, ne l'ait pas fait. La descente me paraît éternelle. Interminable. Quand mon corps heurte le sol, j'ai l'impression que j'ai fait un allé pour le centre de la terre. Mais j'ai l'impression encore plus vive, qu'il n'y aura pas de retour.

Cameron 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant