MONSIEUR GÓMEZ (TOME 2)

CHAPITRE 46

ELIA

Mes yeux avaient du mal à s'ouvrir tellement ils étaient gonflés. Je les plissais puis les baissais, sentant un poids appuyer contre mon flanc. C'était le bras de Gus. J'entendais sa respiration profonde contre mon oreille. J'essayais de bouger le moins possible pour ne pas le réveiller. Et puis les derniers évènements me revenaient en mémoire. Je ne savais pas depuis combien de temps je dormais, mais le sommeil ne m'avait pas aidé à oublier ce qu'il s'était passé ici la nuit dernière. Même si Gus avait essayé de me rassurer, je ne l'étais pas pour autant. Des gens avaient été tués dans cette maison. Des gens que je ne connaissais pas et dont j'ignorais la raison de leur présence ici. Je ne savais pas si Gus avait eu des réponses. Je m'étais sûrement endormie lorsqu'il avait quitté la chambre. Je ne l'avais même pas senti se coller à moi.

Je fermais les yeux une courte seconde avant de lever légèrement le bras pour entrelacer mes doigts aux siens. Il bougeait légèrement et je fermais les yeux, par peur de le réveiller. Je ne savais plus du tout où j'en étais. Jamais je n'avais eu autant peur de toute ma vie. Quand j'avais entendu les coups de feu, j'avais tout de suite cru que j'allais mourir. Tout s'était bousculé dans ma tête et quand j'avais vu le sang sur la chemise de Nash, je m'étais évanouie. La première chose à laquelle j'ai pensé en me réveillant, c'était mon bébé. J'avais eu peur de mourir avant même de le connaître. Voilà pourquoi j'étais encore plus énervée contre Gus. Je ne voulais pas lui dire tout de suite, car j'ignorais encore si c'était une bonne idée de le suivre à Acapulco. Jamais je n'avais aimé une personne autant que j'aime Gus, mais, est-ce que c'était suffisant, au point de mettre ma vie en danger constamment ? Il fallait que j'en sache plus sur les hommes qui étaient entrés ici.

Je levais doucement mon bras pour attraper mon portable sur la table de nuit. L'heure affichait dix-huit heures trente. J'avais dormis plus de six heures. Je le reposais, penchant légèrement la tête pour regarder Gus. Il était bien accroché à moi, si bien que je ne pouvais pas me lever pour aller aux toilettes, alors que j'en crevais d'envie. Mon ventre criait aussi famine. Je n'avais presque rien mangé depuis ces deux derniers jours, et ça se ressentait. Il fallait absolument que je mange.

– Mmh...

Je grimaçais en sentant Gus resserrer sa prise sur mes doigts. Il me faisait mal. Je bougeais un peu, arrivant à le réveiller. Il lâchait doucement mes doigts avant de s'étirer. Les battements de mon cœur accéléraient. Bizarrement, mon esprit était complètement vide. Je n'arrivais même pas à savoir si j'étais triste ou non.

– Tu es réveillée depuis longtemps ? Me demandait-il d'une voix à moitié endormie.

Pendant un moment, je me demandais s'il se souvenait de ce qu'il s'était passé un peu plus tôt dans la journée. Il roulait sur le côté et je me tournais complètement pour poser ma main sur son torse.

– Non, une minute à peine.

– Comment tu te sens ?

Je haussais les épaules.

– Je ne sais pas. Je crois que ça va déjà mieux.

– J'ai limpression que ton visage à repris quelques couleurs.

Il levait le bras pour me caresser la joue et je me laissais faire. Il faisait très sombre dans la chambre, alors je me demandais bien comment il pouvait voir clairement l'état de ma tête.

– Est-ce que tu as faim ?

– Oh, oui.

Il souriait, ravi de ma réponse. Il croyait que j'avais déjà oublié tout ce qu'il s'était passé ou il voulait simplement éviter de m'en parler ?