A blinding encounter

Prologue

Je tordais mes doigts nerveusement, assise sur le canapé, entre mes parents. Mon père rongeait son frein pour ne pas exprimer son agacement à haute voix, tandis que ma mère peinait à retenir ses larmes et son angoisse. Quant à moi, j'attendais en tentant de réprimer la peur qui me dévorait, en regardant dans toutes les directions avec la sensation de redécouvrir mon salon. Chaque recoin, chaque objet, chaque plante, comme si tout étaient, pour moi, nouveaux. Je prenais le temps de compter les livres poser dans la bibliothèque qui entourait l'écran plasma accroché au mur. Les heures, les minutes, les secondes devenaient une éternité. J'avais l'impression d'avoir été aspirer dans un monde où le temps s'égrenait lentement. Je n'en pouvais plus de cette attente. La situation était trop insupportable pour qu'elle ne dure plus longtemps. J'avais besoin que tout se finisse, que tout s'arrange et que je puisse reprendre ma vie où elle s'était arrêtée.

A mon jeune âge, je devrais me retrouver devant plusieurs dossiers universitaires. Je devrais être en train de m'exalter des possibilités qui s'offriraient à moi. Au lieu de cela, je me retrouvais coincé dans mon salon à espérer que les trois hommes, face à nous, arrivent à capter l'endroit où cet homme se trouvait.

Deux des trois policiers trifouillaient leur appareil. Je me questionnais sur l'utilité de leur manœuvre afin de tromper le temps. Ils se parlaient à voix basse, si bien que je ne comprenais rien à leur dire. Le troisième se passait une main dans les cheveux. Il semblait fatigué, si bien que je me pris à culpabiliser de les avoir embêtés avec toute cette histoire.

Je l'étais moi aussi, fatiguée, je dirais même épuiser. Voilà des mois que cet Alexander me harcelait jour et nuit. Il me téléphonait et m'envoyait des messages de façon incessante. Je ne savais pas, précisément, d'où il sortait mais un jour de mars, j'avais reçu le premier message. Il souhaitait me rencontrer. Il voulait commencer une relation avec moi. Il affirmait être fou amoureux de moi, être persuadé que j'étais la femme de sa vie. Je n'avais, à l'époque, que dix-sept ans. Le temps avait passé et ses messages devenaient de plus en plus explicites et effrayants. Il me harcelait d'appels, ne se souciant pas du lieu où je me trouvais. Je n'en dormais plus. J'avais l'impression d'être suivi en permanence. J'avais peur. J'étais très au fait des fous qui s'en prenaient aux enfants. Mes parents avaient joué leur rôle de parent en faisant de la prévention sur ce sujet. Je savais donc de quoi était capable ce genre de personnage. Cela ne m'avait pas empêché de leur cacher la situation, malgré tout. Je ne voulais pas les inquiéter, au début. Je ne prenais pas ces interférences au sérieux. Ce n'est que lorsqu'il m'a fait comprendre qu'il me suivait bel et bien que j'ai commencé à devenir plus craintive de la situation. Ce jour-là, il m'avait appelé, je n'avais pas fait attention à la personne qui s'affichait sur mon téléphone et j'ai répondu directement. Lorsqu'une voix grave et sourde m'avait salué, je m'étais figé, au milieu du couloir de mon lycée.

- Bonjour mon ange !

L'homme n'était pas un adolescent. Ce fut le premier constat que j'avais fait. Il avait la voix trop profonde. Une voix qui vous marquait. Il avait tenté de mettre de la douceur dans celle-ci mais ce fut rater. Tétaniser, je regardais les autres élèves qui allaient et venaient dans le hall sans faire attention à moi. Je ne savais pas ce que je recherchais, de l'aide peut-être, ou alors, une présence anormale. Son souffle parvint à mes oreilles, m'envoyant des frissons de terreur dans la nuque.

- Je suis content que tu m'es répondu, mon amour.

J'avais la sensation de le sentir tout près de moi, pourtant je ne voyais personne de suspect. Je ne savais comment réagir.

- Tu es magnifique dans cette petite robe rouge. Je dois dire que j'apprécie ce décolleter, mon ange, mais je préfèrerais que tu ne t'exposes ainsi qu'en ma présence la prochaine fois, gronda-t-il doucement.