CHAPITRE 16

2.2K 136 8
                                    

ELIA

Je n'arrivais pas à croire que cela faisait seulement deux mois qu'on se connaissait. Le temps passait tellement vite, mais j'avais tellement l'impression de le connaître depuis toujours, comme si on était vraiment fait pour être ensemble. Je ne savais pas ce qui m'attendait dans les prochains jours, mais savoir qu'il avait acheté une maison ici pour être sûre de me rendre heureuse et que je ne manque de rien me touchait au plus profond de mon être. Il cherchait à prendre soin de moi, quelle que soit ma décision. Si sa vie n'était pas aussi compliquée, j'aurais arrêté de réfléchir depuis longtemps.

– A quoi penses-tu ?

Sa voix calme et douce me sortait de mes pensées. Je continuais de caresser ses abdos tout en fixant le mur devant moi. Je ne savais pas depuis combien de temps on était allongé, enlacé l'un dans l'autre, mais jamais je ne m'étais sentie aussi bien, aussi sereine.

– A tout ce qui m'est arrivé depuis ces deux derniers mois.

Il arrêtait de caresser mes cheveux, sûrement parce que je n'avais pas assez dit d'informations pour le rassurer dans mes paroles. Je m'appuyais sur son ventre pour me redresser. Il avait les sourcils froncés. Je ne savais pas à quoi il pensait, mais je souriais pour le décrisper.

– Tu as croisé ma route et ma vie à complètement changée.

– C'est une mauvaise chose ?

– Non. Dis-je en posant ma main sur son pectoral gauche pour caresser son tatouage.

– Alors qu'est-ce que tu regrettes ?

– Que tu ais cette vie-là. Dis-je en évitant son regard.

– Quelle vie ?

– Tu le sais très bien. Dis-je en me retenant de soupirer.

Sa main venait caresser ma joue et je fermais les yeux. Ses doigts se posaient sous mon menton.

– Attends de rentrer avec moi avant de juger. La vie à Acapulco n'est pas du tout la même qu'ici.

– Et c'est ce qui me fait peur.

Sa main se pressait légèrement sur mon épaule. Il se retenait de soupirer, je le savais. Je n'étais pas décidée à changer de sujet juste pour lui rendre la tâche plus facile.

– Je suis sûr que tu vas t'y plaire. Disait-il finalement.

– Pourquoi tu en es aussi sûr ?

– Parce que ta vie ne sera pas si différente de celle que tu as ici. Tu auras tout ce dont tu as besoin. Et je sais que tu m'aimes assez pour supporter la vie que je peux t'offrir.

Je grimpais un peu plus haut pour que nos visages se retrouvent en face en face. Il ne me quittait pas des yeux, cherchant désespérément à trouver une réponse sur mon visage. J'espérais qu'il n'arrivait plus à lire en moi aussi facilement qu'avant. Je voulais me sentir aussi puissante que lui.

– Et quelle vie peux-tu m'offrir ? Je disais en posant mes doigts sur sa joue pour caresser sa barbe naissante.

– Je te donnerais tout ce dont tu as besoins.

– Tout ce que je veux ?

– Tu n'as qu'à me demander ce que tu veux.

Est-ce qu'un jour tu voudrais des enfants ? Cette question me brûlait les lèvres, mais je n'arrivais pas à la dire à haute voix. J'avais trop peur d'être déçue. Il n'y a pas encore trois mois, j'imaginais ma vie future. Je pensais que j'allais avoir une vie stable, avec un mari et deux enfants merveilleux, avec mon travail et mes activités. Je me voyais faire carrière dans la même boîte où je travaillais actuellement, et me rendre à la danse le soir pour m'occuper des filles. J'avais complètement failli à ma tâche. Je n'étais pas retournée à la danse depuis un moment, et les filles devaient vraiment être déçues de mon comportement. Est-ce qu'elles m'en voulaient ? Est-ce que j'étais prête à les abandonner définitivement pour quitter le pays ? A part dire que je pouvais tout avoir, il ne me disait pas ce qu'il pouvait m'offrir lui.

MONSIEUR GÓMEZ (TOME 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant