CHAPITRE 43

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ELIA

Je ne pensais pas pouvoir autant flipper un jour de rentrer chez moi et d'affronter ma mère. Voilà cinq minutes que j'étais garée devant le portail ouvert et je n'arrivais pas à trouver le courage de descendre pour aller lui parler. Elle savait que je venais, mais elle n'était sûrement pas prête à entendre ce que j'avais à lui dire. Non seulement j'allais lui dire que j'allais m'installer à Acapulco, mais j'allais également lui annoncer ma grossesse, qui j'en suis sûre, allait être tout sauf une bonne nouvelle pour elle. Je me demandais même si j'allais lui dire. Après tout, seulement Cassidy le savait.

Je descendais de la voiture, soupirais un coup pour me donner du courage, avant d'entrer dans la cour. C'était fou, voilà douze ans que je vivais ici et je ne me sentais déjà plus chez moi. J'entrais sans frapper avant d'annoncer mon arrivée.

– Ah, Elia !

Elle sortait de la cuisine, un tablier autour de la taille. Ça sentait la viande grillée. La voir avancer vers moi me faisait encore plus stresser. J'allais passé un mauvais quart d'heure, si ce n'est pas plus...

– Pourquoi tu fais cette tête ?

Elle m'embrassait sur la joue avant de me regarder minutieusement. Si elle savait ce que je lui cachais...

– Ça va ?

– Oui, pardon. C'est juste que j'ai l'impression de ne pas être venu ici depuis un siècle.

– En même temps, tu as décidé de quitter la maison. Me disait-elle avant de retourner en cuisine.

Je levais les yeux au ciel avant de la suivre. L'odeur de grillé me donnait presque le vertige, et je sentais mon estomac protester.

– Alors, comment c'était Acapulco ?

Elle contournait la table pour se mettre en face de moi et finissais de couper les courgettes en rondelles.

– C'était super. Dis-je en souriant.

– Ah oui ?

Elle levait les yeux vers moi et je retenais ma respiration. Il fallait aller droit au but avec elle, parce qu'elle allait creuser jusqu'à obtenir des réponses.

– J'ai donné ma lettre de démission lundi.

– Quoi ?

– Je pars m'installer à Acapulco dès la fin de mon contrat.

Elle baissait les bras avant de poser brusquement son couteau sur la planche à découper. Mon cœur battait à mille à l'heure.

– Tu n'es pas sérieuse, Elia ?

– Bien sûr que si maman, je l'aime.

– Tu l'aimes ? Est-ce que tu es vraiment allé à Acapulco ? Est-ce que tu sais la vie qu'ils mènent tous, là-bas, à cause de gens comme Augustino ou Enrique ? Ce n'est pas une vie pour toi, Elia. Je ne peux pas te voir quitter Miami pour vivre dans cette ville de malheur. Tu ne sais pas quel danger tu risques.

– J'ai envie d'essayer.

– Tu as envie d'essayer ? Je crois que ton cher Augustino te vend du rêve. Si lui t'aimais vraiment, il pourrait au moins avoir la décence de t'épargner cette vie là.

Je baissais la tête, sentant mon sang bouillir dans mes veines. Je détestais quand elle parlait de Gus. Elle ne le connaissait pas et elle se permettait de le juger. Je le connaissais mieux que personne.

– Tous les membres de cette famille sont des machos. Tu ne trouveras jamais ta place parmi eux. Je ne sais pas quelle idée tu as dans la tête, mais je t'en pris, repose les pieds sur terre avant qu'il ne soit trop tard. Tu ne peux pas partir là-b...

MONSIEUR GÓMEZ (TOME 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant