Chapitre 19

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Léo venait de s'installer sur le siège passager, et de boucler sa ceinture de sécurité, en silence. Tout se bousculait dans sa tête. En réalité, elle avait bien du mal à réaliser ce qui était en train de se passer. Elle s'était préparée à sortir dîner avec un ami qui en attendait certainement beaucoup plus d'elle, elle avait tenté de se convaincre que pour passer à autre chose, que pour oublier Mathieu, ça pouvait être un bon point de départ, et elle avait fait tout son possible pour canaliser son angoisse. Dans son plan, elle sortait, elle passait une bonne soirée, elle se reconcentrait sur sa vie de femme, avant de rentrer chez elle avec un regain de confiance en elle. Elle avait fait un effort sur son apparence, elle avait cherché indirectement à tester son pouvoir de séduction, toujours dans l'idée de poursuivre sa reconstruction et sans jamais envisager le moindre rapprochement avec Arnaud. Ce qu'elle n'avait pas anticipé, parce qu'elle n'aurait jamais pu ne serait-ce que l'imaginer, c'était que Mathieu refasse son apparition, surgissant de nulle part, lui ordonnant d'annuler son rendez-vous. Elle n'aurait jamais pu envisager qu'il se saisisse de son visage, qu'il pose ses grandes mains tatouées sur ses joues pour l'embrasser. Elle n'aurait jamais pu croire qu'il était dans l'optique d'essayer de la retrouver. C'était si abstrait et à la fois si évident. Elle reconnaissait cette odeur qui baignait le véhicule, elle voyait du coin de l'œil se visage qu'elle avait tant admiré, et malgré son cœur qui menaçait de sortir de sa poitrine, elle éprouvait un soulagement extraordinaire. La sensation de retrouver sa place, d'être là où elle devait être, avec la personne qui avait fait chavirer son cœur, lui réchauffait l'âme. Rien n'allait être simple, mais il lui semblait qu'un pas de géant venait d'être fait.

Elle connaissait Mathieu comme sa poche, et même ces longs mois séparés n'y avaient rien changé. Elle interprétait ces actes comme une véritable promesse, comme une preuve incroyable de l'importance qu'elle avait toujours à ses yeux. Elle avait pris suffisamment de recul sur leur relation pour comprendre que s'il lâchait prise de la sorte, c'était qu'il se sentait prêt à lui laisser une véritable chance de reprendre son rôle. Elle avait pu le toucher, elle avait pu le regarder droit dans les yeux sans qu'un des deux ne détourne le regard, et si rien n'était franchement réglé, ça avait été tellement bon, qu'elle s'en satisfaisait.

La voiture venait de démarrer, et elle reconnaissait Arnaud derrière son volant qui manœuvrait pour faire rentrer sa berline dans une place le long du trottoir. Elle réalisait soudain qu'elle était en train de poser un lapin à cet homme, qui avait toujours été plus que correct avec elle, et elle culpabilisait. Elle culpabilisait mais elle n'envisageait pas les choses autrement. Il était impensable de repousser Mathieu, elle ne pouvait pas imaginer une seule seconde préférer un repas gênant à de potentielles retrouvailles. Elle était sûre d'elle, mais ne pouvait s'empêcher de penser à Arnaud, qui croyait naïvement être sur le point de passer une soirée agréable en sa compagnie. Mathieu, lui, ne voyait rien de tout ça, choisissant de ne penser qu'à lui et à ce qu'il était en train de vivre. 

C'est le téléphone de Léo qui se mettait à sonner qui les faisait sortir de leur silence. La jeune femme tenait son téléphone entre ses deux mains, fixant l'écran allumé, sans toutefois pouvoir se résoudre à décrocher.

- Tu réponds pas ? Demandait Mathieu, étonné.

- C'est Arnaud... Elle soufflait, au comble du malaise.

- C'est qui Arnaud ?

- Mon psy... Je lui ai pas dis que j'annulais. Putain je sais pas quoi lui dire...

Mathieu ne prenait même pas la peine de lui répondre, tellement il s'en cognait de ce qu'allait ressentir ce mec en réalisant que Léo le laissait en plan. Elle était avec lui, elle avait accepté de le suivre, et à ses yeux, c'était tout ce qui comptait. Jamais il n'aurait pu ressentir de la compassion pour ce type, tellement il avait ressenti de rage en les imaginant ensemble. Léo était faite pour être avec lui, pas avec ce psy, il devait s'y faire, et ce n'était pas son problème.

SOLEIL DE DÉCEMBRE [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant