01 | La lettre.

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Harmony Weaver.

Septembre. États-Unis, Colorado, 12h40.

Ma matinée est enfin finie, je n'en pouvais plus de ce cours à rallonge. Sérieux trois heures d'affilée, sans pause, c'est une torture. Je ne prends même pas la peine de saluer mes camarades et rentre vite chez moi. D'une, si je ne leur dis pas au revoir, ils ne vont pas mourir et de deux, je suis vraiment pressée. Alors je suis excusée pour cette fois.

Moi qui suis connue pour être miss en retard, cette fois-ci, il ne faut surtout pas que je traîne. Le plan s'annonce plutôt simple, je rentre chez moi, pose mon sac, prends mon déjeuner et je file au dojo pour m'entrainer toute l'après-midi. Le problème c'est qu'il suffit d'une toute petite distraction, même la plus infime, pour que je finisse déconcentrée. Et j'arrive donc systématiquement en retard...

J'arrive chez moi, pile à l'heure que j'avais prévu, c'est un exploit, je crois. Tout en chantonnant la musique qui passe dans mes écouteurs, j'insère mes clefs dans la serrure de ma porte d'entrée. Mais très vite, mon attention se porte sur le paillasson. Je baisse les yeux, et découvre qu'une lettre est posée au sol. Une lettre ?

Je suis un peu surprise à vrai dire, je n'attends pas de lettre, mon père non plus, alors qui peut bien en envoyer une ?

Prise d'un élan de curiosité, je la prends et mes yeux sont attirés par l'inscription « service des renseignements secrets ». Oh bordel de merde. Pardon papa, pour ces gros mots. Mes lèvres s'étirent rapidement en un petit sourire, et je tape dans mes mains. En l'espace de cinq petites secondes, mon cœur s'est mis à tambouriner et l'excitation a pris possession de mon corps.

On dirait bien que du travail m'attend, mon entraînement de judo passe automatiquement au second plan dans mon cerveau. Même au troisième plan, je pense. Je cours dans ma chambre et me jette comme un cachalot dans mon lit. J'ai besoin de lire cette lettre de toute urgence.

Recevoir ce genre de lettre, pour un être humain ayant une vie ordinaire, c'est très improbable. Cela n'arrive presque jamais, et en recevoir une à mon âge, je pense que c'est juste impossible. Pourtant, dans mon quotidien, c'est plutôt courant. Alors quel est mon secret ? Je suis une grande criminelle recherchée par le FBI car j'ai tué mon professeur de maths. En même temps, ce connard m'avait mis une mauvaise note.

Non je rigole. C'est tout simplement parce qu'à seulement dix-sept ans, je fais partie des services de renseignements secrets. Je ne travaille pas au FBI à proprement parler mais dans une filière appartenant au FBI. Elle se nomme « bureau fédéral d'enquêtes et d'infiltration junior », mais on dit juste « FBUI » en anglais. C'est la raison pour laquelle je reçois des lettres de leur part.

Donc, ne tuez pas votre professeur de maths, soyez juste recrutés.

La branche où je travaille engage uniquement des personnes mineures. Nous sommes donc tous âgés de vingt et un ans ou moins. Bien que l'état dans lequel nous sommes possède la majorité à dix-huit ans, notre agence fait en fonction des états où la majorité est la plus haute, soit vingt et un ans.

Comme pour les grandes universités, le recrutement est très sélectif et très élitiste. Nous ne pouvons pas postuler comme ça. Pour la plupart, nous sommes des enfants d'espions, ce qui facilite grandement notre recrutement. Mais, certains agents sont recrutés directement dans leurs écoles parce qu'ils possèdent de brillantes capacités intellectuelles ou dans leurs clubs de sports, parce qu'ils se démarquent physiquement. Il n'y a pas vraiment de moyens à part se démarquer. C'est la clef ici pour réussir.

Pour les agents recrutés, la famille proche de la recrue est obligée de déménager sur notre campus, et en contrepartie, elle est payée, officiellement pour les dédommagements et officieusement pour qu'elle ne dise rien à propos de notre branche.

Pris Pour CibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant