Chapitre 14

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« Such a funny thing for me to try to explain

How I'm feeling and my pride is the one to blame

'Cause I know I don't understand

Just how your love can do what no one else can »

Beyoncé, Crazy in love

Traduction (par moi) :

" Une chose trop étrange pour moi pour tenter d'expliquer

Comment je me sens, et mon orgueil est la seule à blâmer 

Parce que je sais que je ne comprends pas

Comment juste ton amour peut faire ce dont personne d'autre n'est capable "

[Pour rappel, il arrive que ma traduction ne se traduise pas au mot pour mot et que je choisisse le message plutôt qu'une traduction au mot près. Mais si vous avez des questions pour tel ou tel mot ou tel choix de ma part, n'hésitez pas ^^]


J'ai fermé les yeux. A la place des ténèbres proposées derrière mes paupières, ce fut un autre monde qui se présenta à moi. Un monde calme et paisible, sans violence, sans brusquerie. Sans amour ni haine, ni peur ni désir. Seulement la paix la plus totale. Peut-être aurais-je dû en être effrayée ? Sans doute. Certains penseraient qu'il valait mieux souffrir que de ne rien ressentir du tout, affronter le monde et ses dangers plutôt que de rester caché sans vivre dans le monde réel. Qu'il fallait se battre pour avoir la paix.

Si stupide.

Pourquoi me battre pour une chose aussi facile d'accès dès que l'on fermait les yeux ? Pour se mettre volontairement en danger lorsque la sécurité était à portée de main ? Lorsque l'on avait vraiment souffert, on ne pouvait qu'apprécier de ne rien ressentir. Ou plutôt ressentir cette chose, comme un sentiment de plénitude. Cette même émotion qui nous enveloppait lorsque l'on décidait de se laisser aller, de ne plus résister. Une totale liberté dans la chute libre.

Alors oui, j'ai fermé les yeux pour ne plus jamais désirer les rouvrir. A quoi bon vouloir se réveiller lorsque la réalité était aussi effroyable et pourrie ?

— Layla...

Un murmure. M'avait-on retrouvé malgré mes efforts pour m'éloigner de tout ?

Mon corps flottait, coulait. Et je ne souhaitais pas remonter, ni retrouver la surface. Ici, tout était plus agréable et tranquille. Un paradis déserté par la chaleur, un paradis sombre et lénifiant.

— Layla, m'appelait-on encore.

Une main sortie de nulle part, me saisissant par le poignet pour m'empêcher de sombrer plus profondément encore. Dembe, encore.

— Reviens.

Il m'avait trouvé auprès de ce mystérieux père aux dons étranges. Et même en fuyant vers ce qu'il y avait de plus profond dans mon esprit, Dembe me retrouvait encore.

— Pourquoi ?

Une simple question de ma part. Il n'y répondit pas, levant sa main pour essuyer une larme isolée sur ma joue.

— Je te retrouverai toujours.

L'instant d'après, la lumière m'aspirait pour me forcer à ouvrir les yeux.

La chambre de Jean, l'ami de mon père. Avais-je dormi longtemps ? Ma tête se tourna vers un homme dont la main ne semblait pas vouloir quitter la mienne. Dembe me regardait, calmement, sans exprimer d'émotion particulière. Comme toujours, il se contentait d'être là, de m'écouter et de me venir en aide lorsque j'en avais besoin.

Les Psychiques - Laisse-moi partirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant