Chapitre 20

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« What was in the glass ?

I'm feeling dizzy, have to lean up on your shoulder

And how long it's gonna last

Because my body seems to get a little colder »

AronChupa & Little Sis Nora, What was in the glass


Traduction (par moi) :

" Qu'y avait-il dans le verre ?

Je me sens étourdie, je dois m'appuyer sur ton épaule

Et combien de temps ça va durer 

Parce que mon corps semble devenir un peu plus froid "



Gaïa était un nom bien connue. Celui d'une femme, ou d'un homme. Un Psychique particulièrement puissant à l'origine de plantes hybrides devenues drogues pour les Psychiques. Le monopole de ce marché se détenait par Demestrius Dal Baccias. Le père de Giulia, la femme ayant été engagée pour traiter le deuil de Layla.

— Dorian a fait appel à quelqu'un pour aider Layla avec la mort de Gauthier, expliquait Dembe.

Il était enfin parvenu à calmer Layla. A la remettre au lit et à la rendormir. Mais elle ne cessait de trembler.

— Il lui faut sa dose. Vous avez fui tous les deux avant que Giulia n'ait eu le temps de la désintoxiquer. Enfin je suppose. Normalement, cette drogue a des effets secondaires plus dévastateurs.

— Layla a perdu le contrôle, lui rappela Dembe.

— Mais quand le feu l'a enveloppé, elle n'a pas été brûlée vive. De nombreux pyrokinésites finissent ainsi.

Non seulement on avait empêché le temps de faire son travail avec le deuil de Layla, mais à présent elle en payait les conséquences.

— Nous devons faire venir Giulia. Arrêter brusquement cette nouvelle addiction va juste la tuer. Gaïa saura l'aider.

— C'est Dorian qui t'a soufflé ces mots ?

Dembe se tournait vers Ryan, le regard noir de fureur. Il l'était rarement, parce que la colère ne servait à rien. Aussi, il glissa ses doigts sur sa croix, répétant quelques versets dans sa tête pour retrouver le contrôle.

— Tu es devenu chrétien, mais ça ne te sauvera pas de ce que tu es, Dembe.

On pouvait dire ce qu'on voulait, mais à Colombe il était rare que des innocents s'y retrouvent. Ni Ryan ni lui ne s'étaient trouvés là-bas par erreur.

— Tu sembles oubliés la voracité dont tu faisais preuve enfant, lui rappela alors Dembe. Dévorer femmes et enfants...

Ryan grogna. Pourtant, c'était bien le cas. Il aurait pu être abattu comme une bête, personne n'aurait rien soupçonné puisqu'en ce temps-là, Ryan gardait rarement forme humaine.

— Mais moi je ne tuais pas pour un groupe promouvant la suprématie psychique et tuant n'importe qui sous prétexte qu'il n'était pas psychique. Qu'il était différent de toi.

Il avait fait des choses dont il n'était pas fier, et ces décisions le hanteraient sans doute pour toujours.

— J'obéissais aux ordres sans savoir ce que je faisais.

Mais cette excuse ne suffisait pas à se racheter. Encore moins à justifier.

— Dembe ?

La voix qu'il entendit lui glaça le sang. Layla s'était réveillée. Qu'avait-elle entendu ?


***


Je ne connaissais pas Dembe.

Ma rencontre avec lui remontait à Colombe, et la personne avec laquelle j'avais fait connaissance était un homme juste, calme et obéissant. Un homme semblant toujours d'accord avec mes décisions et me prenant pour une bonne personne.

Mais ce qu'il venait de décrire à Ryan...

Je secouais de la tête alors qu'il faisait un pas en avant vers moi, la main se tendant.

— Je te défends de m'approcher.

Je me levais, aidée par Ryan.

— Je pensais te connaitre.

Ryan rassembla mes affaires en un seul sac, m'emmenant dehors. Nous laissions Dembe seul dans cette petite maison cosy. Seul avec ses démons et ses crimes non-assumés.

— Dorian saura t'aider, lui assurait Ryan.

Le Psychique Sauvage m'expliquait plusieurs choses sur mon avenir, sur un futur tout droit sortit de l'esprit d'un père autoritaire et étouffant, complètement dégénéré au point de défier la Nature pour faire revenir à la vie sa fille. Moi. Alors que j'étais censée mourir.

Mon entourage et ma vie ne se trouvaient qu'au centre de conflits et de mensonges. Un Enfer dans lequel Dembe avait semblé être mon seul allié. Mon ange en Enfer, ma lumière dans les ténèbres...

— Layla.

Il était sortie. Devais-je me retourner ? Devais-je continuer ma route ?

Mais alors que mon cœur allait prendre une décision, une troisième option apparue sous la forme d'une femme. De deux femmes. Giulia et une personne âgée.

— Je suis venue en voiture, m'expliqua-t-elle timidement. Ton père nous a donné ta position.

— Tu m'as drogué.

— Tout comme toi, j'ai un père intimidant. Mais contrairement à toi, je n'ai eu personne pour m'en protéger. Je n'avais encore jamais désobéi jusqu'à maintenant.

— Pourquoi « jusqu'à maintenant » ?

Elle me montra un morceau de papier. L'adresse de cette maison s'y trouvait.

— Parce que je suis partie sans lui donner l'occasion de connaitre ta cachette.

Elle rangea cette adresse dans sa poche avant de se tourner vers la vieille femme. Cette dernière lui donna un coup de canne pour la pousser à s'avancer vers moi.

— Je... Je tenais à m'excuser. Tu... C'est la première fois que j'ai l'occasion d'avoir une amie, et tout ce temps que nous avons passé ensemble m'ont permis de m'émanciper. Je voudrais t'aider. Je ne t'ai pas suffisamment drogué pour que ce soit irrécupérable, malgré les ordres de mon père. Il te voulait dépendante pour faire chanter Dorian.

Si ce qu'elle disait était la vérité, alors...

— Je sais que me faire confiance est difficile, mais sache que ce qui m'attends pour avoir désobéi à mon père est bien pire que la mort. C'est pourquoi j'ai emporté tout ce que j'avais avec moi. Autrement dit ma grand-mère et ma mère, qui attends dans la voiture.

— Et moi, m'imposais-je alors.

Des étoiles brillèrent dans les yeux de Giulia tandis que dans ses cheveux bourgeonnaient des fleurs. Ses doigts se mirent à verdirent. Je comprenais à présent la signification du surnom de « Gaïa ». sa grand-mère lui donna à nouveau un coup de canne.

— Maîtrise-toi.

— Je suis navrée, montrer la moindre émotion un peu forte me fait perdre un peu le contrôle.

Elle me tendit la main et je m'en saisis, quittant en compagnie de la jolie italienne deux hommes. L'un n'ayant jamais été qu'un ami, ou un protecteur sur le territoire de Colombe, l'autre... Je ne savais plus vraiment quoi penser. Dembe avait-il été un ami ?

Je partais sans même me retourner. C'était le mieux à faire.

Les Psychiques - Laisse-moi partirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant