Chapitre 11

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La résolution était nette et précise : Il fallait éviter de se retrouver face à Léo trop souvent dans les prochains jours, c'était trop dangereux. Il y avait effectivement cette idée qui le hantait et le poursuivait depuis des années désormais. Cette idée qui disait que dans sa situation, toute femme qui pouvait avoir de l'influence sur ses choix, représentait un risque potentiel. Alors il essayait de couper l'herbe sous le pied à ces drôles de picotements qu'il avait ressenti le jour où elle avait passé son entretien. C'était trop soudain et trop perturbant, en aucun cas il ne devait laisser s'installer cette tension absurde.

Il avait un peu culpabilisé, certes, mais pendant plusieurs jours, il avait décidé de passer ses après-midi et ses soirées avec ses amis, histoire de ne pas être tenté de dire à Milo de se joindre à lui en attendant qu'elle rentre du travail. Il refusait catégoriquement de se laisser piéger dans ce genre de bourbier. C'était tout simplement impensable. Il avait de son plein gré proposé de lui donner un coup de main avec Milo, il ne voulait pas que les choses dégénèrent. Les femmes, il les aimait bien, mais quand elles étaient synonyme de légèreté et surtout d'aventures sans engagements. Et Léo n'était pas ce genre de femme, il en était convaincu.

Il était à cet instant vautré dans le canapé d'Elyo, un joint fumant dans la main droite, un verre dans la main gauche. Il était là sans être complètement là. C'était censé être insignifiant, mais cette histoire le rendait un peu soucieux, et ça n'échappait pas à ses proches.

- Frère, t'es louche depuis quelques jours... constatait son ami.

- N'importe quoi. Je dors mal, je suis fatigué, c'est tout.

- Sûr ?

- Sûr.

- Pas d'emmerde ?

- Pas d'emmerde. Il se contentait de répondre.

Ce qu'il aimait avec ses proches, c'était leur capacité à ne pas insister quand cela était inutile. S'il n'avait pas envie de parler, ils le comprenaient, et même s'ils gardaient l'œil ouvert, ils respectaient. Et il leur rendait bien. Ils étaient amis depuis suffisamment longtemps pour savoir exactement comment se comporter les uns avec les autres. Et puis il y avait une espèce de pudeur saine entre eux, on n'obligeait personne à parler, c'était la règle. Alors Elyo se contentait d'hausser les épaules, et de changer de sujet.

- Y'a Ormaz qui arrive. Il était chaud pour enregistrer un truc.

- Vas-y hein...

- Lesram aussi il était chaud.

- Moi j'ai grave la flemme de me bouger là.

C'était assez irrationnel quand même, de se laisse submerger à ce point par quelque chose qui n'était pas supposé avoir de valeur. Mais à chaque fois qu'il repensait à sa réaction devant Léo, quand il revoyait son regard pénétrant, quand il avait l'impression de sentir son parfum, le tourbillon reprenait dans son ventre. Le problème principal, c'était que l'attirance n'était pas que physique. Il l'appréciait vraiment. Il aimait son attitude, il aimait quand ils riaient ensemble, il aimait la douceur dans sa voix qui contrastait avec la dureté de son visage lors de leur première rencontre. Il lui semblait qu'il avait encore tant de choses à apprendre d'elle. Mais il lui semblait également que s'il en apprenait encore, il était foutu, persuadé que ça ne ferait qu'amplifier son attirance.

Ses amis ne tardaient pas à débarquer, et l'ambiance se réchauffait un peu avec leur arrivée. Mathieu parvenait enfin à penser à autre chose. Il se concentrait sur ce qu'il savait faire de mieux: le rap. C'était ce qui le faisait vivre, mais c'était avant tout une réelle passion. Le genre de passion qui vous ferait déplacer des montagnes et avancer coûte que coûte.

SOLEIL DE DÉCEMBRE [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant