SOLEIL DE DÉCEMBRE [PLK]

Chapitre 37

Mathieu rentrait à peine de sa tournée, mais il avait déjà envie de repartir, de changer d'air. Il ne voulait pas juste aller faire un tour dans un parc ou boire un verre dans un café. Il ne voulait pas partir de nuit jusqu’à Deauville pour aller se ruiner au casino avec ses potes après s’être enfumé la tête et s’être enfilé quelques flashs de vodka. Non. Ce qu'il voulait, c'était quitter à nouveau Paris quelques jours, voir d'autres paysages, s'évader, et il n'envisageait pas de faire cela sans Léo. Il n’envisageait plus grand chose sans elle, d’ailleurs, et même s’il avait tout fait pour ne rien laisser paraitre, il avait eu du mal à apprécier sa série de concert sachant la jeune femme seule chez elle. Il adorait passer ses soirées avec elle, sentir son corps nu contre le sien lorsqu’ils se retrouvaient seuls, mais ce n'était pas suffisant. Chaque jour passant, il espérait en vivre plus. Il rêvait de partager avec elle une multitude de choses, il désirait profondément voir son joli sourire s'étirer dans les quatre coins du monde.

Elle avait déjà vécu tant de choses sans lui, parcouru le monde avec un autre homme, il n’avait finalement pas grand chose à lui faire découvrir, mais il voulait qu’elle retrouve le goût des choses à ses côtés. Il avait parfois le sentiment qu'il ne pourrait jamais se sentir rassasier de nouveauté et de découverte, tant qu'elle était à ses côtés. Jamais de sa vie il n’avait ressenti un tel amour, une telle passion. C'était tellement doux, la vie avec cette femme dans les parages. Si pendant des années il s'était contenté de se dire que les femmes étaient dangereuses et qu'il valait mieux les tenir éloignées de son coeur, il commençait à comprendre ce que ça pouvait faire de bien à l'âme. Et il n'avait pas envie d'attendre pour profiter de la vie avec elle.

Leur altercation n’avait pas eu d’incidence sur leur relation, à leur grand soulagement. Après s’être envoyés en l’air durant sa petite visite surprise, ils avaient pris le petit déjeuner avec Milo, qui avait hurlé de joie en découvrant Mathieu devant la cafetière, en short, en se réveillant. Le voir posté dans leur appartement lui avait donné le sentiment qu’ils étaient réunis, enfin, même s’il savait que sa tournée n’était pas terminée et qu’il allait encore s’absenter. Ses craintes de le voir les délaisser s’étaient évaporées, et ils avaient pu profiter ensemble avant qu’il ne reparte pour quelques jours. Ils n’avaient pas reparlé de la perte de contrôle de Mathieu ni de la colère de Léo. Ils estimaient avoir été clairs dans leurs actes, il leur était inutile de déblatérer pendant des lustres sur ce qui n’était, au fond, qu’une engueulade plutôt classique.

Quand la tournée avait enfin pris fin, Mathieu avait regagné ses pénates, et le quotidien avait repris son rythme habituel. Léo travaillait, Milo allait à l’école, et Mathieu bossait toujours sur son album. Jour et nuit, d’ailleurs. La jeune femme était fascinée par son implication, et sidérée de voir combien il pouvait se torturer l’esprit quand il s’agissait de bâtir un tel projet. Elle aimait bien cet aspect de sa personnalité. Elle l’admirait pendant qu’il réfléchissait, le rassurait quand il doutait, essayait de le conseiller et de l’aider.

Il était beau, quand il se torturait l’esprit.

La journée avait été longue et difficile pour tout le monde. Milo était déjà couché depuis une bonne heure, et la fatigue était telle chez les deux jeunes amoureux, qu’ils avaient à peine réussi à migrer de la table au canapé, avant de se vautrer sur l’assise inconfortable, en silence.

- Tu veux pas qu'on parte quelques jours ? Il lâchait subitement. Genre en Espagne ? Il proposait en jouant distraitement avec une mèche de cheveux de Léo.

- Qu’est-ce que tu racontes ? Elle rétorquait dans un baillement bruyant.

- Je sais pas, on regarde les vols et on taille.