Chapitre 8

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Il fallait impérativement qu'il trouve quelque chose d'intelligent à dire. Déjà parce qu'il estimait qu'il pouvait avoir une certaine influence sur le petit garçon, et qu'il préférait qu'elle soit bonne, et aussi, parce qu'il était devant sa mère, et qu'il jugeait bon de ne pas dire n'importe quoi. Son cerveau carburait vraiment à plein régime. Il n'était pas en colère contre Milo, il avait compris que le gamin culpabilisait déjà suffisamment comme ça, mais il sentait qu'il devait faire quelque chose pour lui passer l'envie de recommencer. Et puis il avait besoin de comprendre pourquoi un garçon si calme et si réfléchi avait pu s'abaisser à venir lui voler cette montre dans son propre appartement. Il ne le connaissait que depuis très peu de temps, mais il pouvait affirmer que ça ne lui ressemblait pas. Il n'avait pas du tout l'allure ni le profil d'un futur délinquant, et surtout, il lui avait semblé qu'il appréciait les moments passés en sa compagnie.

Le petit garçon était toujours face à lui, il devait prononcer quelques mots, s'il ne voulait pas que mère et fils tombent d'angoisse à ses pieds.

- Eh Milo, ça se fait grave pas de voler les affaires des gens... Il disait doucement en reprenant son bien. Mais je te trouve courageux d'être venu me la rendre.

- Tu sais, je comprendrais que tu veuilles plus t'en occuper le soir. Je suis tellement, tellement désolée...

- Ca va, il a tué personne non plus. Il la coupait, sans agressivité. Tu le feras plus jamais, pas vrai ? Il demandait à Milo, qui relevait lentement la tête vers lui.

- Plus jamais. De toute ma vie.

- Pourquoi t'as fais ça ? Il poursuivait.

- Mon copain m'a dit que ça valait beaucoup de sous... Répliquait Milo honteusement

Il savait ce que c'était. Il avait été dans sa situation. Se sentir dans l'obligation de flirter avec les limites dans le but d'apaiser un peu le quotidien de sa famille, il connaissait bien. Ce qu'il comprenait de la situation, c'était qu'ils étaient suffisamment en galère d'argent pour qu'il cherche des solutions tout seul. Léo lui avait dit qu'elle n'avait pas les moyens de payer quelqu'un pour garder son fils, et maintenant Milo venait dérober un bijou de valeur dans le but de le revendre. C'était clair comme de l'eau de roche, ils manquaient de tout. Et il n'aimait pas ça.

- C'est vrai. Mais elle est à moi. C'est pas bien de venir chez moi pour me piquer mes affaires. J'ai travaillé dur pour la payer. Il expliquait, en omettant volontairement de lui préciser que l'argent qu'il avait utilisé venait des petits trafics auxquels il se livrait quelques années auparavant.

- Je sais. Pardon. J'ai pas pensé à tout ça...

- Je te pardonne. Mais me refait plus jamais un coup pareil. Il lui ordonnait en essayant de se montrer faussement menaçant.

Léo était plus que surprise par le calme dont il faisait preuve. Elle avait eu du mal à l'imaginer se mettre à hurler contre son fils, mais elle n'aurait pas misé sur autant de sérénité et de compréhension. Elle trouvait sa réaction très mature, elle avait aimé la manière à la fois bienveillante et ferme avec laquelle il s'était adressé à son fils. Les deux garçons étaient postés l'un en face de l'autre, Milo le regardait comme s'il avait eu une apparition divine tant le dénouement lui semblait inespéré, et Mathieu lui accordait un regard plutôt doux que dur. Ils décidaient de sceller leur pacte en cognant leurs poings virilement, ce qui provoquait un sourire timide chez la jeune femme.

Malgré tout, elle ne parvenait pas à se résoudre à en rester là. Elle voulait encore s'excuser, s'assurer qu'il n'était vraiment pas en colère contre lui. Elle se sentait responsable, et c'était le cas dans le fond, des agissements de son fils, et il lui fallait se justifier.

SOLEIL DE DÉCEMBRE [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant