Chapitre 12

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Milo venait de se rendormir, dans son propre lit, cette fois. Elle était rassurée par son état. Il était fatigué mais n'avait plus de fièvre. Le médicament que lui avait administré Mathieu semblait avoir fait son effet, c'était un bon début.

Léo se retrouvait enfin seule, dans le silence de son petit appartement. Elle n'avait même pas pris la peine d'allumer la télévision, elle était en tête à tête avec elle-même, ça lui faisait un bien fou, mais ça n'aidait pas à arrêter ses tergiversations.

Comme souvent lorsqu'elle prenait enfin le temps de s'asseoir sur son canapé défréchi quelques minutes, elle se refaisait le film de sa journée. Une journée lambda jusqu'à l'appel de l'école, et la méchanceté et la dureté dans la voix de Stéphane quand elle lui avait demandé de partir pour récupérer son fils. Elle avait eu le choix entre lui tenir tête et partir quoi qu'il en coûte, ou tenter de trouver une autre solution. Si Mathieu n'avait pas fini par la rappeler, elle aurait été obligée d'envoyer valser son responsable, en prenant le risque de subir encore un peu plus ses remarques désobligeantes. Mais il l'avait rappelée, et elle avait été malgré tout surprise par sa réaction. Il n'avait pas demandé d'explication, il n'avait pas cherché d'excuse pour refuser. Il aurait pu le faire, il ne leur devait rien après tout, mais il ne l'avait pas fait. Bien au contraire. Il avait accepté immédiatement, avant même qu'elle n'ait eu le temps d'exprimer clairement sa requête. Elle ne comprenait pas exactement pourquoi il était si attentionné avec Milo, alors qu'ils ne se connaissaient que depuis quelques semaines, mais elle le sentait sincère avec lui. Elle avait compris au fil des jours qu'il ne se forçait pas, mais elle restait relativement peu à l'aise avec ça. Lui qui était si occupé, si passionné, prenait de son temps pour eux, et même si ça l'aidait beaucoup, il restait une forme de gêne au fond d'elle quand elle y pensait.

Une fois le sujet maladie-école traîté, son cerveau se concentrait exclusivement sur Mathieu. Ce qu'elle avait ressenti, quelques minutes plus tôt en lui faisant face, ne semblait pas vouloir la quitter. Objectivement, elle n'avait pourtant rien vu de plus qu'un torse musclé et son visage habituel. Les villes du monde entier étaient tapissées d'affiches publicitaires avec des hommes torses-nus, à la télé, dans les films, dans les magazines, on ne voyait quasiment que des corps d'Apollon dénudés, par pur souci marketing, pourtant elle se retrouvait émoustillée comme une adolescente à la simple vue de deux pectoraux bronzés. Mais pour sa défense, ce soir-là, c'était comme si elle n'avait jamais vu quelque chose d'aussi beau. C'était viril, et raffiné à la fois. Et puis son regard, elle l'avait trouvé si noir, si intense. Et sa bouche. Et son nez. Et ses mains... Même sa teinture blonde qu'elle avait trouvée si ridicule au premier abord, lui avait semblé être parfaitement portée par le jeune homme.

Il n'en saurait jamais rien, elle s'en faisait la promesse, mais elle, elle savait à quel point elle avait eu du mal à adopter une attitude normale face à lui. C'était à la fois subtile et intense. Une petite sensation de chute libre dans le ventre, un souffle court, une gorge qui s'assèche. Elle ne lui aurait jamais sauté sauvagement dessus, elle ne pouvait pas dire non plus qu'elle était tombée définitivement et irrémédiablement sous son charme, mais ça avait été là, elle n'avait pas pu l'ignorer.

Elle secouait la tête pour se reprendre. Elle n'avait plus quinze ans, elle devait être capable de se contenir et de penser à autre chose. La tête en arrière, posée sur le dossier du canapé, elle soufflait pour essayer d'évacuer ce trop plein d'émotions. Elle souhaitait réellement que ça ne déborde pas, elle n'avait toujours ni le temps, ni l'envie, ni l'énergie. A celà, on pouvait ajouter leurs modes de vies drastiquement opposés et leur différence d'âge. C'était définitivement enterré.

Accepter l'aide d'un inconnu n'avait pas été chose aisée, mais elle avait décidé de lâcher prise. En revanche, si cet inconnu commençait à prendre trop de place dans son esprit, elle allait à la rencontre de vrais problèmes. Elle n'avait pas encore eu de réponse de la part de son potentiel futur employeur, mais Madame Michel avait eu de bons échos, et était vraiment confiante. Milo, bien que malade ce jour-là, semblait aller mieux et être plus jovial depuis que Mathieu avait fait son entrée dans leur quotidien. Le bilan de cette première moitié de mois de Décembre était plutôt bon, il fallait qu'il le reste. Et s'amouracher d'un homme tel que Mathieu n'aurait pour résultat que de réellement tout faire voler en éclats.

SOLEIL DE DÉCEMBRE [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant