MONSIEUR GÓMEZ (TOME 2)

CHAPITRE 69

ELIA

C'était avec surprise que je découvrais Gus dans le lit ce matin. Je pensais que comme la plupart du temps, j'allais me réveiller seule tout en me demandant où il avait bien pu aller. Il ne dormait pas. Il était sur son téléphone, parfaitement concentré.

Je me redressais un peu plus pour lui signaler que je ne dormais plus. Son regard sombre croisait le mien et je me forçais à sourire. Les éléments de la veille me revenaient peu à peu en mémoire.

- Tu as bien dormi ? Me demandait-il tout en vérouillant son téléphone.

Il le posait sur la table de nuit juste à côté de lui et je retenais ma respiration. Je me rappelais m'être endormie rapidement hier soir, malgré tout ce que j'avais en tête.

- Ça va.

J'évitais son regard alors qu'il m'attirait contre son torse brûlant. Je me demandais quelle heure il était et pourquoi il était encore dans le lit. Peut-être étais-ce encore tôt ? En tout cas, j'étais rassurée de le voir ici et son contact me faisait du bien. Je me sentais toujours en sécurité dans ses bras, même si cette fois, c'était différent.

- Tu as mal dormi ?

- Ça va.

Je passais une main sous mon petit ventre qui me tirait un peu avant de poser une main sur les abdos de Gus. Je me sentais bizarre.

- Pourquoi tu n'es pas sorti ?

- Il n'est que huit heures passé, j'ai toute la journée pour bouger.

Sa main jouait avec mes cheveux pendant que je fixais son nombril. Je n'avais pas envie qu'il sorte. J'avais peur pour lui autant que J'avais peur pour moi. Quelqu'un me voulait du mal, et même si c'était une sorte de blague, j'étais loin de prendre ça à la rigolade. Je m'inquiétais énormément et il n'était plus question que je sorte de la maison pendant ces prochains jours. J'avais même du mal à croire que le mariage allait avoir lieu dans quelques jours.

- Tu veux faire quelque chose, aujourd'hui ?

- Pourquoi, tu comptes rester avec moi ? Je répondais en levant les yeux vers lui.

- Je fais tout ce que tu voudras.

Je retenais ma respiration tout en me retenant de soupirer. J'étais partagée entre le fait de vouloir qu'il trouve qui avait laissé cette photo et lui demander de rester avec moi dans le lit toute la journée. J'avais besoin qu'il me réconforte, même si je voulais régler cette histoire au plus vite.

- Mon père pourra se passer de moi aujourd'hui, je vais passer un peu de temps avec toi, sauf si tu veux rester seule avec ta mère, mais, je pense que c'est mieux qu'elle ne soit pas au courant pour la photo.

- Je le pense aussi.

Sa main esquintée arrivait justement dans mon champ de vision. Du sang séché recouvrait ses phalanges sur la face dorsale de sa main et je fermais les yeux. Qu'est-ce qu'il avait fait exactement ?

- Qui est-ce que tu as frappé ?

- Quoi ?

- Tu m'as bien entendu.

- George Sanchez, José Sanchez et Ricardo Tavares. Ils sont copropriétaires de petits commerces en ville. Me répondait-il en soupirant.

- Est-ce que tu les as frappés à cause de cette photo ?

Il prenait une grande inspiration, posant sa main libre sur mon épaule pour me tirer sur le côté. Je rencontrais ses yeux foncés qui semblaient lire à travers moi.