Chapitre 18

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Il faisait vraiment un temps de chien. Une pluie torrentielle s'abattait sur le bitume Parisien, ce à quoi s'ajoutaient des rafales de vent à décorner un bœuf et un froid presque polaire. L'ambiance était terriblement maussade et pesante, et la nuit semblait déjà quasiment installée.

Mathieu observait l'eau se jeter sur ses fenêtres, une cigarette presque entièrement consumée à la main. Après avoir bu un café, passé un coup de fil à Antoine, son manager et traîné un peu sur ses réseaux sociaux, il orientait son regard vers sa montre. Il était presque 16h00.

Sans trop réfléchir, puisqu'au fond, ça lui semblait tout bonnement logique et impensable de faire les choses autrement, il attrapait une veste à capuche, sa sacoche, et ses clés de voiture, avec une seule idée en tête. Milo ne pouvait pas rentrer sous la pluie alors qu'il pouvait aller le chercher. Il se sentait un peu responsable de ce gamin, au fond. Et quand on est responsable d'un gamin, on ne le laisse pas rentrer de l'école à pieds sous des trombes d'eau. Il n'avait pourtant officiellement aucun rôle défini dans la vie du petit-garçon, mais c'était presque instinctif. Il voulait être présent pour lui, et ça passait pas le fait de ne pas le laisser rentrer trempé jusqu'aux os.

Le trajet ne durait que quelques minutes, mais c'était suffisant pour gamberger. Deux jours plus tôt, Léo avait croisé Alice, et ça lui pesait lourd sur le cœur. Il aurait voulu, le soir même, implicitement promettre à la jeune femme qu'Alice ne comptait pas, et qu'elle ne compterait jamais, mais la jeune femme avait gardé ses distances et réinstauré un climat courtois mais sans âme. Un pas en avant. Dix pas en arrière. Voilà tout ce qui lui venait en tête quand il réfléchissait à leur relation. Il en arrivait à se demander si ce n'était pas ça, finalement, qui l'attirait chez elle. L'inaccessible. L'impossible. Puis il la visualisait, il revivait certains de leurs moments de rire, il entendait sa voix, et il changeait vite d'avis. Elle lui plaisait, et c'était bien plus fort qu'un simple caprice pour une femme qu'il ne pouvait pas avoir. Léo n'était pas un caprice.

La sonnerie de son téléphone, connecté aux haut-parleurs de sa voiture, l'obligeait à se reconcentrer sur la route.

- Ouais Ormaz. Bien ?

- Nickel et toi ? Qu'est-ce que tu fous ? On se rejoint chez Elyo pour mater le match. Tu viens ?

- Je viens plus tard.

- A quelle heure ?

- Vers 21h30. Il indiquait, avec la ferme volonté d'attendre le retour de Léo pour décoller.

- Bah... non mec, tu vas rater le début du match. Rétorquait Ormaz, plus que surpris par la réponse de Mathieu.

- Vas-y c'pas grave, je viens quand je peux. Je te laisse j'suis arrivé.

- Mais t'es où ?

- A l'école, je vais récupérer Milo.

- Sérieux ? Tu fais toujours le babysitter pour ta voisine ? Il se moquait maintenant ouvertement. Attends, attends, attends, il se reprenait. Mais c'est pour ça que tu viens tard ?

- Ouais, vas-y moque toi, je t'en prie. Aller, à ce soir.

- Non mais attends...

Il ne le laissait pas poursuivre, et raccrochait. Il n'avait pas du tout envie de se justifier, ou de s'entendre dire qu'il faisait n'importe quoi, ou d'écouter des remarques lourdingues sur sa voisine.

Il tentait de se garer convenablement dans un premier temps, mais le mauvais temps provoquait un affluence considérable à proximité de l'établissement. Il faisait finalement le choix de rester un peu au milieu, en laissant à peine la place aux autres automobilistes de passer, histoire d'être sûr de ne pas rater la sortie de Milo, en prenant soin d'ignorer les coups klaxons qui lui étaient destinés.

SOLEIL DE DÉCEMBRE [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant