SOLEIL DE DÉCEMBRE [PLK]

Chapitre 28

Même s'ils n'en avaient pas douté une seule seconde, ils étaient tous les deux soulagés de réaliser que l'alchimie n'avait pas disparu en l'espace de ces quelques heures. Ils avaient mutuellement habité les pensées de l'autre pendant toute la matinée, et le début de l'après-midi, et se retrouver enfin en face l'un de l'autre était aussi doux que perturbant. Ils n'avaient pas envisagé, avant de se rencontrer, de vivre une telle relation dans un avenir proche, pourtant il semblait qu'ils n'étaient plus du tout en mesure de renoncer ou d'imaginer les choses différemment.

Mathieu avait à peine eu le temps de cogner ses phalanges contre le bois de la porte d'entrée pour annoncer sa présence, que Léo avait ouvert cette dernière à la volée pour enfin voir apparaitre devant elle ce visage malicieux qu'elle adorait déjà tant. Et elle n'était pas déçue. Elle n'était jamais déçue de toutes façons quand elle le voyait. Il était égal à lui-même, exactement comme elle l'aimait, même si éloigné des critères qu'elle croyait être les siens à peine quelques semaines auparavant.

Leurs yeux, leurs sourires, trahissaient leur joie de se voir, une poignée d'heures seulement après s'être quittés. Un mélange d'excitation et d'un reste de retenue enrobait le couloir et le pas de sa porte, mais l'attraction était trop forte pour rester campés là sans rien faire. Il n'attendait pas très longtemps pour s'engouffrer dans l'appartement, et coller Léo contre son torse. Il sentait ses cheveux lui chatouiller le nez, ses bras entourer sa taille et sa bouche embrasser la naissance de son cou, et ça ne faisait qu'accroître son besoin de l'avoir tout près de lui. Il ne lui manquait objectivement rien dans sa vie. Il était bien entouré, il vivait de sa passion, menait une vie qu'il n'aurait même pas osé espérer mener, mais maintenant qu'il avait fait la connaissance de cette femme, il réalisait combien ce bonus était incroyable. Elle était le dessert dégoulinant de chocolat après un repas copieux. Pas nécessaire sur le papier quand vous arrivez à satiété et que vous avez déjà goûté à des saveurs fantastiques, mais particulièrement jouissif quand même pour compléter le tout.

Qu'avait-il bien pu faire de si bien dans ses vies antérieures pour mériter une telle grâce ?

Il était occupé à y réfléchir, avant que Léo ne lève son visage vers lui, et scelle leurs bouches tendrement, lui faisant oublier ses questionnements. Il ne savait pas ce qu'il avait fait pour mériter ça, il ne le méritait probablement pas, d'ailleurs, mais le destin avait mis cette femme sur sa route, il n'en tenait qu'à lui d'en profiter à fond. Alors il plaquait ses deux larges paumes doucement sur ses joues, leur assurant une proximité optimale et une étreinte plus approfondie. Ils étaient à des années lumières de leur premier baiser, la veille, lorsqu'il avait littéralement fondu sur elle pour enfin mettre fin à des jours entiers de frustration. Il savait qu'elle était là, et pouvait prétendre être à peu près sûr qu'elle serait là encore un bon moment. Inutile donc de se laisser en permanence submerger par des pulsions, ils n'avaient pas besoin de ça.

- Je suis contente de te voir, elle murmurait avant de recommencer à embrasser doucement son cou.

- Moi aussi je suis content de te voir, il répondait en l'obligeant à lui faire face pour pouvoir l'admirer.

Il se délectait du sourire de la jeune femme. Elle avait vraiment l'air heureuse, bien loin de l'image d'elle désespérée et en larme qu'il avait pu voir. Ca lui réchauffait sérieusement le cœur de la voir comme ça, rayonnante et visiblement moins rongée par le poids que représentait son quotidien. Il ne lui voulait que du bien, il voulait encore être témoin de son bonheur, et il se faisait la promesse inconsciente qu'il allait avoir un rôle dans ce processus. Même si ça allait probablement prendre du temps pour qu'elle reprenne durablement du poil de la bête, il serait à ses côtés si elle lui en laissait l'opportunité.