Chapitre 29

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Les jours passaient à la fois avec une lenteur exaspérante lorsqu’ils devaient attendre pour se voir et avec une vitesse vertigineuse lorsqu’ils étaient ensemble. Leur complicité ne perdait pas en intensité, bien au contraire, et chaque minute de retrouvailles, à l’abri des regards, était ressentie comme une bénédiction. Ils étaient comme des aimants, incapables de lutter contre l’attraction.

Ils attendaient ces instants où ils pouvaient se jeter l’un sur l’autre, quand ils étaient assurés que personne ne pouvait les surprendre, comme une véritable bouffée d’oxygène. Un baiser furtif collés contre le mur du couloir, une main baladeuse sous une table, une furieuse et indomptable envie de se dévorer quand Milo dormait profondément ou qu’il était à l’école, dans le salon de Léo ou la chambre de Mathieu. Comme des adolescents qui devaient vivre leur idylle en secret, ils attendaient sagement que la voie soit libre pour profiter l’un de l’autre, et ça n’avait rien de contraignant. C’était au contraire plutôt excitant, et rendait ces petits moments particulièrement puissants et beaux.

Plus ils étaient amenés à expérimenter des choses ensemble, et plus ils s’enfonçaient. Leurs sentiments l’un envers l’autre se développaient avec fulgurance, et ils savaient tous les deux pertinemment que ce n’était qu’un début. Parfois encore, quand leurs esprits vagabondaient trop loin, ils songeaient à l’après. Quand tout se compliquerait, quand ils souffriraient et qu’ils devraient réapprendre à vivre l’un sans l’autre, comme si c’était une fatalité et qu’ils ne pouvaient rien contre. En revanche, la majorité du temps, ils laissaient s’exprimer la partie de leur cerveau qui leur hurlait que tout allait bien se passer, et qu’ils n’avaient qu’à profiter de l’instant présent.

Alors ils avançaient, doucement mais sûrement.

- Ormaz fait une soirée ce soir, je peux pas ne pas y aller. Il annonçait à Léo avec culpabilité, profitant que Milo soit sous la douche pour la serrer fort dans ses bras. Ca fait plusieurs fois que je me défile, ils commencent à tous rager…

- Eh… Tu as raison d’y aller. Tu aurais même pu y aller les fois d’avant. Je te reprocherai jamais de passer du temps ailleurs qu’ici tu sais ?

- Ouais mais … Enfin, j’aime être là.

- Moi aussi j’aime que tu sois là, elle répondait doucement en lui caressant la joue affectueusement. Mais j’ai pas le droit de prendre toute la place dans ta vie, et t’as pas le droit de délaisser tes amis.

- Tu sais que t’es géniale comme meuf ?

- Ouais je sais, elle pouffait, imitant mal un comportement de femme sûre d’elle. Tu dois y être à quelle heure ?

- Ils commandent des pizzas pour regarder le match.

- Ca marche. Tu devrais te dépêcher, il est déjà presque 20h… Elle le pressait après avoir embrassé le coin de ses lèvres.

Mathieu patientait encore quelques minutes, soucieux de dire au revoir à Milo, et, sans repasser par chez lui, partait en direction de chez son ami.

Dire qu’il était pressé d’arriver aurait été un immense mensonge. Il avait très envie de voir ses amis, il ne fallait pas douter de ce fait basique, mais il savait pertinemment qu’il allait se prendre des remarques à tout va, qu’il allait se faire charier, qu’il allait devoir rendre des comptes, et ça le rendait nerveux par avance. En tapant le code pour activer la gâche électrique de la porte d’entrée, il prenait une grande inspiration pour s’insufler du courage et se mettre en condition. Il aimait ses amis par dessus tout, mais il ne savait pas s’il était prêt à passer un interrogatoire digne de ce nom.

SOLEIL DE DÉCEMBRE [PLK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant