Chapitre 32

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Deux enfants s'apprêtant à avouer une bêtise. Voilà à quoi ressemblaient Mathieu et Léo à cet instant précis.

La décision avait été prise quelques heures plus tôt, alors qu'ils profitaient d'un moment à l'abri des regards du petit garçon pour s'adonner à leur activité préférée : se perdre dans les bras l'un de l'autre et ne penser qu'à eux. Leur relation commençait à présenter suffisamment de stabilité, les jours passaient et tout s'intensifiait encore. Aucun d'eux ne doutait de l'autre, ce qu'ils expérimentaient n'était que douceur. Même leurs légers désaccords étaient vécus comme de belles choses. Ils parvenaient à échanger, à discuter, à anticiper les besoins et les envies de l'autre. C'était la suite logique des choses, tous deux avaient envie de voir leur relation évoluer dans le bon sens, il fallait l'annoncer.

Ce n'était pas tellement le fait de devoir se cacher qui les dérangeait. Au contraire, ils trouvaient ça particulièrement exaltant et enivrant. Le problème, c'était qu'ils craignaient que Milo les percent à jour, et qu'ils n'aimaient pas l'idée de ne pas maîtriser eux-mêmes le moment où il l'apprendrait. Par souci de ne pas trahir sa confiance, déjà, pour pouvoir y aller en douceur et lui expliquer les choses convenablement, ensuite, ils devaient le tenir informé de leur relation.

Ils étaient sûrs de leur choix, ils devaient lui dire, ils savaient qu'il serait heureux d'apprendre la nouvelle, mais ils étaient malgré tout comme tétanisés. Pour l'un comme pour l'autre, il s'agissait d'un engagement notoire. Après l'annonce, ils devraient agir et réfléchir pour trois, et ils avaient conscience que cela ferait prendre une toute autre dimension à leur idylle.

Il était tôt, ce matin-là. Aucun des deux n'avait vraiment trouvé le sommeil, et pour cette raison exacte, ils avaient décidé de ne pas attendre plus longtemps. La décision avait été prise conjointement, il s'agissait de se lancer. Ils se trouvaient tous les trois dans l'appartement du jeune homme. Mathieu et Léo étaient assis côte à côte dans le canapé, et Milo était littéralement avachi par terre, concentré sur la télé et la match de foot qu'il contrôlait avec sa manette. Les deux adultes se lançaient des regards insistants, communiquant silencieusement, espérant chacun que l'autre fasse le premier pas ou prononce le premier mot

- Aller, vas-y, ordonnait Mathieu en chuchotant, la poussant vers son fils avec sa main.

- Mais arrête, elle rétorquait sur le même ton, en le gratifiant de son plus beau regard noir, n'appréciant que moyennement de se sentir brusquée.

- Bah crache le morceau alors.

- T'as qu'à le faire toi si c'est si facile... Je sais pas par quoi commencer figure toi.

- Pourquoi vous chuchotez ? La voix de Milo s'élevait dans la pièce, faisant sursauter les deux adultes qui relevaient la tête immédiatement.

Milo était loin d'être bête, il sentait que quelque se tramait derrière son dos. Il connaissait sa mère par cœur, évidemment, mais il commençait à très bien cerner le jeune homme également. Ce matin-là, il les avait trouvé embarrassés, et leur manière de se comporter était tout sauf naturelle. Et puis, jamais ils n'avaient eu à se réunir si tôt dans la journée.

- Euh... Met ta partie sur pause, et viens t'asseoir à côté de nous mon chat.

Après avoir dévisagé sa mère, puis son ami, il obéissait, et venait prendre place contre Mathieu. Il repassait rapidement en revue ses derniers jours. Il n'avait pas fait de bêtise, ni à l'école ni à la maison, il n'avait pas eu de mauvaises notes, il en déduisait donc qu'il n'était fautif de rien, et qu'en principe, rien de dramatique n'allait lui tomber dessus. A moins que sa mère ait une mauvaise nouvelle, indépendante de ses actes, à lui annoncer. Dans tous les cas, il était pressé de savoir.

SOLEIL DE DÉCEMBRE [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant