MONSIEUR GÓMEZ (TOME 2)

CHAPITRE 1

ELIA

Je ne sais pas comment ma voiture est arrivée jusque chez Cassidy en un seul morceau, mais moi, je suis anéantie. J'ai beau me repasser la scène un million de fois dans ma tête, je ne comprends toujours rien. La seule chose que je retiens, c'est que Gus a été faux avec moi depuis le début. Il ne m'a jamais aimé, même un peu. Je n'ai été qu'un pion pour je ne sais quel jeu tordu. Pourquoi avoir joué la comédie avec moi tout ce temps seulement pour parler à ma mère ? Et qu'est-ce qu'elle ne m'a pas dit ? Je suis complètement perdue, et brisée. Oui, jamais je ne me suis sentie aussi mal.

- Elia ?

C'est Ian qui m'ouvre la porte. J'ai tellement la vue brouillée que je n'arrive pas à voir clairement son visage. J'en viens à me demander ce que je fais ici. Je n'ai envie de voir personne. Je ne veux qu'une chose : me réveiller de ce cauchemar. Et d’ailleurs, peut-être que Cassidy n’est pas rentré du travail ?

- Euh, salut...

- Rentre, viens.

Je sens sa main m'encercler le poignet avant qu'il ne me tire à l'intérieur. Je le suis difficilement alors que j'entends Cassidy demander qui c'est au loin. Elle est sûrement aux toilettes.

- Elia ?

Elle vient justement d'apparaître dans le couloir à ma droite. Je n'ai pas le temps de me tourner qu'elle me prend déjà dans ses bras. C'en est trop pour moi, je fonds en larmes contre son épaule. Je sens sa main me caresser le dos alors que je suis incapable d'ouvrir les yeux plus d'une seconde. Je me sens trahie et humiliée et surtout, j'ai le cœur brisé en mille morceaux.

- Je vous laisse, euh...

Je sens Cassidy bouger les bras, sûrement pour communiquer avec Ian. J'apprécie vraiment qu'elle ne me pose pas de questions, même si je sais que je vais avoir droit à un interrogatoire approfondi d'ici quelques minutes. Le pire, c'est que je ne sais même pas ce que je vais lui dire. Je ne comprends vraiment rien à ce qui est en train de m'arriver. Tout ce que je sais, c'est que je suis maintenant seule.

***

- Tiens, tu es gelée.

J'attrape le plaid que Cassidy me tend. J'ai tellement froid que mes dents ne font que claquer entre elles. C'est bizarre, puisqu'il doit faire au moins trente degrés. Elle me tend aussi le paquet de mouchoirs pour la vingtième fois depuis tout à l'heure même si mes larmes ont enfin arrêté de couler.

- Merci.

Je ne sais pas pendant combien de temps j'ai pleuré dans ses bras, mais j'ai quand même eu le temps de tremper presque entièrement son T-shirt.

- Je suis désole.

- Pour ? elle me lance, en s'asseyant en face de moi sur le canapé.

- Pour ton T-shirt.

Elle baisse les yeux sur le vêtement en question avant de hausser les épaules.

- Ian ! elle crie alors à travers le salon. Tu peux me ramener un haut ?

- Tout de suite ! j'entends Ian crier, à l'étage.

Je souris faiblement avant d'essuyer mes joues sèches. Ça fait du bien de ne plus pleurer, même si je sais que ça ne va pas tarder à recommencer. Ian arrive sur la dernière marche et je baisse les yeux pendant qu'il dépose un pull à capuche sur le dossier du canapé.

- Merci, chéri.

- Si vous avez besoin, je suis dans la salle de muscu’.

Il disparaît de nouveau dans les escaliers et je lève les yeux vers Cassidy qui retire son T-shirt.