A blinding encounter

Chapitre 5 : Mase

Les genoux au sol, je donnais toute mon énergie à faire repartir le cœur de cette femme qui, d'après son mari, avait attenté à sa vie en avalant de fortes doses de médicaments. Ce genre d'intervention était les plus tristes de notre quotidien. Nous faisions souvent face à la détresse humaine dans notre métier. Cette femme avait perdu son enfant six mois plus tôt dans un accident de voiture. Elle ne parvenait pas à accepter la mort de celui-ci, ce qui était tout à fait compréhensible. Dans son geste, elle avait souhaité le retrouver. Son mari avait pris l'habitude de l'appeler fréquemment lorsqu'il était au travail pour se rassurer. Lorsqu'elle n'avait pas répondu, une heure plus tôt, il était parti de son travail pour s'élancer chez lui. Il avait retrouvé sa femme, inerte, sur leur canapé. Il nous avait appelé complètement paniquer. Cela faisait cinq minutes que je m'efforçais de la ramener parmi nous en pratiquant un massage cardiaque, en attendant l'ambulance. Je refusais de la perdre. Il fallait qu'elle vive. La mort d'un enfant était terrible mais elle pouvait se faire aider et retrouver une certaine vitalité pour vivre.

Un fracas fit tourner la tête de plusieurs de mes collègues. Le médecin et les infirmiers venaient d'arrivées. Ils s'installèrent autour de la femme inconsciente que j'avais installée au sol et prirent la relève. Je m'écartais précipitamment et un infirmier prit ma place pendant que le médecin installa ses machines. Mes yeux ne quittèrent pas la malheureuse. Son rythme cardiaque était faible mais bien présent. Cela donnait de l'espoir à tous, dans la pièce. Je tournais la tête en direction de la pièce à côté. Le mari était assis sur une chaise, les mains plonger dans les cheveux, en pleurs. Conroy et Dario étaient en train de le réconforter alors que la police concluait à la tentative de suicide. Le petit appartement était envahi d'hommes et de femmes en uniforme. Mon regard revint sur la femme. Le médecin l'avait intubé. Elle semblait assez stable pour la transporter à l'hôpital. Un jeune infirmier passa devant moi pour rejoindre le mari.

- Nous allons l'emmener, monsieur. Etes-vous capable de nous suivre en voiture, ou voulez-vous monter avec nous ?

- Je ne veux pas la quitter, déclara l'homme entre deux sanglots.

L'infirmier hocha la tête et l'enjoignait de les suivre. Tout le monde sortit de l'appartement. La femme fut installée, au plus vite, dans l'ambulance. Son état était stable mais demeurait critique. Le mari en pleurs, s'installa près d'elle et lui murmuraient des mots dans l'oreille en prenant sa main dans la sienne. Cette image était terrible. La souffrance humaine était terrible. Les portes de la camionnette se refermèrent sur eux. Mes collègues prirent la direction de notre camion d'intervention, prêt à rentrer à la caserne. Je les rejoignis lorsque l'ambulance démarra.

Nous nous dirigions tous, une fois arrivée, vers la salle de repos. Tout le monde s'affala dans le coin salon en soupirant. Le silence envahit la pièce.

- Quelqu'un ressent le besoin d'en parler ? demandais-je en me redressant.

Chacun se regardait. Ils en avaient des choses à dire mais cela était peut-être un peu trop frais pour le moment.

- Si l'un de vous ressent le besoin de parler. Vous savez où me trouver... en attendant, détendez-vous. L'équipe deux se chargera de la prochaine intervention.

- Merci, mon pote, dit Dario en se levant.

Il fut suivi par les cinq autres hommes qui faisait partie de mon équipe du jour. Ce ne fut que deux heures plus tard, que j'eus des nouvelles, par un des urgentistes sur place. La femme était stabilisée. Elle allait être transférée dans le service psychiatrique dès que son état le permettrait. J'en informais mon équipe, immédiatement, qui retrouva un peu de leur bonne humeur. Aucun d'eux n'était venu me trouver pour parler de ce qui s'était passé.