Ce qui m'est arrivé m'était impensable il y a quelque temps. Tout était encore trop irréel, illogique. Et pourtant, cette nuit je me réveille en sursaut à cause de cela. Je suis trempée de sueur. J'ai la tête qui tourne. J'ai l'impression d'être toujours là-bas. J'ai peur. Je tremble. Quelqu'un. Aidez-moi. À l'aide. Je ne suis pas en sécurité. Ils veulent me tuer. Ils veulent me tuer juste parce que j'ai survécu à Shiganshina. Juste parce qu'ils ont peur que j'en sache plus que je ne le laisse paraître.
Mais je ne sais rien. Je n'ai pas survécu pour ça, n'est-ce pas ? Pour cette vie là ? Si ? Je suis effrayée. Le désespoir me tiraille. Comment ai-je pu croire que tout irait mieux parce qu'ils m'ont sauvé ? Je ne pourrais jamais oublié ce que j'ai vécu là-bas ! Quand je verrais ma main à l'auriculaire coupée, je me souviendrais de ses mutilations. Quand je ne sentirais plus mes cheveux voler dans mon dos, je me souviendrais de ses humiliations.
Je me lève de mon lit d'infirmerie, j'y étais confortablement installée mais j'ai peur. De quoi ? Je ne sais pas. Si. De lui. Mais je l'ai tué. Peut-être que c'était seulement une hallucination ? Comme lorsque j'avais cru voir Livaï et Hélène dans ma cellule ? Peut-être que je suis toujours là-bas.
Je titube. Je regarde mes pieds mais le sol semble divaguer. Il bouge. Il bouge réellement. Ou c'est moi qui tombe ? Oui, je tombe sur le sol. Je sens le contact violent de mes genoux nus contre le parquet. Je tremble. J'ai peur. Je me mets à vomir. Pourtant, je n'ai rien mangé depuis. Comment le pourrais-je ?
La porte s'ouvre en trombe. Je vois une ombre sur le sol reflétait par la lumière du couloir. Je crie. Je crois.
- Non ! Non ! Ne me faites pas de mal ! Aidez-moi ! Quelqu'un ! S'il-vous-plaît !
Je supplie. Je supplie que l'on vienne m'aider. Je supplie que l'on m'achève. Je pleure. Je sens les larmes couler sur mes joues et venir mourir à la comissure de mes lèvres.
Des mains se posent sur mes épaules et je tremble encore plus. J'essaye de me reculer mais je n'ai pas de force. J'ai peur.
- Ce n'est rien ! Regarde-moi ! Regarde-moi !
Les mots que l'on prononce à mon égard n'ont aucun effet sur moi. Je ferme les yeux obstinément. Peut-être qu'il disparaîtra. Peut-être que mon monstre de tortionnaire s'en ira.
- Kayla ! Tu ne crains plus rien ! Je suis là ! Je suis là !
Ce sont les sanglots dans la voix que j'entends qui me rassurent : mon geôlier ne pleurait jamais, non. Il s'amusait avec moi plus tôt.
- Je suis là, me répète-t-on, je suis là !
J'ouvre les yeux et je vois le visage d'Hélène en face de moi. Je reconnais ses yeux émeraudes, ses cheveux bruns et ses joues pâles maintenant mouillées de larmes chaudes.
- Je suis désolée, me dit-elle, tellement désolée...
Il me faut quelques secondes avant de reprendre contenance et de stopper mes tremblements. Hélène est là, voilà ce que je me répète pour ne pas sombrer. Je me détache de ma sœur et me relève avec toute la dignité dont je suis capable : je déteste être vue dans ce genre de position de faiblesse.
Il y a un miroir face à moi sur le mur et je peux voir mon corps maintenant si maigre que ça en est effrayant. Mon visage est creusé et émmacié. Je soulève ma chemise de nuit immaculé et je découvre mon ventre et le haut de mes cuisses boursouflées et rouges aux endroits où j'ai été torturée. Hélène pousse un petit cri aigu en voyant cela.
- Ce n'est pas censé être joli, un corps ? soupirais-je après un moment en voyant l'état du mien.
- Tous les corps sont beaux je trouve, me répond Hélène après un instant de réflexion.
- Ouais, dis-je, dommage qu'on ne puisse pas en dire autant des âmes.
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Cross My Heart - Livaï x OC/READER.
Fiksi Penggemar"Je suppose que vous connaissez à peu près tous l'histoire de la chute du mur Maria en 845 ? Mais ce que les témoignages et les livres d'histoire ont oublié de vous dire c'est que des survivants ont continué à vivre là-bas, avec les titans, en leur...