Chapitre 29

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La dernière chose que Léo souhaitait, c'était de vivre dans une atmosphère de doute et de suspicion. Son départ, ses non-dits, leur douloureuse séparation, et enfin leurs retrouvailles, mettaient la confiance au centre de leur relation. S'il n'y avait pas de confiance, il ne pouvait y avoir de relation saine entre eux. Elle lui demandait de la croire, de ne pas la suspecter de mentir ou de lui cacher des choses, et elle était déterminée à s'appliquer tout ça à elle-même aussi. Elle avait passé une soirée qu'elle avait profondément détestée. Pas uniquement parce qu'elle s'était pris en pleine face les agissements douteux de Mathieu, et qu'elle avait eu beaucoup de mal à encaisser l'image de Mathieu dans le lit de cette fille, mais également parce qu'une fois encore, elle avait pris conscience des dégâts irréversibles qu'elle avait causés. Tout était lié. L'effet papillon dans toute sa splendeur. Un battement d'aile de papillon d'un côté du globe peut provoquer des tempêtes de l'autre côté. Et bien, dans leur cas, c'était pareil. Sauf que son départ n'avait rien eu d'une battement d'aile délicat et gracieux. Le point de départ était une violente tempête, et elle réalisait combien les conséquences étaient violentes à leur tour.

Mais elle n'avait pas menti en disant qu'elle se sentait suffisamment forte pour surmonter la montagne d'obstacles qui se dressait devant eux. Elle était prête à assumer, à se remettre en question, à agir avec recul et réflexion. Parce qu'elle aimait Mathieu comme une dingue, et qu'elle estimait que le jeu en valait la chandelle. Elle avait depuis longtemps le sentiment profond que cet amour méritait tous les sacrifices, et quand elle le regardait, tout se confirmait. Tout les avait opposés, ils avaient connu la plénitude puis l'horreur du manque et de la séparation, alors maintenant qu'ils s'étaient retrouvés, plus rien n'était trop grand ou trop difficile pour être franchi.

Ce soir-là, elle avait eu du mal à trouver le sommeil. Mathieu s'était appliqué à lui prouver son amour avec autant de passion et de puissance qu'il le pouvait, dès lors qu'ils avaient franchi la porte de son appartement. Il lui avait fait l'amour en lui murmurant combien elle était belle et combien il l'aimait, pour qu'elle n'en doute plus jamais. Il l'aimait, à un point indicible, indescriptible. Il avait eu l'ignoble crainte de la perdre en voyant Alice arriver. Il avait agit comme un con, guidé par sa souffrance et ses contradictions, et il le savait. Il avait voulu se prouver qu'il était capable de toucher une autre femme, de jouir avec une autre femme, d'oublier Léo l'espace d'une heure. Mais la vérité, c'est qu'à chaque fois qu'il avait essayé, il avait été pris de nausée l'instant d'après. Le dégoût qu'il avait ressenti pour lui même, la honte, le chagrin, tout était toujours plus fort dès qu'il rentrait chez lui. Mais maintenant, c'est bien Léo qui agrippait les draps entre ses doigts quand il s'appliquait à lui faire atteindre les astres, et il avait pleinement conscience du trésor que ça représentait.

Tout ça, elle le comprenait bien, Léo. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de se reprocher d'avoir provoqué ce bordel monstrueux. Elle voyait les efforts qu'il fournissait, et elle ne l'en aimait que plus fort. Mais le sommeil avait eu du mal à venir quand même. Parce que tout était encore si fragile.

******

- Ça va ? Demandait Mathieu d'une voix encore ensommeillée. T'as bien dormi ?

- Pas assez, elle rétorquait en baillant bruyamment.

- C'est à cause de moi hein ? Parce que j'ai déconné avec Alice...

- Non, elle embrassait doucement son épaule pour le rassurer. C'est à cause de personne. Je réfléchissais juste.

- Si ça va pas tu me dis, Léo. J'veux dire, attends pas que ça soit trop tard...

- T'en fais pas, j'ai retenu la leçon, crois moi.

La discussion s'arrêtait là et les bras musclés et tatoués de Mathieu, en s'enroulant autour du buste de Léo, formaient un cocon indestructible autour d'eux. De longues minutes, et peut-être même quelques heures, ils profitaient du calme. Papouilles, caresses, et baisers se multipliaient. Ils prenaient le temps d'apprécier la présence de l'autre, paisibles.

SOLEIL DE DÉCEMBRE [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant