Cameron 2

Chapitre 4

Le réveil est toujours aussi difficile mais je me dois me lever. Je mets en route ma playlist et me prépare. Je traîne sur les réseaux ce qui me rend un peu en retard, je l'avoue. Mais, depuis quelques semaines, je n'ai plus besoin d'attendre qui que ce soit vu que j'ai eu mon permis et une nouvelle voiture. C'est vraiment le seul avantage à avoir un oncle et une tante comme j'ai : ils sont plutôt riches. Ils ont voulu me récompenser pour mon comportement et mes notes exemplaires. Mais c'est qu'ils ne savent pas tout. Je me dépêche de me rendre au lycée et arrive en même temps que la sonnerie dans ma salle de classe. Je hoche la tête pour dire bonjour au professeur de maths et vais m'assoir.

« - Attendez, Miller. J'ai fait un plan de classe, certaines personnes parlaient trop à mon goût, dit l'enseignant en ayant un regard pour le groupe d'amis de mes cousins. »

Mais, je ne veux pas changer de place, moi ! Ma place est vraiment parfaite, deux tables rien que pour moi, à côté de la fenêtre, au fond et pas loin du radiateur en cas de besoin. Je souffle et me retourne.

« - Et, où est-ce que vous m'avez placée ?

- Vous gardez votre place mais Mr. Smith vient à côté de vous. »

Mr. Smith vient à côté de moi. Je mets un temps avant de digérer l'information. Noah, pas plus content que moi de ce changement, s'assoit avec toute la mauvaise volonté du monde. Tant qu'il ne me parle pas tout va bien. J'ai l'impression de revenir au premier jour et ça me fait tout bizarre de repenser à comment les choses ont tourné depuis. Je sors mes affaires et pose mon téléphone derrière ma trousse et enfile un de mes écouteurs sans fil. Je place correctement mes cheveux devant pour qu'on n'y voit que du feu et j'aperçois Noah me regarder. Il se retourne dès que je lui lance un « quoi ? » plutôt agressif et je prends le temps de le détailler. J'ai l'impression qu'il a beaucoup changé depuis qu'il a arrêté de me parler sans raison. Sa mâchoire est plus tranchante, ses yeux moins souriants et sa musculature plus développée. Son style est toujours le même, assez je-m'en-foutiste. Par exemple, nous sommes en hiver et même si c'est l'hiver californien, les températures sont relativement basses, il porte un t-shirt à manche courte noir et un jean noir. Je remarque sa mâchoire qui se contracte quand il me voit l'observer sans pression alors il m'imite et me lance un « quoi ? » tout aussi agressif que le mien.

« - Je t'observe. Un problème ? je ricane.

- Ouais, ça m'en pose un.

- Ah ouais ? Lequel ?

- Tu crois vraiment que j'ai envie de te parler, connasse ?

- Oh, j'ai peur ! je feins. Tu crois que ça m'atteint, des insultes que je ne mérite pas, chéri ?

- Je ne le fais pas sans aucune raison, t'es juste une traînée.

- Ah ouais ? Bah explique-moi, parce que j'ai passé deux ou trois semaines à me demander ce que j'avais fait.

- Sauf qu'après trois semaines, t'es quand même tombée dans les bras d'un autre garçon, c'est peut-être que j'étais pas si important que ça, il ricane.

- Oh, mais c'est que tu t'intéresses à ma vie, maintenant ?

- J'ai toujours été là pour toi, Cameron. A dormir par terre à côté de toi, parce que tu avais presque fait une overdose ou à te tenir les cheveux quand tu vomissais parce que tu tiens pas l'alcool mais tu t'entêtes ! Alors ne rajoute pas le 'maintenant' parce que je me suis plus intéressé à ta vie que toi à la mienne, il chuchote agressivement.

- Oh, c'est vrai que c'est moi qui ai arrêté de te parler sans raison alors que tout allait bien. C'est moi qui t'ai claqué la porte au nez quand tu es venu t'expliquer avec moi.

- Je ne l'ai pas fait sans raison, dit-il en haussant la voix. Peut-être que si tu n'avais pas em...

- On vous dérange ? demande le professeur. Parce qu'on peut arrêter le cours pour vous écouter. Peut-être que vos disputes de couple deviendront plus intéressantes que mon cours ?

- On n'est pas ensemble, bordel, souffle Noah.

- Très bien, alors Mr. Smith venez faire l'équation au tableau. »

Il se lève en me jetant un regard accusateur et réalise l'équation sans problème.

« - Maintenant, arrête de me parler, t'es juste une connasse. »

Je ne trouve pas de riposte à ça. Ce n'est que la pure vérité.