Chapitre 10

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Il avait fallu à Léo de longues heures, pour se sentir assez en confiance avec elle-même pour se décider à téléphoner à Mathieu. Elle avait du en amont demander à son amie de lui transmettre son numéro, son ancien portable ayant été abandonné dans une boîte à chaussures, avec tout son répertoire. Aïssa, qui était persuadée que Mathieu allait finir par s'adoucir voire même la laisser retrouver une place dans sa vie, l'avait longuement encouragée, se montrant rassurante quant au fait que si elle abordait rapidement le sujet "Milo", il n'avait aucune raison de lui raccrocher au nez.

Ce n'était pas tant l'appel qui posait problème à Léo, c'était l'incertitude et l'inconnu. Elle n'avait aucun doute, il accepterait de voir Milo, il le lui avait d'ailleurs ordonné avec virulence. En revanche, elle ne parvenait pas à se faire une idée précise de comment ils allaient procéder, ni de ce qui allait en découler par la suite. La perspective de devoir affronter son regard noir et ses paroles blessantes l'angoissait. Elle aimait tellement Mathieu, qu'elle se demandait vraiment comment elle allait pourrait le supporter une nouvelle fois. Elle nourrissait toujours secrètement l'espoir qu'il finisse par laisser de côté sa rancœur et qu'elle puisse retrouver l'homme doux et aimant qu'elle avait connu, mais les chances étaient faibles, elle en était bien consciente. Mathieu n'était pas du genre à pardonner la trahison.

Son téléphone tenu fébrilement entre ses deux mains, elle prenait une grande inspiration avant d'appuyer son pouce sur l'écran et lancer l'appel. Dès la première tonalité, son rythme cardiaque s'accélérait, et ses mains devenaient moites. A la deuxième, elle commençait à s'imaginer renoncer, terrorisée par l'idée qu'il refuse de lui laisser la possibilité de s'exprimer. Mais le jeune homme ne lui laissait ni l'opportunité de raccrocher ni de continuer à se tordre l'esprit, et décrochait avant la troisième.

- Ouais c'est qui ? Répondait Mathieu, toujours agacé d'être appelé par un numéro inconnu. Les journalistes, les fans, les rapaces, et les opportunistes, il connaissait, et il en avait vraiment ras le bol.

- C'est Léo. Bonjour...

Le silence qui lui répondait n'aidait pas à apaiser son angoisse. Au contraire. Durant de longues secondes, aucun des deux ne prenait la parole. Mathieu, qui jusque là était presqu'allongé dans son canapé se redressait subitement, à la fois excité, surpris et perturbé à l'entente de sa voix. Il avait eu la quasi certitude qu'elle ne l'appellerait jamais et qu'elle ne reprendrait jamais contact avec lui. Il l'avait menacée, si elle ne lui permettait pas de retrouver Milo, de venir prendre le petit garçon de force et il l'avait regretté dans la minute. Il s'était demandé quelle mère pourrait confier sereinement son enfant à un type qui communiquait par hurlements et qui ordonnait des choses qu'il n'avait aucunement la légitimité d'ordonner. Sans compter qu'elle était partie par peur qu'on lui arrache son fils, ce qui rendait ses méthodes encore plus stupides et contre-productives. De l'autre côté de la ligne, Léo attendait qu'il dise quelque chose, comme si à sa voix, ou à son ton, elle pouvait déterminer la suite.

- Qu'est-ce que tu veux ? Finissait par demander le jeune homme, sans pourtant faire preuve d'animosité.

- On peut discuter calmement ?

- Je t'écoute. Il soufflait.

- Je voudrais qu'on parle de Milo, elle annonçait d'une voix presque inaudible, la gorge serrée par le stress et l'effet que lui faisait la voix grave du jeune homme.

Sa phrase obligeait Mathieu à fermer les yeux et esquisser un sourire discret. Si elle prenait la peine de l'appeler pour lui parler de Milo, c'était qu'il était possiblement plus près que jamais de pouvoir le serrer contre lui. Léo, et les évènements récents lui donnaient raison, était plutôt du genre à fuir qu'à affronter le conflit. Elle ne lui aurait jamais téléphoné pour lui annoncer qu'elle refusait de lui permettre de passer du temps avec lui, elle aurait opté pour le silence, il en était persuadé. Il laissait un instant à la jeune femme la possibilité de poursuivre, mais réalisant qu'elle attendait une réaction de sa part, il poursuivait.

SOLEIL DE DÉCEMBRE [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant