Chapitre 10 : Channy

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Il était dix heures trente du matin et j'avais envoyé Brett m'acheter des médicaments, prétextant que les coups de soleil qui s'étaient formés sur mes épaules la veille, étaient devenus très douloureux. Ce n'était pas vraiment un mensonge. C'était réellement douloureux mais j'en avais rajouté afin qu'il quitte la maison. Il fallait qu'il ne soit pas présent lorsque mon taxi sera arrivé.

Je ne voulais avoir aucun contrôle sur la vie amoureuse de mon ami mais je voulais son bonheur et si cette femme était seule qui lui fallait, pourquoi ne pas essayer d'y voir plus clair sur la situation ?

Mon taxi me sonna quinze minutes plus tard. C'était ma première sortie, seule, depuis deux ans. Je devais avouer que cela me mettait mal à l'aise. Je n'avais pas encore acquis certaines compétences pour me déplacer dans la ville toute seule et c'était angoissant, aussi, lors de mon appel, j'avais averti de ma situation au chauffeur afin qu'il vienne me récupérer à la porte d'entrée. Je ne me sentais pas encore capable de me débrouiller dans cette jungle urbaine. Aussi, lorsque j'ouvris la porte, je pus percevoir la présence d'un corps étranger. Une main s'empara de la mienne.

- Bonjour, mademoiselle. Je suis le chauffeur, me rassurait-il immédiatement lorsque je sursauter à son contact.

Me sentant stupide par ma réaction disproportionner, je lui adressais un sourire d'excuse.

- Je vais vous conduire à la voiture, expliqua-t-il patiemment d'une voix douce.

- Je vous remercie, monsieur, parlais-je enfin.

- Il n'y a pas de quoi.

Il ouvrit la portière du véhicule et me poussa doucement à l'intérieur en prenant soin à ce que je ne me cogne pas au toit de celle-ci. Il était très prévenant et cela me rassura instantanément. J'avais beaucoup de mal à faire confiance aux hommes mais celui-ci me semblait si doux que ma méfiance s'envola. Je priais pour ne pas me tromper sur la personne. Il claqua sa portière derrière lui alors que je m'attachais.

- Vous voulez vous rendre à l'hôpital. C'est bien ça ?

- Oui, s'il vous plaît.

- C'est parti, s''exclama-t-il.

Le silence s'installa mais ne fut, en aucun cas gênant, il était même confortable. J'eus le temps de penser à mes actions et à leur impact. Me mêlais-je de ce qui ne me regardais pas ? Oui. Allais-je aller jusqu'au bout quand même ? Carrément. Brett s'occupait de moi depuis deux ans. Il était toujours pris par le travail ou par moi. Il n'avait aucun instant à lui. Jusqu'à présent, je n'avais pas cherché plus loin que cela car, égoïstement, c'était confortable pour moi. Je me reposais énormément sur lui mais il était temps que j'apprenne à me resservir de mes ailes et prenne mon envol pour nous libérer, lui et moi. Je ne pouvais pas vivre dans la peur et l'angoisse tout le reste de ma vie et nous priver des belles choses dont ce monde disposer, comme l'amour. Il méritait tant d'être aimé à sa juste valeur. Il suffisait de me morfondre et de laisser la peur me diriger. Elle était trop destructrice pour que je ne la combatte pas. Pour cela, il fallait que je m'émancipe de l'aide que l'on m'apportait pour tout et n'importe quoi. Je n'étais plus dans cette ville où ma tragédie personnelle s'était passée. Ici, je me sentais plus libre. Si libre que l'envie de rester faisait son chemin en moi. Brett avait eu raison. J'avais eu besoin de partir pour enlever la crasse de terreur qui obstruait mes capacités de résiliences. Mon passé était inscrit dans mes veines mais mon avenir était encore à écrire. Il pourrait s'avérer bien plus beau. Il pourrait être tout aussi désastreux. Quoi qu'il en soit, c'était la vie et il y avait toujours des moments de bonheur pour contrer les instants pénibles. Je devais me sortir de ce sommeil sans fin. Je voulais de la perspective. Deux jours que nous étions arrivés à Dallas et je n'avais eu aucune rechute de moral. Cela était très parlant. Cette ville me faisait du bien. La preuve en était à cet instant. Je parcourais la ville sans la présence rassurante de mon ami. La peur m'habitait mais je mettais cela sur le compte de la nouveauté. Ce n'était pas évident de sortir dans une ville aussi vivante en n'y voyant rien. Un passage piéton pouvait être dangereux. Il fallait que j'apprenne mais je m'y sentais, enfin, prête.

A blinding encounterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant