Brankas 1/3

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Le courage des Systagénois anéanti jusqu'au dernier ennemi, mais la victoire fut remportée au prix de si lourdes pertes, que le valeureux Aranéos dû dompter la force de ses ambitions pour consolider ses acquisitions.

Sur le Modèle de la Systagène, il fit construire six cités qui prirent son nom et ceux de ses enfants. Il maria ses quatre filles à ses généraux et les fit reines d'Érodia, de Miléia, de Kantréia et de Palitra. Son fils unique devint roi de Sathos et, afin que ne s'élève jamais entre eux la guerre civile, ces villes ne furent pas dirigées en cités indépendantes, mais assujetties à la dernière d'entre elles qui prit le nom du légendaire Aranéos. En respectueux hommage à l'ennemi, il baptisa son nouveau pays du nom des deux tribus qui avaient su fédérer les leurs : les Othiges et les Thrysterons. Enfin pour honorer ses alliés, il prit pour troisième femme la fille d'un chef de clan et maria également son fils à l'une d'entre elles.

Gaïl le Vénérable, Mémoires du Monde d'Omne



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Après avoir tenté de rester aux alentours de la masure du sage, Izba et Ménéryl battirent en retraite face au soleil implacable qui les accablaient. Ils se dirigèrent vers la face nord de la ville pyramide qui baignait dans l'ombre du colossal édifice. Abrités des chaleur les plus ardentes, ils s'arrêtèrent pour contempler la vue plongeante sur les paysages d'Ur-Naram.

Les terres ocres s'étendaient loin jusqu'à l'océan. Les eaux turquoises, montant jusqu'à l'horizon, semblaient se fondre avec le ciel sans nuages. En contrebas, au-delà des remparts, s'étalait un réseau sophistiqué d'irrigation qui abreuvait des cultures d'orge, de blé, de lin, de sésame et de pois-chiche. Les hommes qui y travaillaient étaient sans aucun doute des esclaves, d'autres, mieux nés, les surveillaient et aboyaient des ordres. Sur leur gauche, survolée par une nuée d'échassiers, la terre desséchée était coupée en deux par une artère bleu entourée de verdure : le Jabar et son activité navale incessante. Il purent apercevoir le port où ils avaient débarqué et les navires y déverser marchandises, voyageurs et esclaves. Aux abords de la végétation, ovins, caprins, suidés et bovins étaient venus paître. Leurs regards remontèrent le fleuve jusqu'à apercevoir, visible même à cette distance, le Dragon de Kirapha qui déployait ses ailes de toute leur prodigieuse envergure. Malgré l'éloignement, il en émanait une aura de puissance toujours intacte. Combien d'envahisseurs avaient dû se raviser en voyant au loin se dresser ce colosse terrifiant ? Les deux compagnons étaient subjugués par la beauté du paysage et la magnificence du génie humain. Il se detachèrent de la réalité qui les entouraient et du flot tumultueux des passant qui ne ralentissaient même pas face à un panorama devenu pour eux négligeable.

— Nous aurions dû rester malgré tout, fini par dire Ménéryl que sa conscience tiraillait. C'est une femme, elle est seule et nous ne connaissons pas ces gens et leur façon de vivre.

Izba poussa un grognement perplexe et, sans détacher son regard de l'horizon, tenta de tempérer les inquiétudes du jeune homme :

— Ne te tracasse pas avec ça, c'est ton impuissance à anticiper qui te travaille. Chunsène connaît mieux que nous cette île et ce monde et je connais bien Chunsène. Par Dacéane ! elle n'est pas du genre à agir sans raisonner.

Le guerrier à la peau bleue eut un petit rictus et continua :

— C'est cocasse mais... est-ce qu'il t'ont raconté cette fois où elle a été réprimander Maul parce qu'Orphith, rentrant d'une soirée qu'il avait organisé, était revenu à pas d'heure avec une pièce coincée au fond du nez ? Bon d'accord tu vas me dire que ça n'est pas la même gravité, mais...

Le Nohyxois en se tournant vers Ménéryl se rendit compte qu'il parlait seul. Son compagnon n'était plus là. Le cherchant du regard, il le retrouva en fascination devant un étale remplit de pêches.

Il poussa un soupir exaspéré et le rejoignit.

— Que fais-tu ? lui demanda-t-il.

— Regarde ça Izba, ce fruit merveilleux ! Il était une friandise que je dégustais avec lenteur tant il était rare sur mon île. Regarde cette profusion, il y en a partout et elles sont énormes, tu y as déjà goûté ?

Médusé, le guerrier à la peau bleue fit signe que non de la tête. Avec de l'argent que Chunsène leur avait laissé, Ménéryl s'empressa d'acheter deux fruits et lui en tendit un.

— Tu va voir, je ne connais rien de meilleur, lui assura-t-il avec une excitation qui ne lui était pas coutumière.

Les deux compagnons reprirent leur errance sans desseins en mangeant leur précieux butin. Les fruits étaient tendres et juteux et Izba loua Maïa pour avoir engendré une telle merveille. Le met merveilleusement sucré adoucit leur humeur et, relativisant une situation qui n'avait pas lieu de dégénérer, les deux jeunes guerriers se détendirent un peu.

— Tu pense qu'on peut monter à l'étage supérieur ? demanda Izba qui cherchait un objectif.

Ménéryl cracha le noyau qu'il avait minutieusement raclé à l'intérieur de sa bouche et fit une moue dubitative.

— Hmmmm... C'est l'étage des militaires je crois... Ça m'étonnerait.

— On a rien à perdre à le tenter, suggéra le nohyxois le regard provocateur.

— Soyons prudents, j'ai l'impression qu'un rien peut devenir outrage dans ce pays. Essayons de nous renseigner avec un simple civil avant de fricoter avec des soldats.

Ils cherchèrent du regard une personne à aborder, mais ils restèrent interdits face au flux hystérique des passant et aux marchands lancés dans des négociations fiévreuses. Ils sentirent soudain que leur comportement nonchalant était complètement décalé au lieu et n'osèrent entraver des personnes qui poursuivaient leurs buts avec une furieuse détermination. Toujours à la recherche d'un badaud salvateur perdu au milieu de la cohue, Izba remarqua un individu immobile dans la foule qui les fixaient. Il était munit d'un arc et d'un carquois en bandoulière et lorsque leurs regards se croisèrent, il se mit à avancer vers eux avec un sang froid imperturbable

Mémoires du Monde d'Omne Tome IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant