Chapitre 20

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La chaleur de son corps lui atteignait le coeur. Sa main lui caressait délicatement les cheveux et sa bouche déposait de très légers baisers sur son crâne. Pudique, presque imperçeptible, mais si doux pourtant. Elle, elle s'accrochait à lui comme on s'accroche à une bouée de sauvetage en plein naufrage.

Elle n'aurait pas imaginé avoir envie d'une telle proximité avec un homme après ce qui venait de se passer, mais avec lui, elle commençait à ne plus pouvoir le nier, c'était différent. Assis côte à côte, elle était obligée de littéralement se tordre pour prolonger ce contact, mais finalement, ça n'avait rien de déplaisant. Bien au contraire. C’était rassurant. Son bras était enroulé autour d'elle, et formait comme une bulle protectrice et impénétrable. Elle n’oubliait rien, ni de sa situation, ni du comportement de Stéphane, ni de son potentiel retour dans les rangs des chômeurs, mais ça lui semblait, dans l’immédiat, assez supportable. Elle était en sécurité, au creux de ses bras, elle n'avait aucun doute là dessus.

Il était jeune, certes. Il ne menait pas la même vie qu’elle, certes. Il était, comparé à elle, immature sur certains points, certes. Mais son attitude face à ses problèmes, sa manière de prendre les choses en main, sa bienveillance lorsqu'elle se confiait à lui, lui prouvaient qu'il était exactement le point d'ancrage dont elle avait besoin. Elle avait bien compris qu’il avait différentes facettes, mais cette facette là était de loin sa préférée. Elle n’était pas sûre de mériter que l’on soit si attentionnée, mais elle acceptait de se faire un petit peu cajoler.

- Merci Mathieu... murmurait-elle, sans être certaine qu’il puisse l’entendre.

- C'est normal... Répondait-il sur la même fréquence.

- Non, c'est pas si normal que ça. On est des inconnus pour toi, aprés tour, et pourtant tu es super impliqué dans nos vies... Je sais pas pourquoi tu fais tout ça, mais ça m'aide beaucoup. Alors merci.

En prononçant ses mots, Léo relevait son visage vers celui de Mathieu. Elle se trouvait désormais à quelques centimètres de lui. Elle était si proche, qu'elle sentait son souffle sur sa joue. Elle n'avait même pas envie de goûter à ses lèvres, pourtant si attirantes. Elle voulait juste apprécier sa présence, consciente que ce moment un peu hors du temps ne pouvait pas durer des heures. Elle se rassurait en revanche en se répétant que qu'il soit un ami ou qu'il devienne plus que ça, quoi qu'il arrive, elle savait qu'il serait un soutien infaillible, et elle aimait ça.

- Je sais pas pourquoi non plus... Je sais pas comment l'expliquer. Vous méritez pas ce qui vous arrive, c'est tout. Je sais que vous allez vous en sortir, et si vous avez besoin d'aide pour ça, je suis là.

- Je vais te dire quelque chose d'horrible... Elle soufflait en fermant les yeux. Parfois je me dis qu'il aurait été mieux que je rencontre jamais le père de Milo. J'aurais pas eu Milo, mais j'aurais pas eu à lui faire subir tout ça non plus. Je suis pas la mère que j'aurais voulu être pour lui. Je regrette que ça se passe comme ça, j'aurais voulu lui offrir tellement plus…

Léo avait eu du mal à terminer sa phrase tellement sa voix était devenue tremblante. Elle n'avait jamais verbalisé à ce point ces souffrances et ses remords, mais la confiance qu'elle avait envers Mathieu lui permettait de se libérer. Ca faisait autant de mal que de bien. Ca faisait du bien parce qu'en verbalisant, elle s'enlevait un poids bien trop pesant de ses épaules. Ca faisait du mal parce qu'en verbalisant, elle matérialisait ses pensées les plus sombres, et les entendre sortir de sa bouche ne faisait que les rendre plus réelles et plus atroces.

Le jeune homme ne trouvait rien de pertinant à répondre à ça. Il savait qu'il n'était absolument pas utile de lui maintenir que non, elle n'était pas une mauvaise mère. Ca n'aurait servi à rien, il ne lui aurait pas fait changer d'avis en quelques mots ou quelques phrases. Il n'était pas capable non plus de confirmer ses dires, dans la mesure où il n'était absolument pas d'accord avec ce qu’elle venait d’énoncee. Alors il se contentait d'exercer une pression un peu plus forte, pour qu'elle replace son visage contre lui. Un câlin, voilà tout ce qu'il était en mesure de l'offrir.

SOLEIL DE DÉCEMBRE [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant