Chapitre 23

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Le choix du restaurant, contrairement à ce qu'il avait imaginé, n'avait pas été compliqué à faire. L'établissement du bout de leur rue lui était apparu comme idéal, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il était vraiment à côté de chez eux, quoi qu'il arrive, ils n'avaient pas à traverser la capitale pour rentrer si Milo tombait de fatigue, par exemple, ou s'ils ressentaient le besoin de couper court à la soirée. Ensuite, c'était un restaurant sans prétention, de quartier, et maintenant qu'il savait combien l'argent était un sujet sensible chez Léo, il se disait que l'inviter dans un restaurant hors de prix n'aurait fait que la mettre mal à l'aise. Un endroit simple et convivial était largement préférable dans leur cas. Enfin, ici, il avait la quasi certitude de ne pas être dérangé pour des photos ou des autographes, sachant que dans le coin, il avait déjà croisé l'immense majorité des habitants et que tout s'était toujours très bien passé.

Il abordait la soirée sereinement. Il n'était pas en retard, il s'était minutieusement préparé, il était fier de son allure, avait choisi une tenue pas trop tape-à-l'oeil, toute en sobriété. Il ne voulait pas avoir l'air d'avoir mis le paquet, et de toutes façons, ils allaient manger dans un endroit plus que décontracté, il aurait juste eu l'air d'un idiot s'il s'était mis sur son trente et un. Et puis il savait que ce n'était pas comme ça qu'il allait l'impressionner surtout. Il avait compris que Léo n'était ni superficielle ni cupide, il devait mettre en avant d'autres atouts.

Dans le même immeuble, mais pas au même étage, c'était une toute autre ambiance. Léo avait du mal à canaliser les émotions qui la traversaient. Elle était à la fois impatiente et angoissée, pressée et inquiète. Après avoir aidé Milo à s'habiller pour éviter une trop grande faute de goût, elle tentait de se concentrer sur elle-même, et ce n'était pas une mince affaire.

La tâche était vraiment ardue, en réalité. Son manque de confiance en elle resurgissait violemment. Elle avait envie de bien faire et de donner une belle image d'elle-même, mais elle parvenait difficilement à s'accepter et à se convaincre de ses propres qualités. Sa technique consistait alors à agir de manière ordonnée et calibrée, étape par étape.

Elle avait commencé par le plus simple, sa coiffure. La nature l'avait plutôt gatée de ce côté là, elle avait les cheveux soyeux et facilement domptables.

Restaient les deux pôles les plus difficiles à gérer pour elle : une tenue dans laquelle elle pouvait se sentir séduisante et un petit ravalement de façade pour masquer les traces que la vie avait laissées sur son visage.

Milo, qui comprenait sans mal, malgré son jeune âge, les enjeux de ce dîner, se révélait être d'une aide précieuse. Scrupuleusement, il avait observé l'armoire de sa mère, et s'était porté volontaire pour la conseiller. Les choses n'avaient pas été dites clairement, mais il réalisait aisément que la relation entre Léo et Mathieu était sur le point d'évoluer, et il en était ravi. On pouvait même dire qu'il n'attendait que ça.

- Tu peux mettre ton pull bleu foncé, avec ton jean clair ? Essayait de proposer Milo, se donnant des airs de grand créateur.

- Je l'aime pas ce pull. Il est trop large. Elle le contrait, accompagnant ses mots d'une grimace enfantine.

- Tu peux mettre ton chemisier noir sinon.

- Il me vieillit.

- Ou alors tu mets la robe que tu avais quand tu as passé l'entretien pour la galerie d'art ?

- Certainement pas. C'est ton père qui me la offerte...

- D'accord... il se contentait de souffler en s'asseyant sur son lit, le regard braqué sur l'armoire, presque découragé.

SOLEIL DE DÉCEMBRE [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant