SOLEIL DE DÉCEMBRE [PLK]

Chapitre 27

L'idée de Mathieu était véritablement un éclair de génie. Passer du temps privilégié avec Milo était la stratégie parfaite et tout le monde allait y trouver son compte, c'était certain. Le petit garçon n'allait pas être perturbé par le changement de rythme, Léo allait pouvoir consacrer du temps à Aïssa et à ses amis de l'école, et Mathieu était soulagé que le gamin qu'il aimait tant ne le rejette pas. En sommes, tout le monde allait être gagnant, et le jeune homme n'était pas peu fier d'avoir pris cette initiative.

Il avait du trouver une solution pour désamorcer la bombe nucléaire qui avait menacé d'exploser au beau milieu du restaurant Italien. Il comprenait les craintes de Milo, bien plus qu'il ne pouvait l'imaginer, et par conséquent, il savait que des mots ne pouvaient pas être suffisants pour le rassurer. Trop de fois on lui avait fait ce genre de promesses, et trop de fois il s'était senti trahi. "T'inquiète pas Mathieu, tu ne seras jamais au milieu de nos histoires", "Mathieu, cette fois c'est bon, c'est la bonne", "Mathieu, tu dois le considérer comme un frère", "Mathieu, on va déménager, tu verras, ça sera bien". A chaque fois qu'un de ses parents s'était adressé à lui en ces termes, une catastrophe avait suivi. À la fin, seule sa grand-mère avait fini par bénéficier de sa totale confiance. Mamie ne trahissait jamais sa parole, et ne promettait jamais rien si elle n'était pas sûre de pouvoir tenir ses promesses. Et il voulait la prendre pour exemple avec Milo.

Les mots, il le savait, ne pouvaient pas être suffisants. Comme avec Léo quelques semaines auparavant, il voulait faire ses preuves. Milo le méritait, et la seule chose qui pouvait le rassurer, c'était de passer du temps avec lui. Alors dès le lendemain, il l'avait loué, ce quad. La sortie était prévue pour le week-end suivant, et ils avaient tous les deux vraiment hâtes d'y être. En attendant, Mathieu avait une autre préoccupation. La veille, il avait du décliner l'invitation de ses amis pour pouvoir se rendre au restaurant, mais il était déterminé à avancer. La prochaine étape, c'était de permettre à Léo de s'intégrer à nouveau à son groupe de potes, et le texto d'Aïssa qui le prévenait que tout le monde se rejoignait chez elle était tombé à pic.

Sans attendre, il avait prévenu Léo, espérant profondément qu'elle accepte de l'accompagner, malgré son angoisse assumée de ne pas être très bien accueilli. A son grand soulagement, elle n'avait pas trop rechigné, et avait décidé de mettre de côté ses craintes pour elle aussi avoir la sensation de progresser et de franchir un cap.

Elle avait alors prévenu Milo, avec la ferme volonté d'être désormais entièrement transparente avec lui, et avait demandé à Madame Michel si elle était d'accord, une fois de plus, de veiller sur son fils pour la nuit. Une fois l'aspect logistique et organisationnel réglé, elle s'était affairée à se préparer autant physiquement que mentalement pour la soirée qu'elle s'apprêtait à vivre. Le temps passait, et ça se voyait sur son visage. Alors elle avait pris le temps de se mettre en valeur, sans en faire trop, pour booster sa confiance en elle. Ce n'était pas son maquillage qui allait rendre les amis de Mathieu plus accueillants, mais au moins, ça pouvait la mettre dans un état d'esprit plus solide.

******

"De Mathieu :
T'es prête ? Je suis en bas."

"De Léo :
Oui, je descends."

Léo embrassait Milo une dernière fois, et récitait son éternel couplet qui ordonnait à son fils d'être sage, obéissant, et de bien dormir pour être en forme le lendemain. Puis elle amorçait son départ, et descendait les escaliers presqu'en courant pour rejoindre Mathieu. Ils n'avaient plus à ce cacher, elle se jetait alors à son cou pour l'embrasser amoureusement avant d'attacher sa ceinture.

- T'es belle, il murmurait en l'observant du coin de l'œil.

- Merci, elle répondait rougissante.